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Mutations politiques et dynamiques sociales: quelles perspectives? (Par Mouhamadou Mbodj)*

Porter analyse sur un sujet pareil, demande, au préalable, de faire un point sur l’entrecroisement de l’histoire et de la philosophie politique avant bien sûr de dégager des perspectives. Car oui, dans chaque processus d’évolution, il faut un soubassement historique qui guide l’élan de volonté menant aux changements.

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On peux légitimement penser qu’il existe un chiasme des faits et des idées pour un tel changement, les faits se rapportant à l’histoire et les idées aux locomotives de pensées menant à la gare des nouvelles réalisations.

La vie des idées n’est pas indépendante du mouvement qui érige l’histoire au tribunal du monde.

Aussi, admet-on volontiers que la formation des Etats modernes et l’essor de la philosophie politique ont été deux phénomènes concomitants.

L’histoire étant à la fois cause et effet des idées, l’évolution diachronique de la réalité étatique ne s’est pas effectuée en marge de la réflexion doctrinale dont la progression ne s’opère dans l’abstrait. Elle s’opère dans le concret et revêt souvent de multiples formes. Sachons, cependant, qu’elle trouve souvent une cause fondamentale qui est logiquement ancré en nous tous: le besoin d’égalité.

Ce besoin que l’on retrouve dans le droit, dans l’économie, la littérature, dans la politique… est souvent la racine de tout changement.

Lorsqu’on se demande ce qui pourrait être la raison des luttes menant souvent aux mutations politiques, nous dirons sans concession, que c’est un besoin de réduction des inégalités.
Hier comme aujourd’hui, ce besoin n’a pas changé et vous verrez, par ces lignes ci-dessous, pourquoi.

Si l’on convoque des faits historiques, nous verrons que la révolution française de 1789 avait pour but d’en finir avec le pouvoir aristocratique et d’instaurer un état du peuple par le peuple et pour le peuple avec les idées des lumières et de la renaissance que sont la liberté, le socle, l’égalité, le viatique et la fraternité, l’appartenance de tous à la société. Dans ce concept d’une société égalitaire que prône la France, la base est, ce besoin d’en finir avec l’inégalité des traitements et des considérations sociétales…
Mieux, chez nous, la vague des indépendances en 1960 venait répondre à cette logique d’en finir avec ce statut de colonisés , de briser ces liens d’asservissements et devant nous permettre de nous affirmer comme des hommes libres. Donc, en finir avec l’injustice historique imposée par le colon et être libre afin de traiter avec eux d’égal à égal.

De manière plus contemporaine, d’Abidjan à Dakar, le discours n’est pas devenus un discours anti-français sous dictât populiste pour rien, dirigeants marionnettes ou pas, le désir de s’affirmer, tapis derrière les messages anti-français, lutte pour moins d’inégalités ou d’injustices.

De Bamako à Conakry, les racines de cette lutte n’ont pas changés même si je suis contre la forme choisie mais nous y reviendrons.

Faisons un zoom sur l’entrecroisement histoire et philosophie politique pour comprendre le chemin parcouru.

Là, nous verrons que des tourmentes de la révolution aux périls terroristes qui aujourd’hui, déchirent l’Occident et une partie de l’Afrique, la réflexion politique est, de façon générale, sombre et placée sous le signe du pessimisme.

Chez nous, au début, n’y avait que le socialisme avec son cortège d’utopies croyant pouvoir illuminer la nuit mais ce sont, précisément, des « utopies », avec leur cortège d’impossible.

Le républicanisme qui a été ensuite instauré sous Abdou DIOUF ( certains diront qu’il a bâti un état), trouva une théorisation exemplaire dans la philosophie de Kant et de Fichte mais il se heurta au problème fondamental du mal : un problème éternel assurément mais qui prend, dans un univers où les hommes à raison des progrès techniques qu’ils ont accomplis, deviennent des apprentis sorciers, une figure tragique: la CREI en fut une belle illustration.

S’en est suivi le libéralisme que nous essayons depuis l’an 2000. Il subit depuis la fameuse fin de l’histoire de Francis Fukuyama bien des critiques, au tribunal mondial on reproche à cette doctrine d’être à la solde des 1% les plus riches. Chez nous, on dira, qu’il ne sert qu’à accentuer les disparités et à nourrir un clientélisme politique profitant du système pour s’enrichir.

A variables et caractéristiques différentes, on voit aujourd’hui les mouvements nationalistes ou populistes occupés l’opinion politique quitte même à se perdre dans des consensus sur le faux.

L’opinion danse aux rythmes et convulsions populistes. Les « faux intellectuels au risque d’être lynchés sur la place publique ne prennent plus positions, ils se contentent de suivre le dictât populaire. Les syndicats en profitent pour forcer leurs revendications. Les maitres populistes se perdent dans leurs certitudes en ne laissant plus de place au doutes.

De cette situation nait une fragilisation de nos institutions et une démocratie à l’état comateux.

Personnellement, j’ai peur pour ma démocratie quand je vois ce qui se passe au Mali, en Guinée et récemment au Burkina Faso.

J’ai peur quand j’entends certains grands penseur que je respecte se demander, si tout ces gens qui sont avec putschistes et autres ennemies de la démocratie ne sont pas dans le juste? Ils disent qu’ils ne peuvent pas tous avoir tort vue leur nombre?

Laissez-moi vous dires que ce n’est pas parce qu’on est dans la popularité qu’on a raison. Un adage dit même : « que l’opinion ne pense pas, elle se trompe le plus souvent ».

D’ailleurs, les hutus avaient-ils raisons de procéder au massacre des Tutsis, détenteurs pluriséculaire du pouvoir dans le pays des mille collines?

Le lynchage de noirs en Amérique était-il justifié parce que, bon nombre de Yankees étaient pour? La réponse sera cette négative, qu’on arrête alors de m’objecter que la masse a raison.

Néanmoins, ces dérives sont quand même comptable à une défaillance du rôle de l’état. En effet, quand ce dernier, dans son rôle de pilier maintenant la démocratie et l’égalité des citoyens qui concourent pour des biens et des besoins échoues, il est alors normal que sa population se cherche d’autres forces. Elle ira puiser dans ce qui lui paraît être le plus naturel possible, le replis sur soit.

Ce n’est pas simplement au Sénégal que les gens sont reclus sur eux en temps de crise et ben non c’est un phénomène mondial.

De Trump à Bolsonaro, en passant par Marine Le Pen et Salvini, sans compter Sonko et les colonels putschistes Doumbouya et Goïta, le vin est sabré et << l’anti-système >> est le passe-droit (néologisme) au buffet. L’unicité de la pensée et des opinions en est, malheureusement, la résultante principale.

Je l’ai dit plus haut, ils sont dans leurs certitudes et quand tu n’es pas d’accord avec eux, soit t’es un vendu, soit un incompétent qui comprend rien. La dictature de la pensée unique à de beau jour devant nous.

Mais bon, pourquoi je suis contre ces pensées populaires, dans tout processus de mutations, et bien elles mènent vers une décadence de la démocratie proche de l’anarchie en participant à la fragilisation, non seulement, de l’état mais aussi, de ces valeurs qui faisaient notre fierté et qui nous définissaient… ce texte est déjà assez long, nous nous en arrêtons là pour le moment.

* Rewmi

#DynamiquesSociales #MouhamadouMbodji #MutationsPolitiques

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