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LUMIERES SUR LE SENTIMENT ANTIFRANÇAIS

Y-a-t-il un ‘sentiment antifrançais’ en Afrique ? Ou bien, est-ce l’éveil d’une conscience africaine planétaire qui appelle au bon sens devant l’Histoire ? « Lève-toi dit-elle, Afrique ! Réfléchi. Quelle est ta misère ? Comment rétablir chez toi la justice et le droit ? » De l’autre côté, on entend dire : « Le Temps de l’Afrique viendra ». « Mais non, dit La Conscience : Il est là ! Qui a des yeux, peut le voir : il n’y a ni ombre ni ‘malédiction’. La monnaie, les matières premières, la banque, le marché… ne sont pas à venir. Ils font l’Afrique. Notre génération veut en rendre compte. Maintenant. L’Afrique s’est désenchantée ! » Vous l’avez peut-être aussi appris : une nouvelle ère s’ouvre ; une quête réelle d’autonomie. Des gens s’interrogent, partout en Afrique : « Comment stopper la banalité du crime, les sodomies autour des matières premières et ces orgies républicaines bizarres ? » Mais je me demande : qui parle ? À qui s’adresse-t-il ? « L’interlocutrice n’est ni la France, ni la Russie, me dit-on. L’Afrique converse avec elle-même. Des faits sont là : de Yaoundé à Abidjan, de Bamako à Kinshasa, de Dakar au Caire… des crimes attendent une réparation. La scène, c’est l’Afrique ! » Certes, mais que vient faire la France dedans ? « Posons-lui la question, me réponds-t-on. Comment se retrouve-t-elle là, comme par hasard, à ces heures indues, sur chaque scène de crime ? Qu’elle prouve son innocence, et on la laissera tranquille ! » Il semble que la France refuse de témoigner. Elle garde silence. C’est son droit.

Néanmoins, une révolution est en marche, dit-on. L’Afrique se regarde en face. Elle brise la glace. Auto-procès peut-être. Je pose la question : s’agit-il de vraies critiques ou simplement d’émotions ? Car tout cela a déjà été entendu et vu. Ce qui nous manque, ce sont des actions. Des vraies. Celles des Architectes : qui connaissent le terrain, maitrisent la composition du sol, l’alchimie des pierres, la vitesse du vent, la densité de la pluie… qui savent mesurer, compter… qui savent voir et apprécier la vie, le travail et l’intelligence, au-delà des guerres identitaires. Car, démolir une hutte en sable, et bâtir un château de cartes, n’est-ce pas perdre son temps ? Dites-moi, où sont donc ces architectes de l’Afrique ? « Ils sont là ; me réponds-t-on. Ces gens influencent le présent et l’avenir de nos enfants. » Soit ! Mais l’influence seule suffit-elle ? Ne faut-il pas d’autres moyens ? D’abord les choses simples : le travail assidu et honnête, le respect mutuel, la sagesse et la lucidité au quotidien… Bref, partir de soi-même. Puis, monter. De bas en haut. J’appelle cela l’architecture villageoise ou la politique vue par ma grand-mère. Doit-on continuer à invoquer l’Histoire, à incriminer les ‘sorciers’ ou les ‘dieux’, alors que ce B-A-BA de nos savoirs ancestraux nous échappe ? Ce qu’il nous faut c’est l’action. Certes. Mais qu’est-ce que l’action ?

Une nouvelle conscience s’ouvre en Afrique, peut-être. Elle abhorre la honte et le mensonge. Elle accuse et s’accuse. Dans cette auto-censure, elle quête ses repères et ses bouc-émissaires. Elle s’agrippe sur ses luminaires d’hier – l’Angleterre, la France… – et explore d’autres planètes – la Chine, la Russie… –. Tout ça, elle le fait en même temps. C’est son droit. Mais qu’a-t-elle fait de ses Architectes ? Au lieu de graviter frénétiquement autour de ses concubines extérieures, ou de singer bougrement ses nouveaux ‘prophètes’, saura-t-elle réinventer chez elle une poétique du travail et de la reconnaissance mutuelle qui respecte chaque vie et chaque intelligence, par-delà les clivages religieux, linguistiques, nationaux et ethniques ? Car, quand on parle d’architecture ou de révolution, c’est peut-être d’abord de cela qu’il s’agit : des choses simples. À bon entendeur…

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