L’AUTRE GANGRENE DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE
Le département de Mbour fait face à de multiples conflits fonciers qui impactent négativement le vécu des populations. L’urbanisation galopante, le tourisme, le développement de l’agro-business pratiqués par des promoteurs créent un stress socio-économique. Diass subit un « accaparement » et des organisations de la société civile le dénoncent.
Diass est l’une des communes impactées par le foncier du fait des nombreux projets qui s’y sont implantés. Le Forum civil et le Collectif pour la valorisation et la préservation des terres paysannes ont tenu un atelier sur la question et ont produit un rapport. « Diass a un sérieux problème d’accaparement de leurs terres sous forme d’attributions abusives et illégales de certaines assiettes. Il s’agit non seulement des projets étatiques mais aussi des occupations privées, qui continuent de dépouiller la commune de son patrimoine foncier avec la complicité des élus locaux », lit-on dans le document.
Diass qui fait face à une absence de terres cultivables semble maintenant déplorer tout ce foncier dédié à des projets de développement et d’intérêt public. Les organisations de la société civiles donnent d’abord l’exemple du projet des 100 000 logements rejeté par les populations. « Les populations n’ont pas été informées du projet du pôle urbain de Dagga Kholpa. Ce projet risque de déstructurer l’unité sociale car ces terres convoitées étaient traditionnelles destinées à l’habitat, à l’agriculture et à l’élevage », expliquent le Forum Civil et le Collectif pour la valorisation des terres paysannes. Ainsi, le village de Ngossekh réclame 4 000 hectares à l’Aibd pour son extension. Les paysans de Mbayard, Raffo, Samkedji ne sont pas en reste. A en croire, le projet du port de Ndayane risque de les dessaisir de leurs terres paysannes. Dans ce lot des localités impactées négativement par « des lotissements illégaux, irréguliers », il y a aussi Boukhou qui réclame 55 ha, estimant que les délibérations ont été entachées d’irrégularités.
Le village de Kandam, a lui un contentieux avec l’Etat sur l’assiette foncière déclassée au profit de l’Egpi (Entreprise générale des gros porteurs industriels) pour la construction d’une gare des porteurs. Les populations de Kandam réclament ces 61 ha 55 ares 61 ca pour l’extension de leur village.
Des villages menacés par l’Aibd et les cimenteries
Sackirak, un quartier de Diass, étouffe aussi et demande à l’Apix 31 ha pour son extension. Il dit être en proie à une menace de déguerpissement par l’Aibd. Quant au village de Thicky, sa préoccupation est relative aux limites des carrières d’argile exploitées par les cimenteries Dangote (359ha) et les Ciments du Sahel (175ha). En somme, pour le Forum civil et le Collectif pour la valorisation des terres paysannes, Diass est victime de « l’accaparement » de son patrimoine foncier, ce qui constitue un frein aux activités agricoles et un coup dur à l’épanouissement des populations. Ils sont d’avis que « seule la sécurité foncière permet la pérennité du monde rural ».