Le peuple ne laissera personne bruler le pays (Boubacar SADIO)*
« La paix n’est pas un slogan mais un comportement », Houphouët BOIGNY.
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Personne n’a plus le droit dans ce pays, à moins d’être dans un carcan statutaire contraignant, de se taire par rapport à la situation qui prévaut en ce moment.
Aussi, ai-je décidé d’exprimer ma part de vérité en ma double qualité de citoyen et d’ancien membre des forces de défense et de sécurité. Comme citoyen je fais partie du peuple souverain qui a délégué son pouvoir légitime à son Excellence, Macky Sall, Président de la république pour qu’il agisse en son nom; et à ce titre, j’ai droit à la parole pour donner mon opinion sur la marche du pays. En tant qu’ancien policier, j’ai participé activement et au prix de moult sacrifices de tous ordres, a l’instar de tous les membres des forces de défense et de sécurité, à l’édification de la nation, a la construction de la république et à la pérennisation de l’État. Un État qui, bien qu’ayant connu des régimes différents, est resté le même parce que protégé, défendu et consolidé par des citoyens loyaux et engagés dont je me réclame.
Dès lors, il est facile de comprendre et d’admettre que si on a participé à la création d’une œuvre, on ne saurait rester indifférent devant les risques de sa démolition par des agissements irresponsables de ceux-là qui en ont la responsabilité. Se taire relèverait d’une complicité de très mauvais aloi préjudiciable à notre avenir commun.
Pour l’heure, sans que personne puisse y opposer un argumentaire contraire, le climat délétère qui prévaut dans notre pays instille dans l’esprit des Sénégalais un sentiment de peur, d’inquiétude et d’angoisse. Le Sénégal semble embarqué dans une barque sans gouvernail qui se dirige tout droit vers des écueils insurmontables. Et, à mon humble avis, c’est le fait de nos gouvernants actuels en charge de notre destin et de la gestion du pays.
Ces temps-ci, le Président de la République Macky Sall n’a eu de cesse, chaque fois qu’il en a l’opportunité, notamment, lors de ses visites dans les foyers religieux, de déclarer sur un ton ferme et comminatoire, qu’il ne laissera personne brûler ce pays; et je suis entièrement, totalement e absolument d’accord avec lui. Tout en adhérant à cet avertissement aux allures de menaces, je tiens à préciser qu’il n’en est pas exclu; en effet, le peuple ne laissera personne, lui y compris, brûler notre cher Sénégal.
La situation de tension et l’atmosphère chargée qui englobe le pays, sont de sa seule et unique responsabilité; lui a qui le peuple a donné tous les moyens nécessaires pour exercer un magistère source de développement et d’épanouissement. On a mis à sa disposition un budget pour assurer un niveau d vie correct aux populations, une bonne éducation, un système de santé adéquat et une sécurité suffisante et performante; il a tout un corpus législatif et un système judiciaire pour une bonne régulation sociale et pour une bonne distribution de la justice; il a la prérogative régalienne de nommer a tous les emplois civils et militaires, en somme de disposer de toutes les ressources humaines du pays.
Malheureusement, la violence, qui, auparavant, se manifestait de manière insidieuse et pudique, s’ est installé dans le pays brutalement, flagramment et de manière permanente; une situation qui fait peur parce que s’observant dans tous les segments de la population et de la vie sociale; avec un discours haineux, belliciste. Le pouvoir pointe du doigts les opposants et autres citoyens de la société civile qui ne font que réclamer que leur droit constitutionnel de circuler et d’exprimer librement leurs opinions, ce que, manifestement, ne veulent pas accepter les partisans de la majorité présidentielle. Les responsables de ces dérives susceptibles de conduire le pays vers des lendemains meurtriers, le Président doit les rechercher dans son propre camp.
