LE SENEGAL, CLASSE 117EME MONDIAL, GAGNE 10 PLACES
L’indice de l’engagement à la réduction des inégalités est un classement de 161 gouvernements du monde entier, d’après les mesures prises pour réduire les inégalités. Réalisé par oxfam et le «Development Finance International », cet indice se base sur les efforts des Etats selon les actions menées dans trois domaines ou piliers essentiels à la réduction du niveau des inégalités : dépenses sociales, fiscalité et travail. Pour l’édition 2022, le Sénégal est classé 117ème mondial et gagne 10 places.
L’indice de l’engagement à la réduction des inégalités (ERI) 2022 est la première analyse détaillée publiée portant sur les politiques et les actions des gouvernements pour lutter contre les inégalités au cours des deux premières années de la pandémie de Covid-19. Pour cette année, les résultats globaux classent le Sénégal 117ème mondial. Il gagne ainsi 10 places dans le classement de l’indice. Dans le rapport parvenu à «L’As», il est indiqué que cela est dû à l’augmentation de la part du budget de l’éducation d’un cinquième et celle de la protection sociale d’un tiers. Ce qui en fait, note-t-on, le pays le plus engagé dans les dépenses pour les services publics de lutte contre les inégalités en Afrique de l’Ouest. «Les dépenses de santé (5 % du budget) restent toutefois très faibles», souligne l’étude.
D’après toujours l’indice, le Sénégal affiche l’un des taux d’imposition les plus élevés d’Afrique de l’Ouest (40 %) et a augmenté son recouvrement fiscal de 12% en éliminant les exonérations fiscales et en luttant contre l’évasion fiscale. Il est ainsi rappelé dans le rapport le discours à la nation en septembre 2022 à travers lequel le Président Macky Sall avait réaffirmé sa volonté politique et son engagement à réduire les inégalités sociales, économiques et géographiques, notamment en améliorant l’accès des populations aux services sociaux comme la santé, l’éducation et l’assainissement. Reste à savoir, d’après les initiateurs de l’indice, si ces déclarations se traduiront par des résultats et ne seront pas de simples effets d’annonces destinés à apaiser la population dans un contexte d’opposition croissante à son troisième mandat, marqué de troubles.
DES PLANS D’ACTION NATIONAUX POUR REDUIRE RADICALEMENT LES INEGALITES
Revenant par ailleurs sur les recommandations générales du rapport, il a été fixé une priorité absolue à tous les gouvernements. Il s’agit de produire des plans d’action nationaux pour réduire radicalement les inégalités. Cela implique, souligne-ton, de tourner le dos à l’austérité pour se concentrer sur l’amélioration des revenus des personnes les plus pauvres en augmentant les dépenses consacrées à la lutte contre les inégalités, en rendant la fiscalité plus progressive, en renforçant les droits et les salaires des travailleurs et des travailleuses et en investissant beaucoup plus dans le suivi annuel des progrès réalisés en matière de réduction des inégalités et de l’impact des politiques. Ces plans devraient intégrer particulièrement des politiques fiscales visant à rendre l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur le revenu des personnes physiques plus progressifs en fixant des taux supérieurs pour les grandes entreprises et les personnes les plus riches. Il s’agira aussi de travailler pour la réduction drastique des exonérations, des incitations et des abattements fiscaux pour les grandes entreprises et les particuliers.
Parmi les recommandations formulées dans le rapport, il y a la taxation des plus riches appliquée avec l’instauration d’«impôts de solidarité» et d’«impôts exceptionnels» pour toutes les entreprises qui réalisent des bénéfices excessifs, en particulier en raison de la hausse actuelle des prix du pétrole et des denrées alimentaires. Il est également préconisé de faire de la veille afin que la TVA et la taxe sur les produits et services (TPS) exonèrent les produits alimentaires de base et la fixation des seuils d’enregistrement élevés pour exempter les petites commerçantes, afin de réduire le fardeau de telles taxes pour les personnes vivant dans la pauvreté.
En outre, les gouvernements sont appelés à faire de la veille pour que les multinationales paient leur juste part d’impôts en réduisant les pratiques fiscales dommageables et en renforçant les mesures de lutte contre l’évasion fiscale. Le rapport préconise par ailleurs d’accélérer les progrès vers la couverture universelle de l’enseignement secondaire, des soins de santé et de la protection sociale en concentrant les dépenses sur les citoyennes les plus pauvres et les plus marginalisées ; et de mettre en place des systèmes permettant d’intégrer progressivement les travailleurs et travailleuses informels et précaires (et leurs modalités de micro-assurance) dans les régimes de protection sociale.