L’AFRIQUE EST DÉJÀ PLUS VERTE QUE QUICONQUE
Mo Ibrahim fera partie des personnalités africaines qui se rendront à la COP27 à Charm-el-Cheikh, en Égypte, sans en attendre de grandes avancées. Il ne cache pas son inquiétude sur le manque de discussions et d’accords qui se profile. « La guerre en Ukraine et les chocs internationaux qui y sont associés ont détourné l’attention de certains dirigeants de la question du climat. La compétition entre puissances rend plus compliquée la coopération nécessaire, avec une vision de long terme ».
La Fondation Mo Ibrahim a lancé en mars 2020, avec les Amis de l’Europe, une nouvelle structure dénommée la Fondation Afrique-Europe, en partenariat avec l’African Climate Foundation et ONE. Son rôle est d’organiser des partenariats pour « transformer en opportunités » les relations entre les deux continents.
Comme à son habitude, Mo Ibrahim ne mâche pas ses mots. Il ne se montre guère étonné des tendances soulignées par le dernier rapport du think tank australien Institute for Economics and Peace (IEP) sur les « Menaces écologiques ». Ce document note une baisse de -1,5 % de l’intérêt des opinions publiques dans le monde sur le climat (48 %) entre 2019 et 2021, avec de fortes chutes en Namibie et en Zambie. Ce à quoi Mo Ibrahim objecte que « 600 millions de personnes, soit la moitié de la population, n’ont pas accès à l’électricité en Afrique. Pourquoi ces gens devraient-ils se préoccuper du climat ? Ils n’émettent rien du tout, puisqu’ils n’ont pas le courant ! ».
22 pays d’Afrique dépendent des énergies renouvelables
Le grand patron regrette que « l’Afrique n’ait pas de voix » dans les discussions internationales, alors qu’elle paie très cher la facture du changement climatique, provoqué par d’autres régions du monde. Dans un panel de haut niveau organisé en janvier sur l’énergie et le climat, la Fondation Afrique-Europe a vu les experts et décideurs reconnaître, de part et d’autre, un état d’inégalité profond « qui s’aggrave et qu’il faut surveiller, estime Mo Ibrahim, car il crée du ressentiment ». L’Afrique, 17 % de la population globale, ne compte que pour 3,4 % de la consommation d’énergie dans le monde. L’Europe, 5,8 % de la population du monde, consomme 10,4 % de l’énergie.