Tous les appels au meurtre sont lancés par les propres partisans du chef, des appels publics demandant de tuer le leader du Pastef Ousmane Sonko. On pourrait citer entre autres potentiels sicaires et assassins Aliou Dembourou Sow, Moustapha Cissé Lo, Ahmet Suzanne Camara et Tal Ngol Ngol. Le griot entremetteur Khadim Samb a suggéré au Président Macky Sall d’emprisonner, et au besoin, de tuer les opposants. Les ministres de la république ne sont pas en reste; c’est le cas du vulgaire renégat Yancoba Diattara qui a menacé de couper intégralement les parties génitales d’Ousmane Sonko. Le déshonorable député Cheikh Seck du parti socialiste a promis de marcher sur nos cadavres pour pérenniser le pouvoir de l’actuel locataire du palais. Le Président Macky Sall ne s’est jamais indigné sur ces propos d’une violence inouïe, donnant l’impression de les cautionner et encourager.
Depuis un certain temps nous assistons, très inquiets, a des interpellations et arrestations massives, intempestives et récurrentes de citoyens, notamment de jeunes qui n’ont commis que le seul tort d’exercer un droit constitutionnel, la liberté d’expression sur un mode et une technique de communication que ne semblent comprendre ni accepter les tenants actuels du pourvoit totalement à la ramasse. Cela ne fait qu’exacerber le sentiment de frustration et d’injustice qui ne contribue pas à la pacification de l’espace social. La fréquence de ces interpellations s’apparente à des opérations de rafles systématiques pour empêcher toutes formes d’expressions démocratiques. Nos gouvernants non seulement nous empêchent d’exprimer nos opinions librement mais ils nous interdisent d’en avoir qui soient contraires aux leurs.
Nous assistons à une véritable stratégie de communication, pour ne pas dire de campagne voire de propagande des différents acteurs du landerneau politique, chacun cherchant à fédérer le plus grand nombre de segments de la population à sa cause. Les tenants du pouvoir usent de tous les stratagèmes, même les plus immoraux pour diaboliser Ousmane Sonko qui, à leurs yeux atteints de myopie, est le seul opposant digne d’intérêt, le plus dangereux et le plus a même, et c’est incontestable, de leur barrer la route d’un pouvoir qu’ils veulent à tout prix conserver, s’il le faut, au prix d’un nombre incalculable de morts que cela pourrait engendrer. C’est ainsi qu’ils mettent à profit et exploitent les propos malveillants, les insultes et les injures de certains internautes perdus et, certainement sans ancrage confrérique, pour les attribuer aux militants du Pastef en sachant pertinemment qu’il s’agit de faux comptes qu’eux-mêmes confectionnent.
Ils perdent de vue une nouvelle réalité, le peu d’influence et de prégnance des chefs religieux sur les jeunes talibés qui veulent être les seuls responsables de leur épanouissement social, de leur bienêtre familial et de leur avenir, en somme de leur destin sans interférence religieuse qui relève exclusivement des axiomes de la foi qui, par essence est une affaire personnelle. Dans cette dynamique d’éveil des consciences et de révolution des mentalités, on découvre un nouveau paradigme social, la jonction intergénérationnelle entre jeunes, adultes et personnes du troisième âge.
En déclarant, maladroitement et certainement sans y avoir réfléchi auparavant, que l’État va se charger désormais, de l’éducation des jeunes qui participent aux manifestations de l’opposition, échappant ainsi à l’autorité parentale, a la surveillance familiale et de maniérer générale au contrôle social, le Président de la république a mis en cause la responsabilité directe des religieux dont la fonction principale est de veiller à la bonne éducation des talibés constitués en grande partie de jeunes; un discours vraiment contreproductif qui, certainement, ne doit pas plaire dans la sphère religieuse. Plus incongru, plus désolant et même plus grave, c’est la nouvelle vocation conférée et la nouvelle mission confiée aux forces de défense et de sécurité qui consiste à prendre en charge l’éducation des jeunes trublions qui participent massivement, sans être convoyés ni corrompus, aux manifestations de l’opposition.
