JOURNEE MONDIALE DU CANCER, UNE MALADIE ENTIÈREMENT À PART
Ce Samedi 4 février 2023 marque la journée mondiale contre le cancer, l’occasion de mieux comprendre cette maladie à part et apprécier les efforts héroïques de l’humanité pour remporter la guerre contre le cancer.
Le schéma habituel pour une maladie est la suivante : un agent extérieur pathogène (virus ou microbe) pénètre l’organisme et déstabilise son équilibre naturel. Le corps ainsi attaqué active son mécanisme de défense qui est le système immunitaire constitué en grande partie de globules blancs. Ces soldats de l’organisme sont programmés pour lutter contre l’envahisseur et peuvent quelques fois avoir besoin de notre aide que nous lui faisons parvenir sous forme de médicaments et de nutriments. Dans la plupart des cas, le système immunitaire parvient, après d’âpres luttes, à prendre le dessus sur notre agresseur et la guérison survient.
Cependant, qu’est ce qui va se passer si l’agresseur vient de l’intérieur et n’est ni un virus, ni un microbe ? Le système immunitaire ne réagit pas parce qu’il n’est normalement pas programmé pour attaquer les cellules de notre corps qu’il pense être toujours utiles et bien intentionnées. C’est de la que vient la relative immunité des cellules cancéreuses qui parviennent à se développer sans être inquiétées. En effet, le cancer se développe à partir d’une cellule saine qui devient maligne à cause d’une combinaison de facteurs génétiques ou environnementaux. Normalement, les cellules naissent et se multiplient pour remplir une fonction bien particulière : les cellules de la peau protègent l’organisme contre le monde extérieur, les cellules du poumon aident à la respiration, les cellules du cerveau l’aident à commander d’autres organes du corps. Les cellules meurent quand elles ne peuvent plus efficacement remplir leur rôle et sont remplacées par d’autres cellules nouvelles qui à leur tour vont un jour céder leur place. Ceci est le cours naturel de la vie d’une cellule normale : naître, travailler, mourir et céder sa place.
Tout le contraire d’une cellule cancéreuse qui, elle, se multiplie indéfiniment, ne remplit aucune fonction utile et ne meurt jamais. À force de se multiplier et de ne jamais mourir, les cellules cancéreuses grandissent en nombre et forment une tumeur qui elle-même continue à grandir. A la longue, il y a une guerre entre les cellules saines et les cellules cancéreuses qui se disputent deux ressources vitales : de l’espace pour s’étendre et de l’énergie pour continuer à vivre et à se multiplier. Une guerre inégale parce que comme indiqué plus haut, les cellules cancéreuses se multiplient sans cesse et ne meurent jamais tandis que les cellules saines sont en nombre limité et sont mortelles. L’espace et l’énergie dont elles ont besoin pour rester en vie et se multiplier sont accaparés par leurs sœurs ennemies. Sans parler du fait que le système immunitaire censé aider le corps à combattre toute agression reste neutre parce qu’il n’est pas programmé pour attaquer des cellules générées par le corps lui-même. A la longue, les cellules saines perdent la bataille, sont dans l’incapacité de remplir des fonctions vitales et la personne meurt.
La Science arrive renfort
L’apparition d’un cancer était donc dans la plupart des cas une condamnation à mort. Puis, la Science s’est jointe à la bataille et les choses ont commencé à changer. La première étape de cette révolution consistait à mieux connaitre et comprendre cette maladie à part. Une fois qu’il a été établi que le cancer ne résulte pas d’une invasion extérieure mais plutôt d’une mutation interne qui a généré une cellule maligne qui va à force de se multiplier devenir une tumeur et empêcher le corps d’assurer des fonctions vitales. Une fois qu’on connait mieux le mal, il devient plus aisé de trouver un remède.
