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LE PRÉSIDENT OU LA PATRIE

Les « troisième-mandatistes » du pouvoir continuent de diffuser avec obstination leur rhétorique outrageante. Pour eux, 1+1+1 n’est pas égal à 3 mais à 2. Ils réinventent l’arithmétique et l’exégèse. Ils ne se rendent toujours pas compte que ce laïus aura invariablement pour conséquence, une massification de la résistance. Résistance à ce qui n’est rien d’autre que les derniers soubresauts des avocats du diable d’un système rongeur.

Les « troisième-mandatistes » du pouvoir, après leur « la patrie avant le parti », poursuivent contre toute attente, leur magie noire. Ils distillent maintenant sans vergogne dans leurs centrifugeuses préhistoriques, le primat du président sur la patrie.

Les « troisième-mandatistes » du pouvoir veulent vaincre sans avoir raison (Cheikh Hamidou Kane, 1961) avec un argument affligeant : sans Macky Sall, c’est le déluge.  Ils nous disent de les laisser continuer leurs rapines. Retourner les choses et les faits à leur avantage est leur seconde nature. Ils ont la science infuse. Ils ont le droit de parler à la place des morts, celle des vivants et celle du peuple.

Les « troisième-mandatistes » du pouvoir, érigent le travail normal d’un président normal dans un pays normal en exploit. Ils ont trouvé la pierre philosophale : ils peuvent changer les métaux vils en pierre précieuse. Un président qui inaugure des ponts, des routes et des trains au troisième millénaire, au-delà du narcissisme candide, rappelle étrangement les pacotilles et les leurres coloniales.

Les « troisième-mandatistes » du pouvoir, font face à leur impréparation à une gouvernance stratégique. Hormis leurs difficultés à penser la dialectique sociale en cours et le monde actuel, ils payent la rançon de leur obésité financière et de leur infirmité politique. Ils sont venus au pouvoir pour prendre leur « part » et leur revanche sur leur passé de gagne-petit.

Les « troisième-mandatistes » du pouvoir, en faisant l’impasse comme leurs prédécesseurs, sur l’inévitable nécessité de désagréger le concept de l’Etat post-colonial et de son système désuet, en subissent le même sort : l’échec et le mépris du peuple.

Les « troisième-mandatistes » du pouvoir se sont trompés de perspective. Ils ont perdu l’équilibre depuis le starting-block. Il en a résulté une décennie de gouvernance diffuse. Le système de gouvernance du Sénégal, reproduit depuis les indépendances de manière empirique sur les ruines de la gouvernance coloniale ne marche pas.

Les « troisième-mandatistes » du pouvoir n’ont pas compris qu’un mauvais système donne de mauvais résultats. Il faut en sortir au lieu de continuer à s’agripper à ses brides. Quand cesserons-nous de voir des présidents, ministres et directeurs, plus riches que leurs homologues à qui ils demandent l’aumône ? Le système et la conception de la politique à la base de ces prévarications humiliantes doivent prendre fin.

Les « troisième-mandatistes » du pouvoir sont maîtres dans l’art de retourner leurs vestes. Ils sont drapés dans un opportunisme archivé depuis longtemps au musée de l’histoire. Ils cherchent à s’ériger en barricade de la vertu et en apôtres de la paix sociale pour endiguer la lame de fond d’un mouvement de refus de plus en plus puissant. Mouvement qui transcende partis et acteurs politiques. Ils sont envoutés par leurs stratégies de Polichinelle pour « piquer » l’argent du contribuable.

Les « troisième-mandatistes » du pouvoir ignorent-ils que le « ni, ni » du président est une offense ? Une offense à eux-mêmes. Une offense à ses proches collaborateurs. Une offense à l’Etat de Droit. Dans un Etat de Droit aucun doute n’est permis sur le nombre et la fin des mandats. Aucun doute n’est permis sur le primat de la loi sur les personnes, fussent-elles des présidents. Le « ni, ni » du président est une offense à la République. Une offense au peuple qu’il infantilise.

Les « troisième-mandatistes » du pouvoir qui galvaudent les idées wébériennes sur le monopole de la violence, l’ont-ils lu ? Quid de l’éthique de conviction ? Quid de l’éthique de responsabilité ? Ceux qui indexent le populisme comme le diable, savent-ils ce que c’est ?

Il faut désagréger les concepts coloniaux, opérer une refonte du système de gestion des affaires régaliennes, reconceptualiser l’Etat post-colonial, refonder une République, pour que jamais au Sénégal un président ne prime sur la patrie.

« Les événements ne s’accomplissent pas par la force des choses mais parce qu’il existe des hommes qui agissent » (Cheikh Anta Diop).

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