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LA COMMUNE DE MBOUR DANS L’OPPOSITION, LES PARAMÈTRES DE LA DÉFAITE DE BBY

Les tendances les plus lourdes du scrutin législatif de dimanche dernier dessinent une victoire de la coalition Benno Bokk Yaakar (BBY) dans le département de Mbour. La liste de la mouvance présidentielle serait victorieuse dans dix (10) des seize (16) communes. Me El – Omar Youm et compagnie auraient raflé la mise devant Yewwi Askan Wi à Fissel, Joal-Fadiouth, Malicounda, Ndiaganiao, Ngaparou, Nguéniène, Poponguine – Ndayane, Sandiara, Sessène, Thiadiaye. Les partisans de Dr Mamadou Lamine Diaïté, eux, se sont imposés à Diass, Mbour, Saly, Sindia, Somone, Nguékokh. Ces défaites de la majorité présidentielle dans ces dernières communes sont si surprenantes que les observateurs pointent du doigt des rivalités internes pour les expliquer. Ce même si quelques problèmes de gouvernance apparaissent comme la source de conflits avec les administrés, qui ont décidé de sanctionner des décisions qu’ils ont jugées impopulaires.

Selon la compilation des procès-verbaux des 705 bureaux de vote du département faite par l’état-major de Benno Bokk Yaakaar, la mouvance présidentielle aurait obtenu 69.424 voix, soit 48,19 % et Yewwi 65.657 voix, soit 42,8 %, une différence de 3.767 voix. Le président du comité électoral, Saliou Samb, entouré de ses lieutenants, a tenu un point de presse tard dans la nuit (23 H 45 mn) le dimanche pour annoncer à la presse la « victoire » de la majorité présidentielle. « C’est avec un très grand plaisir et un réconfort que je vous annonce que le département de Mbour reste dans le giron et l’escarcelle de BBY. En effet, nous nous trouvons présentement au quartier général du comité électoral départemental de BBY. Nous avons reçu tous les PV des 16 communes du département et après exploitation de ces PV, nous avons obtenu, nous BBY, ce qui donne une victoire à la coalition BBY dans les 10 communes sur les 16. Nous avons perdu les communes de Mbour, Saly, Nguékokh, Somone, Diass et Sindia » a déclaré le président du Conseil départemental. A l’arrivée, la victoire de la liste beige – marron est beaucoup plus nette. La commission départementale de recensement des votes qui vient de publier à l’instant où nous écrivons ces lignes les résultats provisoires, attribue à Benno Bokk Yaakaar 68.413 voix contre 63.796 à Yewwi Askan, soit un écart de 4.617 voix. BBY engrange donc 850 voix de plus que précédemment annoncé.

Déroute des partisans de Cheikh Issa Sall

Cette victoire annoncée de Benno Bokk Yaakaar cache mal la déroute des partisans de Cheikh Issa Sall dans la commune de Mbour. La capitale de la Petite côte dirigée par le président du mouvement AM/DEM (Agir avec Macky pour le Développement de Mbour) est tombée dans l’escarcelle de l’opposition sans aucune autre forme de procès. La liste beige-marron y est devancée par celle de Yewwi Askan Wi de 3831 voix, soit 18. 816 voix contre 22.647 à leurs concurrents. C’est la première fois en effet dans l’histoire politique de la commune qu’une liste d’un parti au pouvoir est défaite lors d’un scrutin législatif. « Pas important », diront les concernés car l’essentiel c’est la victoire à l’échelle départementale. Mais, cette défaite dans la commune est très symbolique. Elle l’est surtout pour le maire Cheikh Issa Sall qui aspire au leadership dans sa formation politique et partant au sein de la mouvance présidentielle dans le département.

Des frustrations internes pointées du doigt

Mais qu’est ce qui donc aurait perdu les partisans du président Macky Sall dans la commune lors de ces élections ? Pour la plupart des Mbourois que nous avons interrogés, il faut d’abord pointer des querelles internes au sein de la coalition où l’investiture de la députée sortante Yacine Ndao sur la liste départementale a fait grincer les dents à bon nombre de ses camarades du Parti Socialiste qui n’ont pas apprécié sa trahison lors des dernières locales. Investie alors sur la liste majoritaire du Parti Socialiste dirigée par le maire sortant El –Hadj Fallou Sylla, la concernée avait fait faux bond à sa famille socialiste pour rejoindre la liste concurrente de Cheikh Issa Sall de l’Apr bénie par le Président Macky Sall. Une frange des jeunesses socialistes de la commune ne s’est même pas privée d’initier une campagne de dénigrement contre leur « maman ».

