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L’ÉTAT CIVIL À LA BARRE

Pour mesurer l’ampleur de la problématique de l’état civil, Bés bi a assisté à l’audience de la chambre civile du Palais de justice de Dakar du 9 février. On en voit de toutes les couleurs. On en entend de tous les sons.

13 ans en couple sans certificat de mariage

Le couple Gueye, presque sexagénaire, est venu de Louga chercher un certificat de mariage. Ils sont accompagnés de 3 femmes et un homme qui servent de témoins. « Depuis combien de temps vous vous êtes mariés ? » leur demande le juge. Le mari répond d’un ton assez triste : « 13 ans ». Ils sont invités à revenir dans un mois afin de prendre l’acte de jugement. Visiblement stupéfait par le délai, M. Gueye demande au juge la suite à donner. « Après le jugement qui sera rendu le 9 mars 2023, vous vous rendrez devant l’officier d’état civil pour bénéficier du document. A partir de ce moment, vous obtiendrez un certificat de mariage », lui explique le magistrat.

Ils ont oublié les photocopies des témoins

B. Seck et D. Cissé sont dans la même situation. Le mariage a été scellé à Lam Lam, dans la région de Thiès. Ils ont présenté au juge un dossier incomplet. Oubli ou négligence ? Le couple sollicite l’éclairage du juge. Ils ont présenté un certificat de non inscription délivré par l’officier d’état civil, une photocopie légalisée de la pièce d’identité des demandeurs, le mari et la femme, mais il se trouve qu’ils ont oublié les photocopies légalisées de leurs 2 témoins. Ce qui va leur coûter un nouveau rendez-vous.

« Je crains que ma fille ne fasse pas le bac, faute de papiers »

« J’ai eu à déposer un certificat d’accouchement pour venir ici afin d’espérer que ma fille puisse avoir des papiers », confie Penda qui attend son tour à la barre. Elle dit craindre que sa fille, qui est en classe de Terminale, ne fasse pas le bac. Dans la foulée, son accompagnant lui demande de lui remettre quelque chose pour son contact au tribunal afin qu’il accélère son dossier. « Après l’obtention du premier diplôme universitaire, je voudrais qu’elle trouve du travail pour m’épauler », a lancé la jeune dame.

« Je veux que mes enfants aient la chance que je n’ai pas eue »

Des familles entières ont fait face au juge pour bénéficier de papiers d’état civil. C’est le cas des Diané, originaires de Sédhiou. Le père, un paysan, la mère, leurs trois enfants dont le plus âgé traduisait le manding en wolof. Aucun de leurs enfants n’a été déclaré à la naissance. A la question de savoir qu’est-ce qui l’a motivé à déclarer ses enfants. Non instruit, le vieux Diané habillé en boubou basin beige défend : « Je veux que mes enfants aient la chance que je n’ai pas eue, qu’ils aillent à l’école et y restent le plus longtemps possible ».

« Aucun des enfants de la famille n’a été déclaré à la naissance »

Un cas qui a attiré l’attention : Mme Sané, aucun de ses enfants n’est déclaré à la naissance. Accompagnée de son époux, elle est venue chercher des papiers de naissance pour ses enfants. Le juge en est outré et interpelle le père : « Pourquoi vous ne les avez pas déclarés à la naissance ? » Il se justifie : « C’est l’école qui leur demande des papiers. C’est ce qui justifie ma présence sur les lieux ». Le juge lui fixe un rendez-vous pour prononcer le jugement avant de lui demander de se rendre à leur état civil, à Grand Yoff, pour récupérer les documents.

« Tous les enfants sont venus au monde sans voir un personnel médical »

Habitante de la Médina, cette famille d’origine guinéenne veut inscrire ses enfants. Elle n’a fourni qu’un certificat de non inscription. Le couple Ba n’a pas non plus de certificat d’accouchement. Etonné, le juge veut savoir comment cela a pu se passer. Le père répond : « Tous les enfants sont venus au monde sans voir un personnel médical ». C’était encore avec des femmes qui accouchaient à domicile, sans consultation prénatale. Parfois c’est faute de moyens pour payer le suivi ou l’accouchement. Ils ont été sauvés par leur concordance sur les dates de naissances de leurs mômes.

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