L’angoisse de voyager ! le Sénégalais semble se fixer un rendez-vous avec la mort…
Je m’incline pieusement devant la mémoire de toutes ces âmes tragiquement ôtées sur la route de kafffrine. D’Allah nous venons et vers Lui nous retournerons. Quoi de plus douloureuse pour leurs familles d’avoir à accepter que le voyage de leurs proches le Samedi dernier serait pour toujours !
Ils étaient nombreux à emprunter ces bus, machines qui fonctionnent au kérosène du sang et pour plusieurs raisons, mais rares pourront faire le récit de leur voyage. Récit douloureux et insoutenable, qui secoue sensiblement tous les cœurs dotés d’humanisme.
Par contre ne faudrait-il pas s’emparer de notre courage à dire les véritables raisons de ces récurrents mortels accidents et non de se réfugier sous le voile transparent et léger du destin ?
Dans ces circonstances douloureuses qui deviennent monnaie courante, la responsabilité entière de l’homme est engagée. Même si certains continueraient toujours de parler de destin, ce serait un destin sous tendu par la main visible d’irresponsables. Entre irresponsabilité et indiscipline des chauffeurs, laxisme et corruption qui minent le secteur des transports routiers , la vie humaine devient le jouet d’amateurs et d’insolents, qui prennent chaque matin le volant de ces transports en commun qui ne cessent d’enterrer leurs passagers.
Semble-t-il que nous n’avons rien retenu de l’histoire triste du Joola et de plusieurs accidents mortels qui arrivent tous les jours sur nos routes. Ce ne sont toujours que des mesures réactionnaires et jamais celles visant à corriger les multiples défaillances une bonne fois pour toute. Prendre des mesures c’est bien, mais pérenniser leur application est encore meilleure. Ainsi, la santé technique des véhicules, leurs capacités intérieure et extérieure, la délivrance des permis de conduire, qui est devenue un marché noir, sans oublier les honteuses tracasseries policières qui valident tous les forfaits au prix d’un billet insignifiant de 1000f,doivent impérativement et sévèrement être diagnostiquées. Le Sénégal est le seul pays où voyager devient une angoisse pour le passager. Déchiré entre la peur et l’incertitude de pouvoir voyager dans des conditions minimales de risques, le Sénégalais semble se fixer un rendez-vous avec mort à chaque fois qu’il accoste sur un bus. Absolument rien ne garantit sa vie le long du trajet. Il ne peut avoir confiance ni à l’état des routes, ni à la discipline et professionnalisme de son chauffeur encore moins au travail de contrôle des agents de police. D’oú l’urgence de faire une introspection et de remettre la sécurité de l’usager au centre de toutes les politiques de transport routier.
Les routes sénégalaises sont assez arrosées du sang et de larmes d’hommes et de femmes, qui partaient à la poursuite de leur gain de subsistance. Ces trans-morts en commun aux multiples défaillances ont freiné la vie de milliers de personnes, brisé le rêve de centaines d’autres. L’Etat à qui notre sécurité est confiée doit sévir et sans complaisance pour que plus jamais des vies ne soient ôtées aussi brutalement sous l’autel de l’indiscipline et de l’irresponsabilité.
Professeur MODOU AISSA Seye.
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