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GUIDES RELIGIEUX À TIVAOUANE, LA BOÎTE À SECRETS DES SURNOMS FAMILIERS

« Maodo », « Borom bonnet carré bi », « Balkhawmi », « Dabakh », « Djamil », « Borom Daara ji », « Al Maktoum », « Al Amine », « Ndiol Fouta »… Ces surnoms cachent bien des histoires. Serigne Moustapha Sy Moudir de la Fédération des associations islamiques nous en dit un peu plus. 

« Maodo », une trouvaille d’El Hadj Abdoulaye Niasse

Seydi El Hadj Malick Sy, l’exégète de Tivaouane, est plus connu sous le nom de « Maodo » qui signifie le grand. Ce surnom lui a été donné par Serigne Abdoulaye Niasse, père de Cheikh Ibrahima Niasse. Selon Serigne Moustapha Sy Moudir, c’est après une conversation dans un village du Fouta : « El Hadj Malick Sy venait fraîchement de sortir de l’école coranique. El Hadj Abdoulaye Niass, en échangeant avec lui, lui confie qu’il connait bien son père alors que lui ne l’a jamais vu. Il lui dit, Malick, je suis donc plus chanceux que toi. Et ce dernier de répondre : je te considère donc comme mon père. Ainsi, El Hadj Abdoulaye Niasse lui dit en Pulaar « Aan ka Maodo » (Tu es un grand homme) »

Serigne Babacar, le « bonnet carré », symbole d’élégance

« Borom bonnet carré », c’est le surnom affectueusement donné au deuxième Khalife général des Tidianes, Serigne Babacar Sy. Cette expression fait référence à l’élégance, à la discipline et à l’organisation de l’homme. Selon Serigne Moustapha Sy Moudir, même les physionomistes étaient séduits et étonnés car quelle que soit son activité, le bonnet carré n’était jamais penché. Il était toujours élégamment ajusté. « On l’appelle Borom bonnet carré parce que c’est l’homme le plus civilisé de son temps. Il a choisi le bonnet carré pour son élégance et son harmonie avec tout type d’habit. C’est aussi un symbole qui résiste au temps. Chacune de ses photos rappelle le temps présent. Il ne l’a jamais changé. Sa manière de le porter est unique. Son bonnet n’est jamais penché », explique Serigne Moustapha Sy.

« Balkhawmi », à l’origine un vers sur Maodo

Serigne Mansour Sy Ibn Seydi Malick Sy est surnommé « Balkhawmi ». Cette expression est extraite d’un vers qu’il déclamait à l’honneur de son père. C’est un mot arabe. Il chantait les louanges de son père El Hadj Malick Sy en disant « Ya moukh djiba Alkhawmi Khawmi », qui signifie celui qui a émerveillé tout le monde. « Ce sont deux lettres le « Ba » est partie intégrante du mot « Moukh ». Le mot « Alkhawmi » le suit. Ce qui renvoie à Balkhawmi. C’est à partir de là qu’il a été surnommé Balkhawmi », soutient le professeur Serigne Moustapha Sy Moudir.

Serigne Abdoul Aziz Sy « Dabakh », en hommage à un spécialiste du « Tassawuf » doublé d’un tanneur

Beaucoup de Sénégalais pensent à tort que le surnom « Dabakh » est une trouvaille d’un de ses disciples pour chanter la dimension mystique et la générosité de l’homme. En réalité, ce nom lui a été donné par son père Seydi El Hadj Malick Sy en hommage à un grand spécialiste du « Tassawouf » doublé d’un tanneur. Cet homme, qui s’appelait Abdou Aziz Adabakhi, avait marqué les esprits par son intelligence. Et c’est à l’âge de 40 ans qu’il a commencé à apprendre le Coran. Il faisait des merveilles à partir des peaux de bête transformées en tissu ou en habit. Alliant le spirituel et le temporel, tous ses écrits ont été rassemblés dans un livre appelé « Ibriz ». Maodo était séduit par la dimension intellectuelle et mystique de l’homme et sa générosité. C’est ainsi qu’il a donné à Abdoul Aziz Sy, successeur de Serigne Babacar Sy au khalifat, le surnom de « Dabakh » qui signifie le meilleur des tanneurs.

Serigne Moustapha Sy « Djamil », une inspiration de Mame Abdou

Il était beau et élégant. Serigne Abdoul Aziz Sy et Serigne Moustapha Sy « Djamil » étaient les panégyristes de Serigne Babacar Sy. Lors de l’une de ses séances, Serigne Abdoul Aziz Sy, tombé sous son charme, lui dit « Anta Seydi Jamilou » autrement dit « tu es un homme de Dieu et tu es beau et élégant ». « C’est pour cette raison que quand on dit Djamil, tout le monde pense à ce saint homme qui a installé ses quartiers à Fass », raconte Serigne Moustapha Sy Moudir.

« Borom Daara ji », s’exclama El Hadj Mansour Mbaye !

