QUEL PROFIL POUR CONDUIRE LE PROCHAIN GOUVERNEMENT
Après les dernières élections législatives du 31 juillet 2022, le Sénégal fait face maintenant à son destin. C’est parce qu’il est confronté à un contexte sociopolitique bien particulier, un cas de figure jamais rencontré dans sa trajectoire depuis l’indépendance. En effet, au-delà des défis socio-économiques, marqués par le renchérissement du coût de la vie, consécutivement à un contexte mondial insupportable, le président Macky Sall faitface à un cliché politique inédit, avec une majorité pas très confortable à l’Assemblée Nationale, alors que l’élection présidentielle se tient dans deux ans. C’est dans un tel contexte que le bureau de l’Assemblée Nationale doit être élu ce 12 septembre, une opération périlleuse qui sera suivie de la formation du nouveau gouvernement. Justement pour cet attelage gouvernemental, la question qui taraude l’esprit de bien des Sénégalais est bien liée au profil adéquat et qui serait une denrée rare par ces temps qui courent, pour le conduire et faire face efficacement à ces défis majeurs.
En tout état de cause, les Sénégalais agitent des noms depuis quelques jours, comme celui de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, président du parti Rewmi. Mais selon certains observateurs, même s’il a de bonnes dispositions pour affronter les questions économiques, il souffre actuellement d’une certaine légitimité politique, un aspectfondamental devant l’agenda de 2024. En effet, il était perçu comme un baobab politique indéboulonnable à Thiès, son seulfief politique, mais il vient de subir deux revers électoraux qui risquent de désagréger le reste de sa carrière politique. Et pourtant, pendant plus de 15 ans, il a su maintenir son hégémonie dans la cité du Rail, avec des scores à la soviétique dont les différents régimes ont été des victimes. N’ayant que Thiès comme terrain politique favorable ces dernières années, Idrissa Seck a ainsi un handicap sur ce plan. Le nom de l’ancien ministre des Finances Amadou Bâ revient également comme un leitmotiv dans la liste des personnalités du régime pouvant assumer cette fonction. Mais il n’a pas la légitimité populaire à Dakar où il est politiquement contesté dans les rangs du parti.
Il y a aussi dans une certaine mesure Abdoulaye Seydou Sow, actuel ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène Publique (MULHP) qui bouscule avec une forte dose d’activisme. Au-delà de sa transhumance du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) qu’iltraine comme un boulet, il peine à incarner un leadership fort même dans son fief. Autre chose, parce qu’il a fini de s’aliéner beaucoup de ses amis politiques à cause de son inaccessibilité. Quid du grand argentier de l’Etat Abdoulaye Daouda Diallo ? L’actuel ministre des Finances incarne un profil rare et il remplit à merveille le critère de
loyauté et de représentativité.
Mais cela est-il suffisant pour être à la tête d’une équipe de combat, afin d’affronter des défis de grande envergure ? En tout cas, force est aussi de constater qu’il parle peu. L’ancienne Première ministre Aminata Touré dite Mimi aurait été un bon cheval aussi sur certains points. Mais elle préférait sans doute la tête du parlement qui enrichirait son curriculum vitae. Le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Abdoulaye Diome est également sur toutes les lèvres. Proches parmi les plus proches, l’ancien procureur spécial s’investit corps et âme pour consolider le régime. Même si sa légitimité politique est en cause. Il ne faut présager de rien avec le président Macky Sall qui a le don de déjouer tous les pronostics et de dérouter les analystes les plus pertinents. Il peut ainsi sortir comme une tour de magie un Premier ministre que personne n’attendait surtout qu’il dispose dans sa besace plusieurs profils à même de coordonner cette équipe choc. Sidiki Kaba, Aly Ngouille Ndiaye, etc. Le DG du Budget peut bien être la surprise du chef. Certains de nos interlocuteurs trouvent une bonne opportunité sur sa personne. Décrit comme une personnalité d’une extrême loyaut, pas trop trempé dans la chose politique, Mahamadou Moustapha Bâ fait presque l’unanimité sur ses compétences et sa courtoisie légendaire. Même si beaucoup le prédestinent à la tête du ministère du Budget, il peut valablement driver le prochain gouvernement de combat du président Macky Sall.