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LE DIABETE SOUFFRE EN RESSOURCES… A SAINT-LOUIS, ZIGUINCHOR ET SEDHIOU

Le diabète prend de plus en plus une progression inquiétante au Sénégal. Saint Louis demeure la région la plus touchée avec une prévalence de plus de 10% contre un taux national de 3,4%. Alors que la vieille ville réclame une unité de soins, à Ziguinchor, l’on alerte sur le déficit de spécialistes au moment où, à Sédhiou, l’on travaille pour une meilleure prise en charge et l’épanouissement économique et social des personnes diabétiques.

Le diabète est une maladie non transmissible évolutive et chronique. La maladie se caractérise par des niveaux élevés de sucre dans le sang. Elle est aujourd’hui responsable d’une lourde morbi-mortalité à travers le monde. La maladie tue à petit feu et son expansion prend une allure inquiétante. Les statistiques témoignent de l’ampleur du défi à relever, surtout pour les pays en voie de développement. En effet, 537 millions de personnes dans le monde souffrent de cette affection dont 24 millions vivent en Afrique, selon les estimations de 2021 de la Fédération internationale du diabète. Dans un discours tenu à l’occasion de la journée d’hier, la directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) pour l’Afrique, Dr Matshidiso Moeti, a déclaré que 24 millions d’adultes vivent actuellement avec le diabète. Un nombre qui, dit-elle, «devrait augmenter de 129% pour s’établir à 55 millions d’adultes d’ici 2045». Alors que la maladie a déjà provoqué 416 000 décès sur le continent africain l’année écoulée, en 2021, «elle devrait devenir l’une des principales causes de mortalité en Afrique d’ici 2030», a-t-elle prévenu.

St-Louis, la région la plus touchée par le diabète

Une alerte que devrait prendre au sérieux le Sénégal où le taux de prévalence est de 3,4%. Soit 400.000 personnes diabétiques. La tranche d’âge de 45 à 59 ans est la plus touchée, d’après les chiffres donnés par le chef de la division de lutte contre les maladies non transmissibles au ministère de la Santé et de l’Action sociale. Dr Malick Hann, qui cite une enquête Steps réalisée en 2015, parle d’un «taux national de 3,4%». D’après ses estimations, la maladie est plus fréquente à l’âge avancé avec un taux qui tourne autour de 7,9% à partir de 45 à 59 ans «et près de 6% à partir de 60 ans», avait dit l’endocrino-diabétologue, Dr Mbaye Sène à l’occasion de la journée du 14 novembre 2021

Cette année encore, les chiffres deviennent de plus en plus alarmants. Un problème épineux. Notamment à Saint louis, région la plus touchée, et qui a le taux de prévalence le plus élevé du pays. De 10% en 2019, elle passe à 14% en 2022. Ce qui, comme dit le secrétaire général de l’association sénégalaise de soutien aux diabétiques (Assad), antenne Saint Louis, Abdoulaye Diallo, «fait trois fois la moyenne nationale». Une augmentation qui trouverait bien son explication d’après son camarade Nidémé Sène qui pointe du doigt accusateur la dépigmentation et la prise de certains produits. M. Diallo plaide surtout pour la création d’une structure spécialisée pour la prise en charge des malades. Il trouve «paradoxal» le fait que «des régions, qui se trouvent à 3 ou 4% de taux de prévalence, aient déjà leurs unités» là où la vieille ville, qui enregistre le plus fort taux, reste encore sans unité de soins.

Alors que Saint Louis réclame une unité de soins, l’antenne de Ziguinchor «pleure» le déficit de spécialistes. Dans la région sud du pays, «le personnel est insuffisant pour ne pas dire inexistant. Il n’y a pas un diabétologue à proprement parlé. Ici ce sont des docteurs de médecine générale, pétris d’expérience et de volonté, qui accompagnent les diabétiques dans leur prise en charge. Les soignants qui reçoivent beaucoup de patients ont beau avoir de détermination et d’engagement, mais ils ne peuvent pas, à eux seuls, porter le traitement et le suivi de tous ces malades», a fait savoir Babacar Wade de l’Assad section Ziguinchor où le nombre de personnes touchées devrait inquiéter. «Si nous prenons le cas de Ziguinchor qui compte aujourd’hui plus de 10 000 diabétiques recensés dans les structures, il faut dire que 2 fois ce nombre ne vient pas dans les structures. Soit ils ne savent pas qu’ils ont le diabète, soit ils le savent mais n’ont pas les moyens d’accéder aux soins» dit-il. Une situation plus qu’alarmante vue la progression de la maladie dans le pays. A l’occasion de la journée mondiale célébrée le 14 de chaque mois de novembre, les acteurs s’accordent pour dire que la maladie continue à progresser dans le pays. Pour Baye Oumar Guèye, président de l’Association de soutien et d’assistance aux diabétiques, « aucune catégorie de la société n’est épargnée par cette maladie»

