LA PILULE QUI A CALMÉ LES MAUX DE L’ÉCOLE
L’année 2022 a été un tournant dans les négociations entre l’Etat et les syndicats enseignants. Des accords sur l’augmentation des indemnités et la revalorisation des salaires qualifiés de révolutionnaires par les acteurs qui ont apaisé le climat.
La Fonction publique sénégalaise emploie environ 125 000 agents, les enseignants comptent pour 75 000, sans compter les 25 000 contractuels. Avec les grèves cycliques que le Sénégal a connues ces dix dernières années qui ont impacté négativement sur les enseignements-apprentissages, l’Etat et les enseignants étaient condamnés à s’entendre. Surtout que les élèves et les parents s’en sont mêlés pour dire basta ! De réunions en réunions, le 26 février 2022, après pratiquement deux mois de perturbations, les deux parties ont signé un accord jugé historique. Qui a d’ailleurs permis une stabilité scolaire espérée pour de nombreuses années. Témoin privilégié de ces négociations, Abdourahmane Guèye, secrétaire général de l’Union démocratique des enseignants (Uden) revient sur l’ambiance qui a prévalu lors des ces pourparlers. « Je rappelle que d’abord c’était un long processus qui avait démarré par la reprise des monitorings du 4 octobre 2021. Il y avait une bonne ambiance, une sérénité totale et un respect de la posture de chacune des parties. La détermination des syndicalistes et de leurs bases a été un facteur décisif dans la signature de ce protocole ».
Accords signés
Concernant la revalorisation du régime indemnitaire des fonctions dirigeantes et administratives, les deux parties se sont entendues sur la proposition du Gouvernement d’adopter une approche fonctionnelle, en lieu et place de la création de corps des administrateurs scolaires, renseigne ledit protocole d’accord signé. Celui-ci prévoit la mise en place d’un dispositif opérationnel de renforcement de capacités. La revalorisation de l’indemnité versée aux enseignants occupant une fonction dirigeante et administrative, a été retenue… Par ailleurs, les parties ont réaffirmé leur engagement en faveur des cinq priorités du ministère de l’Education nationale. Il s’agit de « promouvoir un climat social apaisé dans l’espace scolaire, renforcer l’efficience et l’efficacité du système, renforcer les capacités des acteurs pour un meilleur pilotage de la qualité », entre autres. Dans cette même lancée, il est évoqué la mise en place d’un dispositif de suivi de l’accord à compter de la date de signature du présent accord. Ce comité de suivi, composé de représentants de la présidence de la République, du gouvernement, des organisations syndicales représentatives.
2023 pour confirmer ou infirmer les résultats de 2022
Pour Charles Emile Abdou Ciss ancien directeur de la solde, sur une masse salariale de 633 milliards, les 320 milliards, plus de la moitié, vont aux enseignants, ceux de l’enseignement supérieur non compris. Sur l’indemnité de logement, l’ancien patron de la solde disait seuls trois corps dont les enseignants ont cette indemnité, mais aussi chaque corps a ses spécificités. En termes de pourcentage de budget, le secteur de l’enseignement est à 52%. Pour les enseignants, ces accords ont beaucoup revalorisé leur statut et définitivement corrigé une « injustice ». Et c’est en grande partie grâce aux syndicats les plus représentatifs dit G7 dont le Cusems et le Saems. Leurs leaders Abdoulaye Ndoye et Saourou Sène estiment avoir accompli leur mission et ont, par conséquent, transmis le témoin à d’autres. D’aucuns lient les résultats jugés satisfaisants aux examens du baccalauréat et du Bfem à ces accords entre l’Etat et les enseignants. 2023 confirmera ou infirmera une telle lecture.