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Sochaux-Montbéliard – Rassoul Ndiaye (international sénégalais U23) : « J’ai désormais un statut à assumer »

Adepte du double-contact et du contrôle orienté, ses gestes techniques favoris, Rassoul Ndiaye est à 20 ans l’une des plus belles promesses de Ligue 2 BKT, dont il a été élu « pépite » la saison dernière avec 5 buts et 3 passes décisives. Pur produit du FC Sochaux-Montbéliard, il y défend les couleurs depuis 2014 et y a signé son premier contrat professionnel en 2019. Le milieu franco-sénégalais se raconte en Jaune et Bleu.

Rassoul, comment êtes-vous venu au football lors de votre enfance passée à Besançon ?
Le foot est une histoire de famille chez moi. Car mon père a joué un peu au pays, au Sénégal, et puis mes cousins ont tous également un peu touché au ballon. Mes premiers souvenirs datent des tournois que l’on disputait dans la région avec le Racing Besançon. Je me souviens que mon père essayait de venir à tous mes matchs pour m’encourager.

Et à cette époque étiez-vous déjà placé au milieu du terrain ?
Quand j’ai commencé le foot, j’évoluais plutôt au poste d’attaquant. Ensuite, j’ai reculé pour me fixer en milieu de terrain, en n°8. C’est le poste auquel je m’épanouis. J’ai un assez bon volume de jeu et plutôt une bonne technique. C’est ce qui fait mon identité de joueur. Je dirais que c’est au niveau de la technique que je me démarque des autres.

Vous avez aussi la capacité à marquer des deux pieds. Est-ce quelque chose que vous avez particulièrement travaillé ou l’aviez-vous de façon innée ?
C’est un peu des deux. Ma capacité à frapper des deux pieds est assez naturelle, car j’ai toujours eu une bonne frappe du pied gauche. Je crois que je marque même plus du gauche que du droit (3 buts du gauche contre 2 du droit en Ligue 2 BKT). Mais c’est aussi une qualité que je travaille à l’entraînement. Cela fait partie de mes qualités techniques. Depuis mes premières années, les formateurs m’ont fait travailler la coordination, donc disons que cela porte ses fruits.

« Je suis certain qu’Olivier Guégan à beaucoup de choses à m’apporter »

Dans quels domaines travaillez-vous le plus actuellement pour faire évoluer votre jeu ?
Le plus important à faire progresser dans mon jeu est la défense. Mes deux coachs (Daf et Guégan) ont fait la même analyse de mon jeu ; à savoir travailler cette partie de mon jeu. Etant donné que dans le domaine offensif ils ont perçu que j’avais des qualités que l’on ne retrouvait pas chez beaucoup d’autres joueurs, ils m’ont dit qu’en progressant défensivement je pourrais franchir un palier.

Comment vous y prenez-vous ?
C’est avant tout un étant d’esprit : se dire que l’on ne veut pas encaisser de but. Pour y parvenir, il faut progresser dans les duels, l’anticipation, la lecture du jeu… J’ai connu des suspensions la saison passée, ce qui prouve que je suis parvenu à faire évoluer mon style de jeu avec une plus grande activité défensive. Je ne suis pas resté sur mes acquis, car la Ligue 2 BKT demande beaucoup de rigueur.

Vous avez évoqué Olivier Guégan. Comment s’est passée la transition avec le changement de coach à l’intersaison au FCSM ?
Je suis un jeune joueur, donc c’est mon premier changement d’entraîneur. Omar Daf a été mon premier coach, c’est aussi celui qui m’a lancé en CFA. Donc cela a fait un peu bizarre quand il a quitté le club. Mais il n’y a pas le temps de trop réfléchir, il faut continuer et s’adapter au nouveau coach, à son système et à son fonctionnement.

Quelles sont les principales différences entre ces deux entraîneurs ?
Le relationnel avec Omar Daf pouvait dépasser le football, du fait que l’on se connaissait depuis longtemps. Maintenant, cela se passe bien avec Olivier Guégan, on évolue dans un cadre professionnel plus strict. Et je suis certain qu’il a beaucoup de choses à m’apporter. Ensuite au niveau tactique, il y a quelques différences entre les deux. Avec le nouveau coach, nous avons essayé plusieurs systèmes que l’on n’avait pas tenté auparavant. Cela nécessite un temps d’adaptation.

L’adaptation semble se faire plutôt rapidement à la vue du classement !
Plus ou moins. Car on n’a pas gagné lors des trois premiers matchs, avec un nul et deux défaites. On a eu besoin d’un peu de temps pour lancer la machine. La victoire à Pau (0-3) a lancé une bonne dynamique.

Après avoir été la révélation en 2021/22, voici le temps de la confirmation pour vous.
Cela donne davantage de responsabilités vis-à-vis du club, de l’équipe, de la famille. Beaucoup de gens comptent sur moi. Je sais que j’ai désormais un statut à assumer : soit j’ai les épaules pour y parvenir, soit je m’effondre. Mais j’estime être dans un bon environnement avec les bonnes personnes, le bon coach, donc je ne peux faire qu’une meilleure saison que la précédente. Il faut toujours chercher la performance, améliorer ses statistiques et son implication. Ce n’est que comme cela que je vais continuer à progresser.

Depuis vos débuts, dans quels domaines estimez-vous avoir le plus progressé ?
Entre la formation et le monde pro, il y a un bond énorme à franchir. J’ai avant tout progressé dans le domaine tactique et également défensivement, même si j’ai dit que je devais encore m’améliorer, ou encore dans l’agressivité. Mon premier objectif a été de progresser tactiquement, car j’avais quelques failles. J’essaye d’être le plus complet possible, être un joueur « box to box ».