Il s’appelait Serigne Mansour Sy. Et on le surnommait Borom « Daara ji ». La genèse de cette appellation est son amour pour l’éducation et sa présence dans le « daara » de Seydi El Hadj Malick Sy suivant les instructions de son père, Serigne Babacar Sy. Pendant 35 ans, il a enseigné le Coran de huit heures à 18 heures et ne se levait que pour prier. Après l’avoir bien observé, El Hadj Mansour Mbaye le surnomme « Borom Daara ji ». « Avec l’âge, Serigne Babacar Sy ne pouvait plus encadrer ses nombreux élèves. C’est ainsi qu’il confié le daara à Serigne Mansour Sy. Trente-cinq ans de sa vie ont été consacrés à l’école coranique. Il ne se levait que pour effectuer la prière. Cette dimension, il l’a héritée de son grand-père, Maodo. C’est la raison pour laquelle El Hadj Mansour Mbaye s’est exclamé un jour en le qualifiant de « Borom Daara ji ».

« Al Maktoum », le trésor caché 

Que cache le surnom « Al Maktoum » adjoint à Cheikh Ahmed Tidiane Sy ? Serigne Moustapha Sy Moudir nous en dit un peu plus. Il le tire en partie de son homonyme Cheikh Ahmed Tidiane Chérif qui avait préféré se cacher : « Cheikh Ahmed Tidiane Chérif, son homonyme, avait un grade élevé. C’est lui seul qui connaissait le prophète Mouhamed (Psl). Lorsqu’il a eu ce grade, il a averti les gens en leur disant que « celui qui me contredit ira en enfer ». Donc, il fallait que le mystère qui entoure sa personne soit préservé. Ce grade est appelé Katmiya. Quand quelqu’un atteint cette dimension, il doit s’habiller correctement de la tête aux pieds. Il tourne également le dos aux activités mondaines. Ce qui alimente la dimension mystique de l’homme ». Ce surnom est également l’expression de l’un des vœux d’El Hadj Malick Sy. « Une fois à la Mecque, Seydi El Hadj Malick avait prié Dieu de l’aider à bâtir des écoles coraniques, de cacher tous ses attributs et pouvoirs jusqu’à son décès et de construire plusieurs mosquées partout au Sénégal. C’est sa deuxième prière qui est à l’origine du nom Maktoum », confie Moustapha Sy. L’homme à l’éternel Djellaba s’est caché durant toute sa vie, laissant ses emblématiques sagesses parler pour lui

« Al Amine », digne de confiance

Abdoul Aziz Sy « Al Amine » a appris le Coran chez Serigne Mama Lô. Il était plus qu’un disciple pour ce dernier. C’est un fils, un proche, un collaborateur qui faisait des kilomètres pour chercher de l’eau pour son maître coranique. Ainsi, il a maîtrisé le Coran à l’âge de 13 ans. Après, Serigne Babacar Sy le confié à Serigne Cheikh Tidiane Sy, son frère aîné, pour l’éducation mystique. Si ce dernier n’était pas disponible, il allait apprendre auprès de Serigne Alioune Guèye et Serigne Mansour Sy. À 16 ans, Serigne Babacar Sy convoque sa mère et Serigne Cheikh pour leur faire savoir qu’avec l’âge, il a besoin d’un jeune qui l’assiste. Ainsi, Serigne Abdoul Aziz Sy commence à jouer ce rôle. « Mais quand Serigne Cheikh ou Mansour t’appelle va leur répondre d’abord », lui demande alors Serigne Babacar Sy. Ainsi, il s’engage à devenir leur serviteur. C’est lui qui leur apportait leur repas, qui dressait ou débarrassait la table. Il était en plus l’intermédiaire entre Serigne Babacar Sy et les autres. « Il jouait également le rôle d’argentier. C’est lui qui gérait le portefeuille et ordonnait les dépenses selon les orientations de son père », informe Serigne Moustapha Sy Moudir. Après le rappel à Dieu de Serigne Babacar Sy, Serigne Abdoul Aziz Sy « Dabakh » le place sous son aile et fait de lui l’intermédiaire entre lui, Serigne Mansour et Serigne Cheikh et également le Président Abdou Diouf. À 50 ans, il bénéficiait de la confiance de toute la Khadra car c’est un homme digne de foi. C’est son homonyme qui a demandé qu’on l’appelle Abdoul Aziz Sy « Al Amine » (le digne de confiance) au lieu d’Abdoul Aziz Sy « Junior » ».

« Ndiol Fouta », l’homme du nord 

Serigne Babacar Sy, surnommé « Ndiol Fouta », est l’un des fils de Serigne Abdoul Aziz Sy « Dabakh ». C’est le premier à aller apprendre le Coran dans le Fouta. Il est rentré de ce voyage avec la maîtrise parfaite du Coran et des sciences religieuses. Armé de sciences jusqu’aux dents, il peinait malgré tout à intégrer le « daara » de Tivaouane. Son style vestimentaire, ses gestes et mots renvoyaient au Fouta Toro. Et comme il est de grande taille, les gens l’ont surnommé Ndiol Fouta.

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