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PETIT RECUL DE LA PRÉSIDENCE À VIE

RFI : Devant une foule immense, William Ruto a prêté serment, mardi 13 septembre, dans un stade de Nairobi, en présence d’une vingtaine de chefs d’Etat africains. « Le petit villageois d’origine modeste », comme il aime à se définir, est donc président. À propos de cette victoire, validée, à l’unanimité, par les juges de la Cour suprême, peut-on parler de revanche sur l’establishment ?

Il s’agit, surtout, d’une victoire des institutions électorales et judiciaires du Kenya, dont la fiabilité a été éprouvée et confortée, tout au long de ce processus. Au fur et à mesure du dépouillement, les résultats ont été affichés sur les écrans de télévision, qui donnaient Ruto avec une avance qui s’est resserrée au fil des jours, sans que jamais le perdant ne le devance. La victoire de William Ruto a d’ailleurs été jugée vraisemblable par la société civile, qui a fait un travail que d’aucuns ont jugé sérieux et rigoureux.

Les Kényans ont même pu suivre, en direct à la télévision, les plaidoiries et autres argumentations des conseils des candidats qui contestaient les résultats devant la Cour suprême. Sans être parfaite, cette transparence démocratique est de celles dont on rêverait pour toute l’Afrique. À commencer par le respect de la Constitution par Uhuru Kenyatta, qui s’est éclipsé, au terme de son second mandat.

Faut-il donc le féliciter pour avoir suivi ce que prescrivait la Constitution ?

Non, évidemment ! Mais si l’on continue de se féliciter d’une telle attitude, c’est parce que d’autres s’évertuent à modifier la Constitution, pour toujours plus de mandats, jusqu’à ce que coup d’Etat s’en suive. L’on est peiné devant la frénésie de certains à vouloir mourir au pouvoir. Et la plupart, souvent, n’ont rien apporté à leur peuple durant leurs deux mandats. Ils tentent de faire croire que leur seul objectif est de moderniser les institutions, alors que leur dessein est souvent, de confisquer le pouvoir ad vitam aeternam.

Certains dirigeants africains ont même osé, par le passé, citer l’exemple d’Angela Merkel, pour dire qu’il est de grands pays démocratiques sans limitation de mandats. Mais Madame Merkel a travaillé pour le peuple allemand comme peu de dirigeants occidentaux l’ont fait pour leur peuple. Et l’on aimerait tant voir une Merkel au service de quelques-uns des peuples africains confrontés aux présidences à vie ! En plus, si la chancelière avait trouvé en Allemagne une Constitution limitant les mandats, jamais elle ne l’aurait modifiée, pour s’incruster. C’est une question de loyauté.

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