ISA World Surfing Games : Cherif Fall veut devenir le premier surfeur d’Afrique sub-saharienne à se qualifier pour les JO Paris 2024 !
L’imposant Cherif Fall ressemble à un géant dans l’océan. Haut de presque 2 mètres, il est la référence du surf au Sénégal. Il enchaîne les vagues avec un grand objectif : devenir le premier surfeur d’Afrique sub-saharienne à se qualifier pour les Jeux Olympiques à Paris 2024.
Ce rêve a été alimenté par les planches de surf cassées laissées par les touristes sur les côtes proches de Dakar où les vagues sont réputées. Contre la volonté de ses parents, il s’est mis au surf à l’âge de 11 ans, puis il est devenu un nonuple champion du Sénégal. Il est toujours prêt à prendre des grandes vagues comme son ami et héros Italo Ferreira, le champion olympique en titre.
Cherif Fall est un de ces surfeurs talentueux d’Afrique de l’Ouest qui émergent pour inspirer la nouvelle génération à se mettre au surf et augmenter la popularité de cette discipline. « J’ai appris à surfer en utilisant des planches cassées que les surfeurs, souvent des touristes qui étaient venus surfer, laissaient sur la plage. C’est comme ça que j’ai appris à surfer », a-t-il dit dans une interview à Olympics.com depuis la Californie où il s’entraîne.
La décision de se lancer dans ce sport relativement inconnu à Dakar, le football, la lutte et le basketball ont les faveurs de la jeunesse sénégalaise, n’était pas facile. Ses parents étaient réticents à le laisser faire du surf.
« J’ai commencé à surfer sur les planches cassées avec mon frère, mais il a arrêté. De mon côté, j’ai continué même si c’était dur de se concentrer à l’école une fois que j’avais commencé le surf. Ça a affecté mes études, car je n’avais pas de bons résultats à l’école. Je me souviens avoir dit que je voulais devenir un surfeur professionnel et être un des meilleurs de Dakar… Ça avait mis mon père en colère », s’est-il souvenu. « Mais j’ai continué car mon objectif était d’apprendre à surfer. Mon père m’a même acheté ma première planche… J’étais tellement excité quand il a fait ça. Puis j’ai gagné ma première compétition en 2013. Depuis, je suis le champion du Sénégal. »
Cherif Fall a pu progresser grâce aux nombreuses vagues qu’il a été en mesure de surfer dans ces conditions. Cela lui permet aujourd’hui de mener une nouvelle génération de surfeurs sénégalais, comme Ismaila Samb, qui profite de l’écume au moment où la très vivante capitale sénégalaise se prépare à accueillir les Jeux Olympiques de la Jeunesse en 2026. Les spots de surf sont aussi nombreux que variés sur les 724 km de côtes sénégalaises. Yoff, Les Almadies, l’île de Ngor à Dakar sont des lieux réputés pour les surfeurs qui permettent à Cherif Fall de s’entraîner dans les eaux de l’Atlantique Nord.
Le surfeur de 25 ans a continué de progresser jusqu’à participer à des compétitions dans le monde entier pour prouver que ses détracteurs avaient tort. Il n’est plus en difficulté en termes d’équipements et a même plusieurs sponsors dont Billabong, une marque qui supporte certains des meilleurs surfeurs de la planète.
Il a fait ses débuts internationaux lors du Airwalk Pro Junior en France en 2015. Depuis, il a représenté son pays dans plusieurs compétitions en Europe et aux États-Unis. Cherif Fall a surtout permis au drapeau sénégalais de flotter lors des ISA World Surfing Games. Mais ce n’est pas toujours facile de tracer sa voie en tant que surfeur originaire d’Afrique sub-saharienne.
« Quand on est surfeur au Sénégal, on ne peut pas toujours compter sur le soutien du gouvernement. Ils nous aident surtout quand on représente le pays sur des événements majeurs comme les Championnats du monde ou les World Surfing Games. Mais ils ne sont pas là pour nous dans les autres compétitions, celles dont on a besoin pour avancer. Je pense que c’est pour cette raison que c’est si dur de trouver des surfeurs africains dans les nombreuses compétitions internationales. On a besoin du soutien du gouvernement mais aussi des visas pour aller à la plupart des épreuves en Europe et aux États-Unis et des fois, ils nous informent qu’à la dernière minute que nous n’avons pas de visas garantis. »
Cherif Fall a besoin de se battre sans relâche pour avoir des moyens et des opportunités. De quoi facilement décourager les jeunes surfeurs les plus prometteurs d’Afrique. « Maintenant, les gens connaissent Surf Sénégal grâce à moi et à quelques autres car on fait des compétitions en Europe, au Japon, en France… mais nous ne sommes pas nombreux. En gros, il y a deux surfeurs de couleur : le Sud-Africain Michael February et moi. » Malgré les difficultés, Dakar reste l’épicentre de la culture surf au Sénégal.
La discipline progresse dans certaines catégories d’âge et chaque succès des surfeurs expérimentés comme Cherif Fall est un coup d’accélérateur. « La plupart des Sénégalais me connaissent », admet celui qui n’est pas uniquement motivé par la possibilité de devenir le meilleur surfeur de son pays. Son but ultime est que les jeunes tombent amoureux de son sport.
« Maintenant, il y a tellement d’enfants qui viennent surfer parce qu’ils m’ont vu surfer. En tant que pays musulman, on ne boit pas d’alcool alors le surf est un bon moyen d’occuper son temps. Les enfants me regardent, ils suivent mon épanouissement à travers le surf. Ils me voient voyager, concourir contre les meilleurs surfeurs du monde. » « C’est le rêve pour tous ces jeunes qui me suivent. Et c’est pour cette raison que je suis toujours positif et que je veux avancer et continuer d’apprendre. Quand je vois des enfants surfer, c’est assez pour entretenir ma motivation, car ils apprécient ce que je fais. »