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Dégâts sur la mouche des fruits sur la mangue sénégalaise: la destination européenne fortement affectée

Le marché européen constitue l’un des principaux débouchés pour la filière mangue au Sénégal. Cette destination est piquée, cette année, par l’apparition de la mouche fruitière qui a freiné la campagne et fait chuter les exportations de 12 000 tonnes. Ainsi, la Direction de la protection des végétaux (Dpv) et ses partenaires s’activent autour de la sensibilisation pour minimiser les dégâts.

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Après une fine pluie bien matinale, le ciel est nuageux ce vendredi 19 août. Le climat est clément. Rien de plus beau que de passer du bon temps au milieu d’un verger où les arbres rivalisent de productivité. Sous les manguiers, dans un champ de plus de 3 hectares à Sangalkam, un groupe de jeunes hommes profitent d’un instant de thé. Ils commentent, discutent, chahutent mais veillent également sur les fruits languissants. Ils sont encore verts pour la plupart. Pour d’autres, le virement au rouge rappelle qu’ils sont proches de la maturation. De l’autre côté, dans un bâtiment ayant l’air d’un dépôt, le maître des lieux, vêtus d’une djellaba blanche, est concentré sur le pesage des caisses. Le carnet posé sur les genoux, il répertorie simultanément ses notes. Pendant ce temps, des ouvriers les chargent sur une camionnette. Dans ce champ, on est entre la production, la cueillette et le transport vers des marchés ou des centres de conditionnement. « La campagne dure six mois. Donc, nous avons deux productions en une année », explique l’un d’eux. Pour ce jeune, la filière mangue est intéressante car la demande est importante, aussi bien pour le marché intérieur que pour l’exportation.

Venue de Taïba Ndiaye, Maguette Ndiaye, productrice de mangues, ne cesse d’admirer l’immense champ. En robe bleue, la dame s’active dans ce business depuis 2013. Aujourd’hui, elle est à la tête de la coopérative des producteurs de la zone des Niayes qui polarise 20 communes. Pour elle, il n’y a pas mille réflexions, le marché est intéressant, les productions sont importantes. Reste, selon elle, à relever les défis de l’organisation et de la qualité. « Nous avons des terres et nous produisons. Malheureusement, il faut une meilleure organisation et des efforts dans la qualité. Nous sommes partagés entre la consommation locale et les exportations, raison pour laquelle, il est assez difficile de quantifier les productions pour les 20 communes de la coopérative », dit-elle.

Une campagne piquée par la mouche fruitière

Sous les manguiers, des experts de la Direction de la protection des végétaux (Dpv) sensibilisent les producteurs de mangue sur l’utilisation de pièges à mouche. Il s’agit de bouteilles ou de plaquettes suspendues aux feuilles des arbres ou de produits collants. C’est pour combattre les méfaits de la mouche fruitière qui impacte la campagne. « La présente campagne a été particulièrement affectée du fait des changements climatiques et de la réglementation phytosanitaire de l’Union européenne. La période de pleine production a été un peu décalée et a coïncidé avec l’apparition des mouches de fruits qui détériorent la qualité des mangues, surtout les variétés Kent et Keitt », souligne Abdoulaye Ndiaye, chef de la division législation phytosanitaire et quarantaine des plantes à la Dpv. « Beaucoup d’efforts ont été faits mais, en amont, c’est la lutte contre la mouche qui a fait défaut. Cet aspect doit être pris en compte très tôt. C’est la raison pour laquelle, en partenariat avec l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi), le Fonds d’application des normes et de développement du commerce (Sdtf, en anglais) et d’autres structures, nous avons initié une formation et une campagne de sensibilisation », a-t-il dit. Ainsi, l’exportation vers l’Union européenne a drastiquement chuté, passant de plus 24 000 tonnes l’année dernière, à 12 000 tonnes. « Les variétés phares sont la Kent et la Keitt. Elles sont facilement manipulables et résistantes. Leur qualité est bien appréciée. Malheureusement, cette année, à cause du foisonnement des mouches de fruits, nous avons eu beaucoup de notifications de non-conformité », regrette Abdoulaye Ndiaye. Cette mouche qui ne finit pas de causer des dégâts impacte la compétitivité des producteurs, selon Maguette Ndiaye. « La lutte contre la mouche fruitière doit mobiliser toutes les énergies. L’Europe est un marché intéressant pour les producteurs sénégalais. Aujourd’hui, ils sont tous impactés avec les pertes et les interceptions aux portes de l’Europe pour non-conformité. Si l’on n’y prend garde, on risque l’isolement », craint la présidente de la coopérative des producteurs de la zone des Niayes.

Diversification des marchés et transformation

Du champ à l’exportation, la mangue suit un processus. Le Centre de traitement et de conditionnement (Feltiplex) est incontournable dans le dispositif. C’est le centre de conditionnement niché à Niague (comme de Tivaouane Peulh). L’entrepôt est encerclé par des dizaines de camions devant transporter les différentes caisses. À l’intérieur du « laboratoire », un bruit assourdissant rend difficile toute communication. Des ouvriers agricoles lavent les mangues dans des bassines, puis les sèchent. C’est l’une des premières étapes du conditionnement. « Il y a le pesage, le nettoyage, le séchage, le calibrage, l’étiquetage et la conservation à 10 degrés », explique Ibrahima, le responsable qualité. Pour Abdoulaye Ndiaye, avec les changements climatiques, il est nécessaire de diversifier les marchés afin de profiter de la Zlecaf. « Certes, l’Europe est notre plus grand débouché, mais il est important de diversifier les marchés, parce que les exigences sont contraignantes », dit-il. Il invite les producteurs sénégalais à explorer le marché africain dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Il convient également, ajoute-t-il, d’investir dans la transformation pour avoir une plus grande valeur ajoutée. « Sur une production de 150 000 tonnes par année, on n’exporte pas plus de 25 000 tonnes. Il faut faire des efforts pour transformer le reste », estime-t-il. La présidente de la coopérative de la zone des Niayes embouche la même trompette. À ses yeux, la transformation est la voie du salut. « Malheureusement, les moyens techniques sont encore insuffisants pour transformer d’importantes quantités. Il y a encore des efforts à faire », remarque Maguette Ndiaye.

LeSoleil

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