Cette nouvelle mission d’éducation assignée aux forces de défense et de sécurité se fera sur la base de nouveaux paradigmes pédagogiques en termes d’intimidation, de pression, de menaces et de répression; quant aux outils didactiques on peut prévoir et envisager la matraque, la grande lacrymogène et tout autre matériel apte à favoriser une assimilation rapide des leçons de civisme et citoyenneté qui leur seront dispensées. Hélas, au grand dam des férus de foules et des grands rassemblements, les meetings de l’opposition se tiendront désormais devant des publics squelettiques. Le Président Macky Sall est vraiment d’une ingéniosité sans pareille, une véritable « bête politique », comme aiment à le qualifier ses partisans, encore que personne ne veut être traité de bête.
La situation de vive tension et l’atmosphère lourde et volatile qui prévalent dans notre pays, jadis si pacifique, si agréable et si convivial sont de la seule et unique responsabilité d’une seule personne, son Excellence, Macky Sall, Président de la république qui dispose de tous les moyens juridiques, budgétaires et humains pour garantir l’unité nationale et assurer la stabilité des institutions, la sécurité des personnes et des biens, la paix publique et la cohésion sociale. C’est la désinvolture de son attitude apocryphe par rapport au troisième mandat qui est la véritable source des différentes formes de violences observées dans le landerneau politique. En ramenant la Constitution a sa propre personne, allant jusqu’à dire que tout dépend de ses seuls désirs et volonté, le Président Macky Sall semble montrer une certaine condescendance, d’aucuns diraient un manque de respect total, envers les Sénégalais dont il n’est que le serviteur. Et son ni oui ni non qui, en réalité n’est qu’une ruse pour endormir son monde, est un signal fort, un langage codé a ses partisans pour déclencher la campagne de validation de sa troisième candidature. L’impunité érigée en système d’immunité et de protection des membres de la coalition présidentielle a favorisé et multiplié les dérives et les violences.
Cette semaine, on a assisté à une véritable communion spirituelle et ce que l’on pourrait, sans exagération, qualifier de bel alignement des astres religieux; il y a eu d’abord, le début du carême coïncidant avec certaines cérémonies religieuses musulmanes et ensuite une multiplication des commémorations confrériques dans le même temps. Cela a été une véritable opportunité pour les religieux de tous bords de lancer un appel a la paix, a l’union des cœurs et a la sérénité des esprits a tous les croyants qui, sans distinction de chapelles, doivent œuvrer pour de meilleures inter actions sociales et pour l’installation d’une paix durable.
La paix suppose la vérité et la justice, et s’il y a un constat généralement admis, c’est l’absence totale de justice incarnée par un prétendu pouvoir judiciaire aux ordres de l’exécutif qui le manipule au gré de ses intérêts politiques du moment. Pour que leurs différents appels à la paix et la concorde nationale soient audibles, il faut que les religieux s’assument et prouvent leur qualité d’hommes de vérité et de Dieu en disant au Président de la république qu’il n’a pas le droit de présenter à l’élection présidentielle du 25 février 2O24. Il s’agit de lui signifier clairement, en référence aux valeurs de nos religions, qu’il a l’obligation morale de respecter sa parole et que s’il abjure le pays brulera. Et le peuple ne le laissera bruler la pays qui nous appartient en commun et que la plupart d’entre nous ne peut fuir pace que ne disposant pas d’appartements ni en Europe ni aux États- Unis.
Autant il est, désormais, tout à fait clair dans l’esprit des Sénégalais que le Président Macky Sall a l’intention ouvertement affichée mais non encore déclarée de présenter par effraction sa candidature pour briguer un troisième mandat que lui interdit la constitution, autant il doit être tout aussi clair dans son esprit que le peuple s’opposera à une telle forfaiture au prix de tous les sacrifices nécessaires, dussent-ils y laisser leurs vies.
« Un homme qui ne respecte pas sa parole est le pire des hommes. » Proverbe africain.
Dakar le 26 Février 2023.
* Commissaire divisionnaire de police de Cl exceptionnelle à la retraite.
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