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Elections législatives au Bénin : l’opposition rejette la victoire du camp présidentiel

La Cour constitutionnelle du Bénin a confirmé jeudi soir les résultats provisoires des législatives, selon lesquels le camp du président Patrice Talon a remporté 81 des 109 sièges au Parlement, contre 28 au principal parti d’opposition qui dénonce des fraudes massives.

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De son côté, la mission d’observation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a jugé que le scrutin de dimanche s’était déroulé conformément aux règles en vigueur.

Le camp du président Patrice Talon a remporté la majorité des sièges au Parlement, a déclaré jeudi 12 janvier la Cour constitutionnelle du Bénin. Les partis de la mouvance présidentielle, le Bloc républicain (BR) et l’Union progressiste pour le renouveau (UP-R), ont remporté 81 des 109 sièges au Parlement, tandis que le principal parti d’opposition Les Démocrates a obtenu 28 députés au terme des élections législatives de dimanche dernier.

Le scrutin, qui s’est déroulé dans le calme dimanche dernier, faisait office de test pour le petit pays d’Afrique de l’Ouest, jadis perçu comme un modèle de démocratie. Si les partisans du président Talon, richissime homme d’affaires élu en 2016 et réélu en 2021, estiment qu’il a favorisé le développement économique, ses détracteurs l’accusent d’avoir fait reculer la démocratie, ses principaux concurrents ayant été soit emprisonnés, soit forcés à l’exil.

Ce scrutin doit marquer le retour de l’opposition au Parlement après quatre ans d’absence, car elle n’avait pu participer aux précédentes législatives en raison d’un durcissement des règles du scrutin par le pouvoir.

« Fausser le jeu démocratique »
Mais jeudi matin, l’opposition avait d’ores et déjà rejeté les résultats provisoires dévoilés par la Commission électorale nationale autonome (Cena), dénonçant un scrutin verrouillé et des fraudes massives.

Lors d’une conférence de presse, le chef des Démocrates, Eric Houndete, a dénoncé un bourrage des urnes, des trucages et des achats de vote « flagrants » par les deux principaux partis pro-pouvoir, sans toutefois fournir des preuves dans l’immédiat.

« Le parti des Démocrates rejette ces résultats, qui ne reflètent pas la volonté du peuple de faire de nous la première force politique du pays », a déclaré Eric Houndete. « Les scores attribués aux deux partis siamois (pro-Talon) n’ont pu être atteints qu’avec des combines mises en place pour fausser le jeu démocratique », a-t-il ajouté.

Une mission d’observation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a jugé que le scrutin de dimanche s’était déroulé pacifiquement et conformément aux règles en vigueur.

Rivaux écartés
Les dernières législatives organisées en 2019 avaient été marquées par des violences meurtrières, une abstention record (plus de 70 %) et une coupure totale de l’internet, des faits rarissimes au Bénin.

En l’absence de l’opposition, seules deux formations de la mouvance présidentielle avaient été autorisées à concourir, donnant un Parlement entièrement acquis au président Talon.

Deux des principaux adversaires du président, le constitutionnaliste Joël Aïvo et l’ancienne garde des Sceaux Reckya Madougou, ont été condamnés à de lourdes peines et sont toujours détenus.

Le parti des Démocrates avait annoncé qu’il proposerait au parlement une loi d’amnistie pour permettre la libération des opposants politiques et le retour au pays des exilés.

Joël Aïvo et Reckya Madougou ont été condamnés après avoir été jugés par une cour spéciale dédiée au terrorisme et aux crimes économiques, le CRIET, que les adversaires de Patrice Talon accusent d’être instrumentalisée pour briser toute opposition.

Pression jihadiste
Le pouvoir souligne de son côté la nécessité de réprimer les violences jihadistes en hausse aux abords de sa frontière nord avec le Burkina Faso et le Niger, comme dans d’autres pays du Golfe de Guinée (Ghana, Togo, Côte d’Ivoire).

Cette année, sept partis politiques, dont trois se réclamant de l’opposition, ont été autorisés à participer aux législatives. Quelque 6,6 millions d’électeurs étaient appelés à désigner les 109 députés, dont au moins 24 femmes – au moins une par circonscription, selon le nouveau Code électoral.

L’élection se fait à la proportionnelle : seuls les partis ayant recueilli plus de 10 % des suffrages – l’UP-R, le BR et Les Démocrates selon les résultats provisoires – se partagent les sièges du parlement.

Le retour au parlement est important pour l’opposition dans la perspective de la présidentielle de 2026, où les candidats devront être soutenus par des parlementaires pour être enregistrés.

Par ailleurs, le scrutin intervient alors que le mandat des juges de la Cour constitutionnelle, qui joue un rôle crucial dans la supervision des élections, doit s’achever cette année, et que la prochaine présidentielle aura lieu dans trois ans. Trois de ces juges sont nommés par les parlementaires, et trois par le président.

Avec AFP

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