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«MACKY SALL DONNE L’IMPRESSION D’UN CAPITAINE SUR UN NAVIRE SANS GOUVERNAIL»

Entre le pouvoir et l’opposition, il y a un seul pas. Et Lansany Gagny Sakho n’a pas attendu la chute du régime Macky Sall pour échanger la tunique marron-beige à celle aux couleurs mauve et verte. Désormais de l’autre côté, l’ancien Directeur de l’office National de l’Assainissement du Sénégal (Onas) n’est pas du tout tendre avec ses anciens compagnons et particulièrement son ex-leader le président Sall. il a «tailladé » le discours à la nation de ce dernier effectué le 31 décembre dernier ;

«Un discours sans âme. » Tel est l’intitulé de la tribune publiée hier par Lansana Gagny Sakho et portant sur l’adresse du Président Sall à la nation. L’ancien cadre apériste n’y est pas allé par quatre chemins en analysant le discours de nouvel an du chef de l’Etat. «Je n’avais jamais douté que le Président Macky Sall allait nous servir le même discours avec les mêmes rhétoriques sulfureuses d’émergence. Je m’interroge, je m’inquiète, je deviens de plus en plus sceptique sur leurs capacités intellectuelles à relancer l’économie de ce pays. Ils sont plus dans une logique d’une économie recettes/ dépenses », déclare le sieur Sakho. Or, pour lui, il ne fait aucun doute que la clé du succès se trouve tout simplement dans le système de création de richesses.

Loin d’être satisfait par l’intervention du président de la République, le «néo-patriote » pense que Macky Sall allait faire le point dans son discours du 31 décembre 2022. « Mais que nenni, il a décidé de faire passer l’année 2022, par pertes profits. Le bon sens aurait voulu qu’il fasse au moins le point sur le Plan Sénégal Émergent (Pse) », se désole6t-il. Poursuivant, il soutient qu’aucun des problèmes de fond du pays n’a été abordé, le Président s’étant plutôt évertué à lister une série de réalisations

Lassana Gagny Sakho se désole par ailleurs qu’il n’y ait pas un mot sur le secteur privé national dans le discours. En passant de la transformation structurelle de l’économie au concept bateau «Xeyu Ndawy» qui traduit un échec patent, souligne Monsieur Sakho, la meilleure attitude fut de ne pas faire mention de cette problématique. «Le Président Macky Sall donne l’impression d’un capitaine sur un navire sans gouvernail dans le flot des océans », se désole-t-il. Malgré son Pse, souligne-t-il, le taux d’analphabétisme au Sénégal dépasse les 50%. Pis, ajoute-t-il, quelques trois cent mille (300.000) Sénégalais décrochent chaque année un diplôme de l’enseignement supérieur, mais seuls un tiers d’entre eux trouvent du travail.

«A DEFAUT DE MUSELER L’OPPOSITION, LE POUVOIR EST QUAND MEME ARRIVE A REDUIRE LE SECTEUR PRIVE A SA PLUS SIMPLE EXPRESSION»

L’ancien Directeur de l’Onas estime que les discours «lénifiants» sur la croissance que tientle Président Macky Sall à des populations sénégalaises désespérées, affamées et humiliées n’ont aucun rationnel. «Il doit arrêter de leurrer les populations et de se leurrer lui-même, en agitant ces histoires de taux de croissance », préconise-t-il. Lansana Gagny Sakho indique dans la foulée que «tous les Sénégalais seraient très curieux de connaître l’impact des investissements comme le stade Abdoulaye Wade, l’Arena, le Ter (structurellement déficitaire), Air Sénégal (un mort-né qui a couté une fortune au contribuable sénégalais) sur leur pouvoir d’achat», mais également sur l’insertion des jeunes diplômés. Poursuivant, Monsieur Sakho pense que le Président Macky Sall doit savoir que, se développer, c’est sortir du modèle de l’exportation des matières premières ; se développer, c’est faire du secteur secondaire et industriel une priorité. «Quand on parle de développement, on ne brule pas les étapes, chaque chose se fait selon un ordre, priorité par priorité : une bonne politique de santé, une bonne politique de jeunesse, une bonne politique pour d’éducation. L’ensemble doit être soutenu par un secteur privé national fort», explique-t-il.

A en croire toujours Monsieur Sakho, le Sénégal est moins industrialisé aujourd’hui qu’il ne l’était du temps des Socialistes. Et l’investissement privé dans les industries modernes, en particulier dans les biens échangeables, reste trop faible pour soutenir la transformation structurelle de notre économie.

A défaut de museler l’opposition, indique Lansana Gagny Sakho, le pouvoir est quand même arrivé à réduire le secteur privé à sa plus simple expression. «Ce gouvernement a atteint ses limites : ce n’est pas qu’ils ne veulent pas, mais ils ne peuvent pas et ne savent pas travailler», souligne-t-il. Pour Macky Sall, poursuit-il, le seul crime qui existe au Sénégal c’est le fait d’être opposant. C’est pourquoi, conclut-il, il a sous son aile protectrice «tous les délinquants à col blanc qui ont volé les milliards».

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