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LA POLICE DES MŒURS DISSOUTE PAR LE KHALIFE GENERAL

Le « ndiguel » sécuritaire est tombé comme une délivrance. Dans sa volonté de rétablir l’ordre dans la ville sainte, le Khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké, a mis fin aux activités de la police des mœurs de Touba connue sous le nom de « Safinatoul Amane » chargée de la répression des atteintes aux bonnes mœurs. La décision a été prise, hier, lors d’un conseil de sécurité avec les autorités de la police et de la gendarmerie.

Dans sa volonté de rétablir l’ordre et de lutter contre le grand banditisme dans la cité religieuse, le khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké, a mis fin aux activités de la police des mœurs de Touba connue sous le nom de « Safinatoul Amane ». Une police qualifiée de « milice » chargée de la répression des atteintes aux bonnes mœurs dans la capitale du mouridisme. Cette décision de dissolution de la police des mœurs a été prise, hier, à Touba par le khalife général lors d’un conseil de sécurité où des autorités de la police et de la gendarmerie ont été conviées.

S’adressant aux responsables des forces de sécurité, le khalife général des mourides, dans sa sagesse, a d’abord remercié les membres de « Safinatoul Amann » qui ont abattu un excellent travail visant à rétablir la culture islamique et la décence au sein des populations de Touba. «Mais toute chose a une fin puisque l’on ne peut pas avoir deux « polices » à Touba pour une même mission qui consiste à lutter contre le grand banditisme. Compte tenu des derniers remous et autres malentendus entre les deux entités de sécurité (Police d’Etat et Police religieuse), j’ai demandé à Serigne Modou Lô Ngabou de surseoir à ses activités du fait que la sécurité est une prérogative régalienne qui appartient exclusivement à l’État. D’ailleurs, j’ai expliqué cela au président de la République au téléphone qui s’est engagé à me mettre en rapport avec le général Moussa Fall pour trouver une solution définitive. C’est qui justifie cette rencontre où j’ai pris la décision de confier la sécurité de Touba aux agents des forces républicaines » a expliqué le khalife général des Mourides en présence des autorités de la police et de la gendarmerie. Puis, le patriarche de Touba a poursuivi en ces termes : « Désormais, je veux que Touba retrouve sa sécurité d’alors comme l’avait légué le père fondateur Serigne Touba qui, durant toute sa vie, ne s’activait que dans les recommandations de Dieu tout en prônant la paix et la sécurité. Nous nous inscrivons dans cette dynamique. Et c’est la raison pour laquelle j’ai demandé aux forces de l’Etat de reprendre en main les questions de sécurité et de relever les défis sécuritaires à Touba. Avec cette nouvelle décision, je suis convaincu que la cité va retrouver son calme d’antan dès lors que l’expertise et le professionnalisme des forces de l’ordre ne sont plus à démontrer » a rassuré le Khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké. Une décision qui ne manquera pas d’être saluée comme il se doit parles populations de la cité religieuse qui n’en finissaient pas de subir les tracasseries de cette « police » aux méthodes si particulières

A l’origine, les dures vérités du commissaire Thiombane !

La descente aux enfers de cette milice avait commencé lors de la journée portes ouvertes du commissariat de Ndamatou, à Touba. A cette occasion, le responsable de la désormais ex-police des mœurs « Safinatoul Amane », Modou Diop Ndiaobé, avait reproché aux agents du poste de Gouy-Mbind de refuser de collaborer avec ses hommes chargés du respect des bonnes mœurs et des interdits à Touba. Des reproches auxquels le commissaire de Ndamatou, Mass Thiombane, avait répliqué de manière retentissante, histoire de recadrer les membres de « Safinatoul Amane » qui voulaient faire la police à la place de la police. Dans un discours courageux qui honorait la République et avait fait applaudir les journalistes du « Témoin » lorsqu’ils avaient regardé la vidéo rendant compte de cet échange de propos, ce brillant et très prometteur commissaire de police avait recadré ainsi le responsable de « Safinatoul Amane. « Non ! Vous n’avez aucune prérogative pour faire la police. Un civil ne peut jouer le rôle de la police. Vous êtes des civils et devez rester des civils qui doivent laisser la police faire son travail régalien. En ma qualité de commissaire de police et responsable de la sécurité des personnes et des biens, je ne peux pas tolérer certaines dérives que commettent les membres de « Safinatoul Amane ». Comment pouvez-vous interpeller des personnes, les torturer, les filmer pour les contraindre de passer aux aveux ? Vous n’avez aucun droit de le faire ! Et aucun Etat de droit ne saurait le tolérer…On doit respecter la dignité humaine et la présomption d’innocence » avait sermonné le commissaire Thiombane. Pour mieux se faire combattre, le courageux jeune commissaire de police avait ajouté : « Je le répète ! L’arrestation et l’interpellation d’un individu, ce sont les prérogatives de la police. Il est vrai que votre structure travaille sous la bénédiction du Khalife, mais il y a des limites à ne pas franchir! Et seuls les services de police et de gendarmerie sont légalement investis à franchir ces limites dans le respect des lois et règlements de la République » avait précisé le courageux commissaire de Ndamatou.

 Sur sa lancée, il avait invité à la raison les membres de la police des mœurs de Touba. « On ne peut pas demander à un fonctionnaire de police qui a prêté serment de sanctionner quelqu’un sur la base de quelque chose que la loi ne prévoit pas. On ne peut pas le cautionner. On attend des renseignements venant de l’organisation de « Safinatoul Amane » plutôt qu’on nous amène des gens lynchés à mort. Non ! La police d’Etat ne fonctionne pas dans une telle anarchie ! » avait tonné le commissaire Mass Thiombane dont la position avait séduit toute la République via les réseaux sociaux. Car cette milice qui vient d’être dissoute, « Safinatoul Amane », se comportait comme une véritable police parallèle, faisant des planques, des filatures, infiltrant, dressant des « check-points, interpellant, gardant à vue, interrogeant, faisant des perquisitions, déférant…devant la police d’Etat et faisant de la présomption de culpabilité la règle !

Serigne Fallou Dieng « Une bonne décision coupant la poire en deux ! »

Interpellé à propos de cette décision du Khalife général des mourides visant « Safinatoul Amane », le responsable des Soufis Intellectuels du Sénégal (CIS), et petit-fils de Serigne Touba, Serigne Fallou Dieng, s’est félicité de cette dissolution de la police de mœurs. « Serigne Mountakha a coupé la poire en deux et remis chacun à sa place. C’est-à-dire la police et la gendarmerie à leur place d’identité professionnelle et les groupes d’autodéfense ou polices religieuses à leur autorité morale. Donc la protection des libertés est intrinsèquement liée à la sécurité des biens et des personnes. Puisque c’est la même notion de défendre un ordre dont la finalité est la protection des libertés publiques, d’assurer la sécurité des personnes et des biens. Ce qui ne laisse nullement place à la pratique de coercition par des groupes d’autodéfense. Cette dissolution me rappelle celle de la police de mœurs d’Iran intervenue il y a quelques semaines. Car les dérives de cette police des mœurs avaient poussé le président iranien à la dissoudre suite à des violentes manifestations consécutives à la mort de la jeune Mahsa Amini morte dans les locaux de cette police des mœurs après avoir été arrêtée pour un voile mal ajusté » a fait savoir ce petit-fils de Serigne Touba joint par « Le Témoin » depuis la capitale du mouridisme.

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