La Science a fait des avancées remarquables avec des techniques médicales telles que la chimiothérapie, la chirurgie et la radiothérapie. La chirurgie est utilisée pour enlever une tumeur située dans une partie du corps qu’on peut opérer sans risque d’abimer des organes vitaux voisins. Quand ce risque existe, comme avec certaines tumeurs localisées au cerveau qui est un organe très complexe d’une importance capitale, la radiothérapie est privilégiée. Les radiations étaient à l’origine connues pour tuer les cellules saines du corps et provoquer maladie et mort. Quand ils ont commencé à réfléchir sur des moyens de tuer les cellules malignes, les scientifiques ont eu l’idée d’utiliser la radiation de façon très ciblée et contrôlée. Avec ces deux techniques, il est possible d’extraire une grande partie des cellules malades mais pas toutes.
C’est ici qu’entre en jeu la chimiothérapie utilisée pour tuer les cellules qui ont échappé à l’extermination de leurs camarades et qui si elles étaient épargnées peuvent à la longue générer de nouvelles tumeurs. La chimiothérapie consiste à inoculer du poison dans le corps pour tuer les cellules malades. Cependant comment le poison saura-t-il distinguer une cellule saine d’une cellule anormale ? Anatomiquement, il y a peu de différences. Toutefois, on sait que les cellules malades se multiplient très rapidement alors le poison est programmé pour tuer toutes les cellules du corps qui ont une croissance rapide en nombre. Malheureusement, certaines cellules saines remplissent aussi ce critère. Ce sont surtout les cellules qui constituent les cheveux, la peau, le sang, etc. Bien qu’utiles, ces cellules ne seront pas épargnées d’où la perte des cheveux, la fatigue, la nausée, etc. qui accompagnent les séances de chimiothérapie. La bonne nouvelle c’est qu’à la fin, une fois que toutes les cellules malades ont été tuées, les cellules saines quoique malmenées survivent et regagnent en vitalité. Le malade entre dans une période de rémission qui s’accompagne de fréquents contrôles médicaux pour s’assurer que le cancer ne revient pas ou que si par malheur, il revient, il est traité très tôt pour augmenter les chances de survie. Au bout d’un certain nombre d’années sans résurgence du cancer, on parlera de guérison à la place de la rémission.
Toutes ces techniques ont donné des résultats mais au prix d’immenses sacrifices et risques pour le corps. Tout en travaillant à améliorer ces techniques, les scientifiques explorent d’autres pistes plus respectueuses du fonctionnement naturel du corps. L’immunothérapie est l’une de ces techniques. Le traitement consiste à stimuler les défenses immunitaires pour qu’elles apprennent à combattre elles-mêmes les cellules cancéreuses. L’immunothérapie qui en est à ses débuts est utilisée en traitement de cancers de la peau et de cancers du sein inopérables ou de cancers ayant atteint un stade métastasique. Bien que cette méthode permette d’éviter le recours à des radiations et poisons chimiques, il y a toujours le risque de voir le système immunitaire entrainé à attaquer des cellules cancéreuses se mettent à attaquer aussi des cellules saines. La recherche se poursuit donc pour rendre cette méthode plus sûre, plus efficace et moins couteuse et donc accessible au plus grand nombre.
Privilégier la prévention
La lutte contre le cancer est une guerre pour la survie que l’humanité livre à une minuscule cellule à la croissance et aux effets dévastateurs. La science s’est avérée un allié de taille jusqu’ici et va poursuivre son avancée avec d’autres recherches et d’autres expérimentations. En attendant, il nous est possible de prendre certaines précautions. La première consiste à réduire notre exposition à des facteurs de risque (les métaux lourds, le tabac, la pollution, l’obésité, le stress, etc.). En outre, on peut recourir à la vaccination contre les virus de l’hépatite pour éviter le cancer du foie et les virus du papillome humain pour réduire les risques de cancers du col de l’utérus. Enfin, une alimentation saine et équilibrée ainsi que la pratique du sport peuvent empêcher l’organisme de générer des cellules cancéreuses et aider ainsi à la prévention étant donné toutes les difficultés liées à la guérison.