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AKUFO-ADDO PROVOQUE LE COURROUX DU BURKINA

Le Burkina Faso a convoqué vendredi l’ambassadeur du Ghana pour exprimer sa « désapprobation » après les propos du président ghanéen Nana Akufo-Addo qui avait affirmé que Ouagadougou avait « conclu un arrangement » avec le groupe paramilitaire russe Wagner.

« Le ministre délégué chargé de la Coopération régionale, Karamoko Jean Marie Traoré a traduit la désapprobation du gouvernement burkinabè envers ces déclarations du chef de l’Etat du Ghana », indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Ces déclarations sont « graves et inexactes », a ajouté une source gouvernementale interrogée par l’AFP, qui a précisé que l’ambassadeur burkinabè en poste à Accra a également été rappelé pour consultations. L’information a été confirmée par une source gouvernementale ghanéenne.

Mercredi, lors d’une entrevue aux Etats-Unis avec le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, le président ghanéen Akufo-Addo, avait assuré que le Burkina avait « conclu un arrangement pour, comme le Mali, employer des forces de Wagner ».

« Je crois qu’une mine dans le sud du Burkina leur a été allouée comme une forme de paiement pour leurs services », avait-il ajouté, précisant que selon lui « les mercenaires russes sont à la frontière nord » du Ghana.

Ne pas « semer le doute »

Lors de son entretien avec le ministre, l’ambassadeur du Ghana, Boniface Gambila Adagbila, a assuré que les propos de son président « ne visaient pas à condamner le Burkina Faso, ni à semer le doute dans les esprits », selon le compte-rendu de la rencontre, publié par le ministère des Affaires Etrangères burkinabè. « L’intention était surtout d’attirer l’attention des partenaires afin de susciter un grand intérêt à l’endroit du Burkina Faso », a ajouté l’ambassadeur, cité dans le communiqué.

En réponse, le ministre Traoré a estimé que le « Ghana aurait pu entreprendre des échanges avec les autorités burkinabè sur la question sécuritaire afin d’avoir les bonnes informations ».

Dans plusieurs pays d’Afrique francophone, Moscou mène une campagne d’influence active notamment sur les réseaux sociaux et jouit d’un soutien populaire grandissant quand la France, ex-puissance coloniale, y est de plus en plus vilipendée. Plusieurs pays accusent la junte au pouvoir au Mali d’avoir recours aux services de Wagner, réputé proche du régime de Moscou, ce que Bamako dément.

La question d’un éventuel rapprochement avec la Russie se pose également au Burkina depuis le coup d’Etat du 30 septembre, le deuxième en huit mois, qui a porté au pouvoir le capitaine Ibrahim Traoré, alors que le pays peine à faire face à des attaques jihadistes meurtrières récurrentes depuis 2015.

Lundi, le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Kyélem de Tembela, a rencontré à Moscou le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhail Bogdanov pour évoquer « les questions prioritaires du renforcement des relations » entre les deux pays, selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères. Interrogé sur ce voyage, le porte-parole du gouvernement burkinabè n’a pas souhaité faire de commentaire.

M. Kyélem de Tembela avait affirmé fin octobre qu’il n’excluait pas de rééxaminer les « rapports » de son pays avec la Russie. « Nous essaierons, autant que possible, de diversifier nos relations de partenariat jusqu’à trouver la bonne formule pour les intérêts du Burkina Faso. Mais il ne sera pas question de nous laisser dominer par un partenaire, quel qu’il soit », avait-il dit mi-novembre.

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