Pelé, il était une figure emblématique, une légende, un symbole…
Alité depuis des semaines, Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé, est décédé ce jeudi soir à l’âge de 82 ans. Le monde du football vient de perdre sa plus grande figure, l’un des footballeurs les plus adulés de l’histoire. L’information a été donnée par son agent à l’Associated Press.
Alors qu’il avait 82 ans et qu’il multipliait de plus en plus les visites à l’hôpital (récemment opéré d’une tumeur au colon), l’ancien buteur de Santos a cette fois rendu son dernier souffle. Il laisse derrière lui un héritage lourd de prestige pour la Seleção et les annales du football mondial.
Plus qu’un footballeur, Edson Arantes do Nascimento était un mythe et l’idole de toute un peuple. Né le 23 octobre 1940 à Três Corações dans l’état de Minas Gerais au sud du Brésil, « Au cours de sa vie, Edson a charmé le monde avec sa brillance dans le sport, a arrêté une guerre, a effectué un travail social à travers le monde et a répandu ce qu’il croyait le plus être le remède à tous nos problèmes : l’amour », lit-on dans le communiqué de sa famille juste après sa disparition.
Un modèle d’athlète différent du ‘’brésilien’’ cliché
Pelé est loin de ce typique du footballeur brésilien carnavalesque, celle de l’alcool et des excès, mais le modèle apollinien adepte au culte et au soin du corps : le professionnalisme. Né en juin 1940 et fils d’un footballeur amateur, il grandit à Três Corações, dans l’État du Minas Gerais, au nord de Rio de Janeiro. Blessé gravement, son père avait échoué à une carrière professionnelle. Conséquence, le jeune Edson Arantes do Nascimento n’envisage pas le football comme un loisir, mais comme une profession.
Pelé adopte cette vision non hédoniste du ballon rond dès l’âge de 15 ans lorsqu’il débarque au Santos FC et qu’il est logé dans la Concentraçāo, l’hôtel qui sert d’appui pour les mises au vert des joueurs pros. Il mène là-bas une vie monacale et se montre extrêmement soucieux de son corps. D’ailleurs, Pelé n’est pas un colosse au physique d’athlète. Lorsqu’il était joueur, il mesurait 1,72 m pour 75 kilos et chaussait du 39. Mais son anatomie était harmonieuse et bien proportionnée, suffisante pour lui permettre de devenir un joueur de niveau planétaire et de nous régaler par des buts ou des actions d’anthologie.
Une légende qui a forcé le respect !
Déjà, Roi Pelé est le seul à avoir gagné trois Coupes du monde (1958, 1962 et 1970). Des performances qui a notamment aidé à construire la gloire du football brésilien, celles qui contribuent aujourd’hui encore à la légende sportive de ce pays. Ce n’est donc pas un hasard s’il a aussi été désigné comme athlète du siècle en 1999 par le Comité international olympique. En tant que jeune prodige, il gagna d’ailleurs son premier Mondial alors qu’il n’avait que 17 ans. Mais pour beaucoup, la Coupe du monde de 1970 demeure à jamais son plus glorieux moment.
Cette année-là, à 29 ans, il fut en pleine possession de ses moyens et mit son costume de chef d’orchestre pour guider l’une des plus belles équipes que le football nous ait offertes. Ce Mondial mexicain étant le premier à être diffusé en direct et en couleur, les prouesses de Pelé restent bien ancrées dans l’imaginaire collectif. Il doit aussi son titre de meilleur joueur de l’histoire à cette exposition médiatique inédite et relègue au second plan les gloires antérieures du foot international comme Alfredo Di Stefano.
Un assoiffé de triomphe et de records
Le maillot auriverde (97 buts en 91 sélections) ne sera pas la seule étoffe à contribuer à la légende de Pelé. Sous les couleurs du Santos FC, il conduit cette équipe au panthéon mondial du ballon rond. Un an avant l’arrivée du prodige en 1956, le club ne compte que deux titres de champion régional de São Paulo. Sous son règne, le club gagne cinq fois le championnat national entre 1961 et 1965, deux Copas Libertadores (la version sud-américaine de la Coupe des champions) et deux Coupes intercontinentales en 1962 et 1963. Après le départ du numéro dix brésilien, le Santos FC est classé 5e plus grande équipe du XXe siècle par la Fifa.
Si Pelé est considéré comme le plus grand de tous, il le doit aussi à sa propension à ne pas avoir raté ses rendez-vous cruciaux, contrairement à Johan Cruijff (finaliste du Mondial en 1974) et à ne pas s’être fait trop étourdir par la célébrité, tel Diego Maradona (suspendu pour usage de cocaïne). Il est le symbole de la rationalité sportive. Son talent se met au service du spectacle, mais c’est aussi sa meilleure arme pour vaincre. Il n’est pas un puriste du jeu comme son homologue néerlandais fier d’avoir perdu face à la RFA parce que son équipe des Pays-Bas avait tout de même marqué les esprits. Il est un gagneur qui raisonne avec des objectifs chiffrés, comme dépasser les 1 000 buts inscrits (1 281 au total en 1 363 matchs sur 21 ans de carrière).
Loin des pelouses mais toujours présent
Pelé véhicule comme message aux yeux des élites que le travail et l’abnégation paient. Il est alors un exemple idéal pour ne pas désespérer les classes populaires qui ont raté le train de la prospérité économique. « Si je meurs un jour, je serais heureux parce que j’ai essayé de faire de mon mieux. Mon sport m’a permis de faire tellement parce que c’est le plus grand sport du monde », a une fois affirmé Pelé. Il est la preuve ultime de l’universalité du sport.
A travers sa reconversion, Pelé est le premier sportif retraité à obtenir un rôle important auprès de l’ONU et de la Fifa pour mener des actions humanitaires. Messages de prévention contre la drogue, commission du fair-play, Téléthon de l’Unesco pour les enfants en difficulté et même une participation au processus de paix israélo-palestinien… Il aura été un exemple de reconversion pour les gloires futures comme le Brésilien Ronaldo ou Zinedine Zidane en utilisant sa notoriété pour des causes nobles.
Un emblème, une légende du football pour ceux qui l’ont vu jouer et une inspiration pour les joueurs du XXIe siècle, la trace qu’il laisse est immense. De Neymar à Mbappé, en passant par Robinho, Edson Arantes Do Nascimento est une idole pour hier, aujourd’hui et demain. Il a marqué l’histoire du football ! Pelé a tout simplement marqué l’histoire du sport en général. Le roi Pelé est mort, mais sa légende le dépose au panthéon des plus grands s’il n’est le plus grand.
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