L’ARMÉE MEXICAINE DU TROISIÈME MANDAT
Les débats télévisés du 31 décembre portant sur le discours de fin d’année du président Macky Sall, ont mis au jour une nouvelle race de mercenaires politiques. Il s’agit de supplétifs à l’armée de mercenaires du troisième mandat : les « renieurs ». Ces défroqués qui ont rejoint le camp des forces déliquescentes de rapaces. Signes caractéristiques de ces nouvelles recrues ? Elles avaient la sueur graisseuse, la parole baveuse, haineuse, le sourire figé de prédateurs-tueurs embusqués. Forcés de justifier la sincérité de leur ralliement, de donner des gages qu’ils ont vraiment renié leurs convictions d’hier concernant l’impossibilité légale et morale du troisième mandat, ces supplétifs mercenaires donnaient l’impression à l’antenne, de souffrir de l’urticaire, victimes d’une fièvre hémorragique nommée traîtrise.
Sommés de prendre (provisoirement) le commandement d’une armée régulière intoxiquée par trop de scandales, engluée dans des affaires de mœurs et autres bamboulas très peu vertueuses encore moins sobres, les supplétifs nouvellement enrôlés ont fait montre d’incompétence crasse et de peu de crédit, que par anticipation, le peuple, celui-là même qui souffre dans sa chair de la politique d’un général tombé en disgrâce et perdu dans les crimes de la mégalomanie ; ce peuple qui chie sur des prétendues bourses (d’insécurité) familiales, de mensonge sur la baisse des prix de denrées de premières nécessités, sur les emplois-mirage qui amplifient au lieu de réduire leur nombre (chômeurs) ; le TER qui a permis à Macron (le parrain) de sauver un ex-fleuron de l’industrie française, Alstom et de mettre à terre nos trains et autres DDD. Ce peuple-là a préféré vous jouer une bruyante et joueuse musique avec des instruments bien de chez nous, fabriqués par nos forgerons : des casseroles ! Comme des cymbales, des tambour et autres ritis, bien de chez nous. Pourtant, (sans surprise du reste) j’ai lu ce lundi la honteuse production de vos mercenaires et supplétifs : la presse agenouillée sur sa mission grâce à leurs sébiles débordantes de billets: le prix de leurs « coucheries ».
En effet. Vos mercenaires plumitifs ont, soit ignoré les joyeux concerts dans les quartiers populaires, dignes des journées (nuits) de la musique, soit minimisé. Normal, ils s’appliquaient à ne pas perdre un mot (bien qu’ils aient le texte écrit depuis le matin du 31 décembre, voire même la veille) de votre monologue anesthésiant de fin…de règne.
À l’aube de jours…incertains
La question « où va le Sénégal » d’analyses académiques, encore moins d’anecdotes autour d’un verre ou d’un café Touba est dramatiquement actuelle et rythmera nos vies durant les 14 prochains mois. Le monologue du président le 31 décembre a pourtant été bruyant sur l’avenir : l’impunité est une règle de sa gouvernance et le (son) troisième mandat, d’évidence pour lui. Parce qu’il faut quand même être naïf, pour penser qu’il a prévu un étalon ou une jument de remplacement, pour aller gagner la course de haies de 2023. Et ça n’a jamais zélé dans ses options républicaines, pour la simple raison qu’il s’est départi des principes républicains, quand il a goûté pour la première fois aux délices de la République. Il noya la vertu et la sobriété dans les fanges puantes d’une gestion gabegique. Quand ils ont voulu tuer le Père (voire le grand père), ils rejoignîmes l’armée des sans-culottes en mouvement contre le « wakh wakhet » avec un funeste projet : remplacer (à termes) le Père par le Fils. Comme en monarchie. Comme un billet d’entrée dans l’arène ou les justes affrontaient les félons et autres forbans qui complotaient contre la République et ses valeurs. Contre les héritages monarchiques en République et sa fille utérine : la démocratie. Pour se faire accepter donc, ils synthétisèrent les maux du régime du vieux (dont ils firent partie du reste) par des mots qui avaient une musicalité rafraîchissante dans ce tintamarre de fin de règne : la patrie avant le parti, la gouvernance « sobre » et « vertueuse », la « reddition des comptes », une justice qui redevienne vraiment dame justice et non la putain de la République…
Sans héritiers donc, parce qu’ayant mangé tous ses enfants (fils et filles) qui avaient l’outrecuidance de lorgner le fauteuil royal avant sa mort. Le roi refuse de mourir sans amener avec lui ses sujets : partisans comme opposants. La survie des forbans du royaume, le sursis des pillards-paillards, des jouisseurs, des voleurs en tous genres, dépend d’un troisième couronnement du roi. Et tout porte à croire qu’il est assuré du soutien et du parapluie du petit Napoleon qui (nous) gouverne depuis l’Élysée, et de sa bande de mercenaires financiers et techniques : l’UE. Leur silence assourdissant est révélateur de leur camp. Il ne faut rien attendre de ces gens-là. Les dizaines de morts probables (comme ceux déjà comptabilisés en 2011 pour combattre la forfaiture d’un troisième mandat, ou les 14 victimes du complot du cul de mars 2O21), ne les émeuvent pas. Parce que voyez-vous, il n’y a que nous qui sommes aveugles pour ne pas le voir : pour eux, la démocratie et ses principes sont à géométrie intérêts) variable.
Le fameux « gouvernement de combat » du revenant Amadou Ba va accentuer son combat contre les opposants. Ces derniers (politiques, journalistes, membres de la société civile) trouveront sur leurs chemins tous les appareils censés défendre la République et ses principes (Justice, police, les supplétifs plumitifs de la presse). En face, le peuple pour lequel on prétend gouverner sera (ou pas) obligé de défendre ce qui fait sa raison d’exister : sa souveraineté.
Oui, nous sommes bel et bien à l’aube de jours incertains. Des jours mortels, tragiques où peut être, le « bon sens » qu’on prétend être la chose la mieux partagé , ne prévalerait pas. Mais dans ce pays, qui croit encore à la prégnance du bon sens ?
Bonne et heureuse année à tous ceux et celles à qui je m’impose (à l’improviste, au(x) grand(s) regret(s) du père fouettard René Lake). J’ai l’impression qu’on n’a pas fini de se taper sur la gueule en 2023.
Pensée impuissante à mon collègue et jeune frère Pape Alé Niang. Si tu meurs demain dans ta cellule, que personne ne vienne dire que tu étais (seul) responsable de ta mort. Parce qu’on aura hypocritement « oublié » pourquoi tu étais dans cette prison, et pourquoi tu en es arrivé à mettre ta vie en jeu. Pour tes convictions. Jusqu’ici, je n’ai pas pu résoudre la question de la mort et de de certaines de ses modalités. Provoquée ou volontaire. Assistée ou laissée à la volonté de Dieu, comme le croient beaucoup, ou à la nature : le corps qui abdique. Quand dans notre profession on dit aux journalistes qu’aucune information, aucune nouvelle ne vaut la mort, on a juste omis d’ajouter : jusqu’où suivre et vivre nos convictions ? Je crois qu’il n’y a pas une réponse à ces interrogations ; à chacun ses réponses : convaincantes ou pas.