HCCT, UNE CHAMBRE EN QUÊTE DE RÉFORMES
Beaucoup de voix, notamment dans l’opposition, se sont élevées pour réclamer la dissolution du Haut conseil pour les collectivités territoriales (Hcct). Les contempteurs de cette institution la trouvent « inutile et budgétivore ». Pour autant, le Hcct semble joué un rôle majeur en ce qui concerne la démocratie locale en remettant des rapports, des avis, des études et des recommandations au chef de l’Etat. Ces hauts conseillers prouvent ainsi toute la pertinence de leur mission même s’ils souhaitent que le statut de cette institution soit revu.
Inutile et budgétivore. Ce sont les deux qualificatifs utilisés par ceux-là qui ne veulent plus du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) et souhaitent simplement qu’il soit dissout. Les partisans d’une telle posture, notamment les opposants de l’intercoalition Yewwi-wallu l’ont ouvertement dit dernièrement. Allant même jusqu’à boycotter l’élection des hauts conseillers devant se tenir ce 4 septembre sur l’ensemble des départements du pays. Seulement, Me Ousmane Sèye, vice-présidente de ladite institution ne partage pas leur avis. Selon lui, ces contempteurs du Hcct ne sont pas bien inspirés ou sont simplement des mal intentionnés. « Tout cela rentre dans le cadre d’une tentative de discrédit de certaines institutions de l’Etat par une certaine opposition. De la même manière qu’on a essayé de discrédit la justice, l’action du président de la République, il y a une certaine opposition qui fonde sa politique et son programme sur le discrédit des institutions », explique Me Sèye rappelant que le Hcct n’est pas la première institution créée par un régime donné. D’ailleurs, il signale qu’aucun régime ne peut être installé sans créer une institution qui encadre la décentralisation. Il explique que sous le régime socialiste de Abdou Diouf, le Conseil de la République avait été créé. Abdoulaye Wade va le maintenir avant de créer le Sénat. Mais Macky Sall a opté pour le Hcct.
Dans la même lancée, Pr Mouhamadou Mawloud Diakhaté, conseiller de la présidente du Hcct et responsable des pôles territoires estime que c’est peut-être par méconnaissance du rôle de cette institution que ces critiques sont formulées. « Ceux qui ont pris la parole pour se prononcer sur l’utilité ou pas du Hcct auraient dû au préalable se renseigner, documenter leur avis pour être crédibles. Parce que ce qu’ils ont avancé est totalement faux. Il faut qu’ils sachent que la mission du Haut Conseil est fixée par la Constitution », soutient M. Diakhaté. Selon lui, il y a un nouveau paradigme en matière de décentralisation. Celui-ci est basé sur l’Acte 3 et le Pnadt avec la création de territoires compétitifs et porteurs de développement durable. « Cela passe obligatoirement par une institution, un organe qui est l’interface entre le pouvoir central et les pouvoirs locaux. Donc le Hcct joue le rôle d’une courroie de transmission. Parce que sa compétence c’est d’approfondir la décentralisation, mais aussi l’aménagement du territoire et le développement territorial », explique le professeur Diakhaté.
Le haut conseiller n’a pas droit à la retraite
D’ailleurs, depuis sa création, cette institution a fait bouger les lignes sur bien des questions. Notamment en faisant le plaidoyer sur l’équité territoriale en permettant, entre autres, aux communes rurales de bénéficier du Pacasen (Programme d’appui aux communes et agglomérations du Sénégal). De même, les hauts conseillers ont permis de revaloriser le statut chef de village qui est le premier maillon du pouvoir décentralisé. D’autres actions ont été menées par les hauts conseillers comme la création de la valise de l’élu sans compter le plaidoyer fait sur la Fonction publique locale.
Malgré toutes ces réalisations, le Hcct est vu comme une institution qui consomme trop de moyens. Aussi bien financiers que matériels. Une idée réfutée par le Pr Mouhamadou Mawloud Diakhaté. Selon lui, le Haut conseil vit avec des « conditions spartiates » et contrairement à ce que les gens disent, ce n’est pas un lieu où l’on se régale et se partage des cadeaux. « Si le budget du Sénégal est l’équivalent de 10 000 Fcfa, le Hcct a consommé 30 Fcfa sur ces 10 000 Fcfa. En consommant 30 Fcfa, le Hcct créé plus de 250 emplois dont les chauffeurs qui sont pris en charge par les Hauts conseillers », explique Pr Diakhaté. Il s’y ajoute, selon lui, qu’un haut conseiller n’a pas de salaire, mais dispose d’indemnités mensuelles de session. « Ensuite, il faut rappeler que le haut conseiller n’a pas droit à la retraite. Même s’il effectue plusieurs mandats, ce n’est pas comme à l’Assemblée nationale. Il s’y ajoute que le haut conseiller ne dispose pas de prise en charge médicale. Il se soigne à ses frais lui et sa famille et plus de la moitié des hauts conseillers qui proviennent des régions louent un appartement et à ses frais. Le Hctt ne dispose pas d’hôtel », soutient Pr Mouhamadou Mawloud Diakhaté.