L’INVITE DE SERIGNE SIDY AHMED SY DABAKH A UNE INTROSPECTION COLLECTIVE
Le Gamou de Diacksao de cette année se tient dans un contexte politique très chargé. Il s’y ajoute une perte des valeurs, une crise d’autorité, une rupture de confiance entre les différents acteurs. C’est pourquoi Serigne Sidy Ahmed Sy Dabakh n’a pas occulté ces questions à l’occasion de son traditionnel message pour annoncer la tenue du Gamou. Il a invité l’ensemble des Sénégalais à une introspection collective, avant que l’irréparable ne se produise.
Diacksao est déjà dans les préparatifs de la célébration de son Gamou annuel, après 2 ans de pause liés à la pandémie de COVID-19. L’édition 2023 sera célébrée le 18 février prochain et dans son appel, Serigne Sidy Ahmed Sy Dabakh n’a pas manqué d’évoquer la situation politique très tendue dans le pays, mais aussi les crises multiformes qu’il traverse, notamment la crise des valeurs, de l’autorité, la crise de confiance entre les différents acteurs. Et c’est fort de ce constat qu’il a appelé tous les Sénégalais sans exclusive à une introspection collective.
Selon Abdou Aziz Diop petit-fils de Maodo et homonyme de Dabakh qui a lu le message du guide religieux, les Sénégalais sont invités à mettre en avant l’intérêt supérieur de la nation, au-dessus des intérêts partisans, personnels ou individuels. Pour lui, beaucoup d’incertitudes planent sur l’avenir du Sénégal, à travers des invectives, des prises de position, des diatribes venant de tous les bords ; et c’est pourquoi le guide religieux a appelé à la raison tous les acteurs, de quelque bord qu’ils se situent. Le thème du Gamou est tiré du Saint Coran, « Ne dites que du bien des gens », avec comme parrain la famille omarienne, pour magnifier la nécessité d’une concorde et d’une cohésion nationale. « Nous avons un patrimoine immatériel inestimable que les autres n’ont pas. Il urge de le préserver, car c’est le gage de notre stabilité sociale, de notre cohésion nationale.
La confiance mutuelle et le respect doivent être de mise dans l’espace public et privé », a déclaré Serigne Ahmed Sy Dabakh. Il a également posé une doléance sur la table, concernant l’approvisionnement de toute la localité en eau potable. Il y a en effet un seul forage qui date de 1982 et 40 ans après, dit-il, Diacksao souhaite avoir un second forage. Il s’y ajoute le besoin de l’érection d’une maternité. Dacksao est le fief spirituel d’El Hadji Malick Sy, son patrimoine foncier qu’il a fondé en 1904, année de naissance de Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh, défunt Khalife Général des Tidianes. C’est aussi un haut lieu d’éducation et de formation spirituelle, mais aussi d’adoration de Dieu. C’est également un lieu où El Hadji Malick Sy, entouré de ses disciples, s’adonnait aux travaux champêtres, pour vivre dignement et licitement, à la sueur de son font. Selon Abdoul Aziz Diop, Diacksao, c’est aussi un lieu de régulation sociale et la mémoire collective retient encore le nom du grand catalyseur Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh le régulateur social, l’Apôtre de la paix. En effet, Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh n’hésitait jamais à prendre son bâton de pèlerin pour éteindre les foyers de tension dans le pays et même au-delà, et le maître actuel des lieux, en l’occurrence Serigne Sidy Ahmed Sy Ibn Dabakh, est dans cette même trajectoire.
La grande salle de la maison de Serigne Abdoul Aziz Sy «Dabakh » à Diacksao est une mémoire vivante, dans le cadre de la quête perpétuelle de la paix et de la stabilité nationale. Beaucoup de crises touchant l’avenir de la nation y ont été résolues. C’estlà où le guide religieux convia tous les élèves et étudiants du Sénégal pour des consultations autour de la crise estudiantine de 1968, et c’est ce jour-là que le mot d’ordre de grève a été levé à l’époque, renseigne Abdoul Aziz Diop. C’est aussi dans la même salle que la fameuse crise énergétique avec le SUTELEC de Mademba Sock a été réglée. En ce qui concerne la crise entre le Sénégal et la Mauritanie en 1989, « Dabakh » avait pris son bâton de pèlerin pour rencontrer les deux Chefs d’Etat. Il a également joué un rôle dans la crise entre l’Iran et l’Irak et avait même écrit à Bill Clinton dans ce sens.
A l’occasion de ce Gamou, il sera question de revisiter la vie et l’œuvre du Prophète, mais le legs, les enseignements du Prophète. Il sera aussi de grands moments de prières, avec une dimension spirituelle, économique et sociale. C’est ainsi qu’il y aura des moments de communion, avec les consultations médicales gratuites sous l’égide de la commission médicale de Hadratoul Maliki et le déploiement de plus de 50 médecins spécialistes.