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UN VÉRITABLE PROJET FÉDÉRALISTE NE PEUT SE RÉALISER QU’ENTRE NATIONS DÉMOCRATIQUES

La Fondation de l’innovation pour la démocratie est née en tant qu’association africaine, en Afrique du Sud, selon le droit de ce pays, et le conseil d’administration dont elle s’est dotée m’a fait l’honneur de m’élire président. Sa mission, comme le dit la toute première phrase du préambule de sa Constitution, est d’être pour la démocratie en Afrique [1]. Qu’est-ce à dire ?

Loin de l’illusion lyrique

L’urgence, aujourd’hui, d’être pour la démocratie en Afrique n’est pas autre que celle d’être pour la démocratie dans le monde, en général. Il ne s’agit pas d’apporter la démocratie à ce continent, mais d’accompagner la puissance d’invention démocratique qu’elle porte, en pensant sa situation comme partie et reflet de celle où se trouve le monde. Cette situation nous commande de nous aviser que la démocratie est mortelle, et d’agir en conséquence.

Nous sommes loin de l’immédiat après-1989, l’année de la chute du mur de Berlin. Loin dans le temps mais, surtout, bien loin de l’illusion lyrique qui avait pu faire croire que le monde se dirigeait irrésistiblement vers un avenir démocratique même si, ici où là, il restait du chemin à faire.

Il y avait bien sûr des raisons d’espérer partout, et sur le continent africain en particulier : les Conférences nationales qui donnèrent naissance à d’heureuses transitions démocratiques portaient une promesse qui fut célébrée par le philosophe Fabien Eboussi-Boulaga comme une « affaire à suivre ».[2]

Déclin démocratique

Et aujourd’hui ? Voici comment Varieties of Democracy, le fameux institut indépendant américain V-Dem qui étudie les évolutions de la démocratie partout dans le monde, s’exprime dans son rapport annuel 2022 : « Comme beaucoup d’autres observateurs dans le monde, nous sommes profondément préoccupés par le déclin de la démocratie. »

Déclin… Dans bien des vieilles démocraties, des partis dont la généalogie et la rhétorique plongent leurs racines dans des traditions fascistes, se voient solidement installés dans les Parlements ou portés au pouvoir par les urnes. Des pouvoirs illibéraux ou simplement autoritaires montrent le peu de cas qu’ils font des principes et des institutions démocratiques, et affichent leur certitude d’avoir raison contre l’idéal que ces principes traduisent.

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