Le slogan « tout sauf Macky ». Cette même raison qui a poussé les jeunes socialistes à se rebeller a été valable chez bon nombre militants du mouvement AM/DEM de Cheikh Issa Sall qui n’ont pas digéré du tout l’investiture du leader du parti Lou Jot Yomb à la deuxième place de la liste départementale alors qu’Omar Sy était un des adversaires du maire lors des dernières locales. Frustrés, ils n’ont pratiquement pas battu campagne. Il faut ajouter à cette raison évidente, la question foncière qui continue encore d’alimenter beaucoup de polémique. Le programme de régularisation foncière initié au quartier Falokh a été un moment source d’une vive tension. Certains occupants des lieux sont très remontés contre la décision prise par l’autorité municipale de suspendre la délivrance des actes administratifs le temps d’y voir plus clair dans ce lotissement initié par l’équipe sortante. Ils sont allés jusqu’à suspecter l’équipe du maire de faire de la spéculation sur le site au profit des militants de Cheikh Issa Sall.

Coté infrastructures, la souffrance des chauffeurs de taxis empruntant l’axe croisement hôpital Thierno Mansour –Barro, intersection de la Route nationale 1 à hauteur du stade Caroline Faye, n’ont cessé de crier leur détresse face à l’état chaotique de ce tronçon routier long de 1, 6 km qui a tardé à être réhabilité dans le cadre de Promovilles. Ce n’est que jeudi dernier, à quelques jours du scrutin, que le maire a procédé au lancement des travaux.

Dans certains quartiers comme Zone Sonatel, les populations ont toujours le sentiment de n’être pas des citoyens à part entière de la commune car il n’y passe aucun camion de ramassage des ordures. Pire, elles ne disposent pas d’eau potable faute de branchements sur le réseau de la SEN’EAU.

Élu maire avec un score de 38 % seulement devant 9 autres adversaires, Cheikh Issa Sall, qui pensait pouvoir résister face à l’opposition grâce à son propre mouvement AM/DEM implanté dans les 42 quartiers de la ville, n’a pas su résister face à la déferlante de Yewwi Askan Wi qui s’est emparée de treize (13) des dix – neuf (19) centres de vote de la commune.

Diass, Mbour, Nguékokh, Saly, Sindia, Somone : des défaites, plusieurs causes

Toutefois, il n’y a pas que Cheikh Issa Sall qui a perdu chez lui au niveau des responsables de la mouvance présidentielle. L’histoire retiendra aussi que c’est la première fois que le maire de Saly est défait.

Perçu comme un baobab à Saly Portudal où il est maire depuis 2009, l’ancien président du défunt conseil rural de Malicounda a toujours gagné dans son fief. Cette fois-ci, Idrissa Mbengue et les siens, après le revers subi aux locales de janvier dernier, ont réussi à infliger à Ousmane Guèye une défaite mémorable, une manière de lui signifier que la capitale du tourisme balnéaire en Afrique de l’Ouest n’est pas une cité imprenable. Même scénarios aussi à Nguékokh, Sindia, la Somone et Diass. Si à Nguékokh, Ahmed Diallo, principal challenger du maire Pape Songo Diouf lors des dernières locales sous la bannière de Geum Sa Bopp est venu renforcer la coalition Yewwi Askan Wi, à Sindia les déboires judiciaires de Thierno Diagne, empêtré dans des scandales sur le foncier, peuvent expliquer largement la décision des électeurs de sanctionner un maire « pas très clean ».

A la Somone, le « vétéran » socialiste Salif Diouf, qui avait surpris l’apériste Bocar Sadji aux dernières locales, n’a pas eu le temps de remobiliser les troupes de Benno Bokk Yaakaar qui ont dû s’effriter avec l’arrivée d’un leader jusqu’ici presque en retrait de la scène politique bien que très en vue dans le domaine du développement local.

A Diass, par contre, Mamadou Ndione, lui aussi fraichement élu maire, s’est heurté à l’hostilité d’une bonne partie de la frange jeune de ses administrés qui n’a pas cautionné elle aussi le gel des opérations production d’actes administratifs sur leurs domaines champêtres, les empêchant ainsi d’entamer des projets de construction. A l’issue de ce scrutin, six maires de la coalition Benno Bokk Yaakaar n’ont pas su mener à bien leurs troupes dans leurs différentes communes. La défaite essuyée face à la déferlante de Yewwi Askan Wi, pour qui connaît leur leader, le président Macky Sall, ne pourrait pas ne pas être sanctionnée au plan politique.

Premier test d’après échec, l’accueil ce jeudi 4 août à Malicounda du chef de l’Etat qui vient procéder à la pose de la première pierre de l’agropole de l’ouest mis en œuvre par l’intercommunale MalicoundaNguéniène –Sandiara pour un investissement attendu de 54 milliards de FCFA.

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