Vous approchez des 70 matchs en Ligue 2 BKT. Quelle expérience en retirez-vous jusqu’ici ?
Qu’il faut toujours se surpasser et travailler pour ne pas se faire rattraper. Pour cela, il faut se donner tout le temps à fond. Ce travail paye, car lors de ma 1ère saison, nous avons terminé 14e de Ligue 2 BKT, puis 7e et enfin 5e en disputant les Play-offs la saison dernière. Le Coach Daf a transmis ces valeurs de travail.

« Mon premier but en pro m’a libéré »

En huit ans passés au FC Sochaux-Montbéliard, qu’est-ce que vous ont transmis d’autres vos formateurs ?
Les valeurs inculquées dans le centre de formation sont le respect, l’humilité et le dépassement. Le FCSM dispose aujourd’hui de l’un des meilleurs centres français. Il n’y est pas parvenu par hasard, mais avec le bon travail de ses formateurs. Tout cela se répercute sur l’équipe pro. Les jeunes qui montent du centre conservent les bases et ceux qui arrivent savent qu’il y a une certaine discipline dans ce club.

Ressentez-vous cette transmission au quotidien au sein du club ?
Quand je suis passé au centre de formation dernièrement, on m’a raconté qu’à la rentrée des jeunes les formateurs leur avaient parlé de l’identité du FCSM, en leur mettant trois têtes d’affiche à suivre. Il y avait Alan Virginius, Maxence Prévot et moi. Je pense que c’est un bon moyen de donner envie à ces jeunes joueurs de se surpasser, d’atteindre ce que notre génération a atteint, même si on n’a pas encore réussi une grande carrière. Entendre les noms de ceux qui ont percé, comme Marcus Thuram, Maxence Lacroix, Ibrahima Konaté rappellent la qualité de la formation ici. Cela donne confiance.

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Comment s’étaient passés vos premiers pas au centre de formation en 2014 ?
Je me souviens très bien de mon premier jour au centre. J’étais assez timide. Et au déjeuner, il fallait passer devant la table des grands du centre et ils nous taquinaient. C’était une relation grands frères, petits frères. Comme je ne connaissais que Lucien (Agoumé), qui vient du même quartier que moi à Besançon (les deux jeunes sont arrivés ensemble au centre), je n’étais pas très à l’aise. L’adaptation faite, ces années au centre ont été du plaisir ! Et ensuite, cela a été à mon tour d’occuper la table des anciens (rires)…

Vous avez ensuite connu des moments marquants, comme la signature de votre contrat professionnel ou votre premier entraînement avec l’équipe…
Je ne me suis entraîné avec l’équipe première qu’une fois mon contrat pro signé. C’était en mars 2019 pour la saison suivante. J’ai donc mis du temps avant de les rejoindre, car j’avais le bac à passer. Et comme j’ai signé en étant assez jeune (17 ans), j’étais le seul de ma génération à y être, même s’il y avait déjà les anciens du centre comme Max (Lacroix) et Salem (Mbakata), qui m’ont aidé à m’intégrer.

Pour le moment, quels sont vos meilleurs souvenir avec le FCSM ?
Mon premier but est mon meilleur souvenir (à Guingamp en septembre 2021, victoire 2-1). C’est ce qui m’a libéré en pro. Jusque-là, on ne voyait pas le Rassoul du centre de formation. Quand j’ai marqué, j’ai regardé le panneau d’affichage pour voir s’il y avait vraiment 1-1. Un souvenir incroyable !

Et d’autres moments marquants ?
D’abord, ma première dans le groupe. C’était lors d’une victoire 4-0 contre Clermont (octobre 2019), donc un super souvenir, même si je n’ai pas joué. Il y avait eu des scènes de joie après la rencontre. Avant de vivre un moment comme celui-ci on ne se rend pas bien compte combien cela rend heureux les supporters et la famille. Et puis, il y a eu ma 1ère à Bonal (septembre 2020). Un match spécial contre Rodez, puisque c’était la période après Covid, avec le retour des supporters au stade. Et dans une autre ambiance, il y a eu un match à Bastia. C’était compliqué, on perdait 2-0. Le coach m’a demandé de rentrer en jeu, de prendre ma chance… J’ai frappé pied gauche et c’est rentré (2-2 à la 87e). Sur ce coup, je dis aussi un peu merci au gardien…

Finalement tout s’est accéléré pour vous une fois que vous avez changé de numéro de maillot…
(rires) J’avais le n°25 lors de mes deux premières saisons. Et comme je ne jouais pas trop, j’ai voulu changer mon numéro en début de saison dernière. Le 14 étant libre, je me suis dit que j’allais le prendre. Mais il n’y a pas d’histoire particulière avec ce numéro. Chez les jeunes, mon numéro était le 8.

Enfin, vous venez d’être sélectionné avec les U23 du Sénégal. Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?
Je suis né en France et j’y ai grandi. Mais le Sénégal c’est le pays de mes parents, celui de mes origines. Donc j’y suis attaché. J’y vais presque chaque année pendant les vacances d’été. Et quand le sélectionneur m’a appelé, je me suis laissé tenter. Au début, je ne savais pas trop si j’allais y aller. Mes parents m’ont soutenu dans ma décision. J’estime que lorsque l’on t’offre cette chance, tu ne peux pas refuser. J’ai toujours suivi la sélection, pendant les CAN, notamment la dernière avec la victoire ! C’est une tradition à la maison.

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