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EXTRAITS DE MON ROMAN WAïYYENDI

Le 7 octobre 2022, le ministère de la Culture du Sénégal, à travers sa Direction du Livre et de la Lecture, a acquis à titre onéreux plusieurs dizaines d’exemplaires de mon roman  »Waïyyendi ». Je saisis cette occasion pour faire profiter aux lecteurs (un peu) du roman.

 »Waïyyendi » sera distribué par la Direction du Livre et de la Lecture dans les CLAC (Centres de Lectures et d’animation Culturelle), les centres culturels régionaux et auprès des associations partenaires, et présenté dans des salons du livre à l’étranger. La démarche citoyenne et républicaine de soutien à l’édition, du Directeur du Livre et de la Lecture M. Ibrahima Lô et la sollicitude de ses collaborateurs Mme Diallo Khadidiatou Baldé et M. Ibrahima Diallo sont à saluer.

Vous pouvez encore trouver mon livre à Dakar à la Librairie 4 Vents du Plateau, en ce moment. Voici un extrait de mon roman « Waïyyendi », 160 pages, publié en version physique par les Éditions Presqu’île Lettrée en décembre 2021.

Un extrait, ici à partir de la page 31 :

 »Au temps d’antan où tout va tant et mieux. A une réunion, les flibustiers du champ des chants de Nittie discutent de tout ce qu’il faut pour une juste rémunération des chants ternaires du vaste champ des chansonniers de Nittie. Guneyyi vice-préside, en les locaux de Baaboune Kathé. Elle est la seule femme de la tablée. Je suis assis à sa droite, en bras droit évident. Guneyyi part d’un rire, se retourne vers moi et s’affale des deux bras levés sur mon épaule, à laquelle s’agrippe une minute, secouée de rires. Oui, nous sommes plus que frère et sœur.

Au temps de bon ton d’avant, j’avais accompagné Guneyyi en mission en pays mohammedien, dans les guêtres de Waïyyendi qui s’en venait y chanter dans un festival de mélopées sacrées. Waïyyendi était, certes, ce chanteur à la voix couvrant huit octaves, de l’aigu au grave, mais il était surtout homme d’affaires, qu’on aurait qualifié de redoutable si on n’eût craint le cliché. A Casbah-Blanche, l’objectif qu’il nous avait confié était de rencontrer les dirigeants d’une société de fabrication industrielle d’interrupteurs, de prises et rallonges électriques, et autres faïences de toilettes. Compagnie auprès de laquelle nous étions introduits par un nôtre compatriote nittien établi dans le pays depuis trois décennies, y étant resté après ses années d’étudiant. Le compatriote nittien se tenait droit et calme en réunion, les mains croisées sur le giron. Il avait la barbe fournie à la mode des gens de son nouveau pays. Nous apprîmes, de son débit débonnaire, qu’il avait donné à ses enfants, dont la mère était mohammedienne, les prénoms omeyyades du pays: Soraya, Habiba, Hichem. Nous visitâmes l’usine, saluèrent les ouvrières en fichu. Puis, nous allâmes déjeuner sous les palmiers dans une autre ville proche, sur le bord de mer, de couscous et de pastilla. Je n’osé point commander de vin du pays, pour ne pas heurter la sensibilité mahométane de mes compagnons de tablée.  Guneyyi et moi avions résidé sur le même palier d’hôtel, un établissement aux chantournures géométriques, dans des chambres attenantes. Guneyyi n’avait pas hésité à venir frapper à ma porte, emmitouflée, de la gorge au genou, seulement d’une serviette blanche, comme sortant de la douche ou s’apprêtant à y aller, pour me parler d’une quelconque affaire pressante. Notre proximité était grande. Nous étions frère et sœur. Comme Waïyyendi et Gunneyi l’étaient.  

Au mitan du temps d’avant, au paroxysme en qualité de notre relation , Waïyyendi me proposa de prendre la direction d’une des deux sociétés de mon choix, parmi celles opérant dans le champ des chants ternaires qui lui appartenaient, toutes les deux étant gérées jusque-là par la sœur même de Waïyyendi, Guneyyi. Comment cela s’était passé ? Un grand bruit avait tonné du bureau tout en haut de l’escalier qui menait au deuxième étage, par le bel escalier à colimaçon surmonté d’un œil de bœuf qui faisait verrière. Quand je sortis en trombe du bureau attenant, et entrait, Guneyyi était en sanglots. Waïyyendi l’avait tancé et la congédiait pour résultats insuffisants. Dans la grande salle qu’était son bureau directorial, Guneyyi était assise le corps en tension, refusant la défaite de son corps qu’aurait été le fait de se laisser aller dans le fauteuil, derrière sa grande table. En face d’elle, sur trois rangées, il y avait six de ses collaborateurs, jeunes femmes et hommes assis, mornes et graves, qui la contemplaient pleurant, sans pouvoir dire un mot.

Waïyyendi était sorti de son pas balancé habituel, pareillement à un goëland tombé sur le ponton d’un bateau. Il m’avait ensuite fait venir à lui, dans un petit bureau dans l’aile opposée du même deuxième étage. Puis, il m’avait dit :  » tu prendras la direction d’une des deux filiales qu’a dirigé jusqu’ici conjointement Guneyyi. Je te laisse choisir laquelle. Je m’occuperai de l’autre.’ Ensuite, il avait conclu, grave, l’œil ombrageux :  » voici les statuts des sociétés », me les tendant.

Cela ne se ferait jamais. Thiant-la langue pointue s’en sera mêlé; j’avais outreparlé. J’avais informé Céline Patassier, la toubabesse rouge d’oreilles, ma collègue que je pensais à tort mon amie, dupé que j’étais à force d’invitations à dîner réciproques en nos domiciles respectifs avec notre partenaire de vie. Céline Patassier, qui avait été recrutée à l’international et était payée moitié- moitié par Waïyyendi et un fonds de la Banque Mondiale en faveur de l’investissement privé en Négritie par l’appui en ressources humaines. Céline qui coachait l’autodidacte Guneyyi pour en faire une parfaite manager et qui s’occupait aussi de comptabilité analytique et de contrôle de gestion. Alors qu’affalé confortement dans le fauteuil d’un bar à tapas  des Halles-Mahdi, non loin de Eutt-Khèff-Khipp, je lui avait annoncé la nouvelle au téléphone, la fourbe rouge d’oreilles avait foncé au domicile de Waïyyendi pour l’entreprendre. Que lui avait-elle dit : non, il ne pouvait pas mettre à terre son travail de deux ans, à elle, Céline. Elle mettait sa démission dans la balance ? Ou avait-elle simplement supplié, imploré, se tortillant les mains, ses yeux pers plantés dans ceux de Waïyyendi ? Je ne le saurais jamais. Mais le résultat n’avait pas tardé. Mon téléphone avait sonné et Waïyyendi avait explosé à mon oreille, de sa voix reconnaissable entre toutes : « Pourquoi as-tu dis que je voulais te confier la direction générale ? « . J’en était resté coi, comme de saisissement. Waïyyendi avait furieusement raccroché.  »

(Fin de l’extrait)

Ousseynou Nar Gueye est Manager en Communication Institutionnelle & Marketing Stratégique, PCA d’Axes & Cibles Com, PCA de Global Com International, président national de FÉE, Femme Enfance Education, membre de l’association Ubiquités-Cultures, Paris, depuis 2003, fondateur et chef-éditorialiste du site d’information Sen’Tract (sentract.sn).

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