Pour une meilleure prise en charge des malades et leur plein épanouissement économique et social, le centre hospitalier régional de Sédhiou a créé officieusement une antenne sénégalaise de soutien et d’assistance aux diabétiques au sein de la structure. Ils attendent l’arrivée du président de l’Assad, le journaliste Baye Oumar Guèye, pour l’officialiser dans l’association nationale. «Nous avons fait le constat depuis quelques années. Il n’existait pas d’association de personnes diabétiques à Sédhiou. Ils étaient pris en charge individuellement. Nous nous sommes dit qu’il s’agit là d’un gap à combler. Depuis 10 jours, on est parvenu à mettre sur pied le bureau de cette association à Sédhiou. Elle est membre de l’Assad. C’est une antenne à officialiser. Le but, c’est de contribuer à la prise en charge des diabétiques. C’est vrai qu’il y a la prise en charge médicale. Mais lorsque, sur le plan social, le diabétique n’est pas accompagné, soutenu ou aider, là il va continuer à vivre mal son diabète. Nous pensons que cette antenne sera un creuset d’échange, d’entraide, de soutien entre diabétiques visant à améliorer la prise en charge. Nous espérons avoir le soutien de nos autorités médicales, … et les forces vives pour permettre à ces personnes de bien vivre leur maladie», a plaidé le chef de service, Mamadou Lamine Diémé.

Le thème retenu pour l’édition de cette année est d’ailleurs l’ «Accès aux soins du diabète». Selon la représentante de l’Oms en Afrique de l’Ouest, Dr Moeti, ceci souligne l’importance des efforts déployés en matière de prévention et de riposte. Baye Oumar Gèye, le président de ladite association de soutien aux diabétiques, à l’occasion de la journée du 14 novembre, a magnifié les efforts consentis par l’Etat notamment la formation de plus en plus de médecins acheminés dans les différentes zones. Mais il y a un intolérable désert médical dans des zones. D’où un besoin de décentralisation et de formation spécifique au diabète, il y a encore beaucoup à faire à ce niveau.

Pour la subvention de l’insuline, dit-il, «elle passe de 300 millions en 2004 à 500 millions, nous le devons à Etat et nous le remercions. Mais il se trouve que le diabète de type 1 ne compose que 20% de la population diabétique. Les 80% qui restent sont des diabétiques de type 2 et souvent utilisent d’autres médicaments spécifiques qui coûtent chers. Ces personnes ont besoin d’être soutenues pour la prise en charge médicale et l’accompagnement. Il nous faut vivre avec le diabète en respectant les mesure de prévention». Il plaide aussi et surtout pour l’accès aux médicaments, la décentralisation de la prise en charge. «Celui de la précarité face au renchérissement des médicaments à l’insuffisance du personnelle de santé surtout dans les zones reculées», a-t-il dit dans son discours hier au centre de santé de Yeumbeul. Il a surtout demandé à l’Etat de mettre un accent particulier sur les personnes âgées.

900 enfants diabétiques sous traitement

Au niveau national, plus de 900 enfants diabétiques dont la tranche d’âge se situe entre 6 mois et 18 ans sont mis sous traitement. «Ils sont traités chaque trois mois et suivis régulièrement. Au niveau des hôpitaux Abass Ndao et Fann à Albert Royer, 100 enfants y sont suivis», a révélé, Dr Aminata Mbaye, ancienne interne des hôpitaux, pédiatre au service de diabétologie et d’endocrinologie de l’hôpital d’enfant Albert Royer de Fann.

Le problème épineux des chiffres alarmants semble déjà montrer la voie à suivre pour mieux faire face à ce fardeau qui ne cesse de constituer un réel problème de santé publique. C’est moins de sucre, plus de sport, un accès facile au traitement. Et «surtout une alimentation saine», a souligné le ministre de la Santé et de l’Action Sociale. Dr Marie Khémess Ngom Ndiaye qui exhorté à un changement de comportement sur le plan culinaire.

Grâce à un dépistage précoce, à un changement d’hygiène de vie et à un traitement adapté, il est tout à fait possible de mener une vie normale lorsqu’on est diabétique. Comme dit souvent le cardiologue Dr Oumou Kébé Dème, «Vous avez peur du cancer, pourtant le diabète est plus dangereux car il cible les organes nobles, les vaisseaux et les nerfs… «. D’où son appel à une mobilisation générale autour de la maladie…

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