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COUMBA GAWLO, CHRONIQUE D’UN RETOUR SUR SCÈNE

Émotion, pleurs, larmes étaient au rendez-vous lors du face-à-face de la chanteuse sénégalaise Coumba Gawlo avec la presse à l’auditorium du Musée des civilisations noires, à Dakar. L’attente a été longue. Plus d’une heure. Puis la diva est apparue, tout sourire, entourée de fans et collaborateurs. Kiné Lam, l’autre grande diva, était là pour l’accueillir avec une de ses envolées dont elle seule a le secret. Elle avait requinqué la chanteuse, sa nièce et fille de son amie Fatou Kiné Mbaye, en chantant ses louanges. Des artistes en herbe, disséminés un peu partout dans la salle, ont pris le relais, se livrant à un concours d’a capella. Une façon bien à elles de souhaiter un bon retour à la fille de Laye Bamba Seck. Le décor était bien planté.

D’une voix presque étouffée, inaudible, Coumba Gawlo qui a vécu la hantise de tous les artistes -celle de perdre sa voix- se porte mieux. Et face à des fans surexcités, elle a brisé le long silence pour annoncer qu’elle était à nouveau en pleine possession de ses moyens vocaux. L’exercice est difficile, mais Coumba Gawlo tient le coup. Elle décoche parfois des blagues pour amuser l’assistance.

« Je vais beaucoup mieux qu’avant. Ça n’a pas été facile. Pour quelqu’un qui était habitué à chanter, le fait de ne plus pouvoir parler devient difficile », avoue l’artiste avec des trémolos dans la voix. Son combat a été difficile et elle a rendu hommage à sa mère pour sa présence constante à ses côtés, salué l’engagement et la loyauté de ses collaborateurs et remercié ses fans pour leur présence.

La chanson dans l’âme

Le comble pour un chanteur, c’est de perdre la voix. Certains artistes ont dû faire face à cette épreuve. Et pour Coumba Gawlo, le plus important, c’est de réussir à revenir dans son pays, le Sénégal. La grande diva n’envisage pas de laisser tomber la musique. « J’envisage de reprendre mon métier que je considère n’avoir jamais abandonné parce que même étant malade, je faisais en sorte de rester en connexion avec mes fans, ma famille, mes proches. Je continuerai parce que je ne sais faire que chanter. Je suis née chanteuse, j’ai ça dans le sang, dans l’âme. Tout en moi est chant, musique, naturellement je continuerai mes activités et je continuerai mes traitements puisque je suis en convalescence », fait savoir Coumba Gawlo. De sa maladie, la chanteuse en parle sans détour. Une façon pour elle d’être « honnête professionnellement », de partager avec d’autres qui se trouvent dans sa situation, de leur donner du courage et de leur permettre de se dire qu’ils peuvent aussi y arriver. Sa maladie, précise-t-elle, n’a rien de mystique. Elle relève de la volonté divine, fait-elle savoir. Loin de dévoiler son bilan médical, elle revient avec douleur. « À la différence de beaucoup d’artistes qui sont opérés de polypes, j’ai eu une blessure aux cordes vocales. J’ai été agressée accidentellement lors d’une maladie. Cela a créé une autre maladie, d’où ma lésion sur ma corde vocale gauche. J’avais une plaie dans la gorge qu’il fallait enlever, guérir. Cette plaie m’a empêché de parler par moments, en cas de fatigue extrême, de me reposer, de chanter », renseigne la chanteuse qui a bon espoir que les choses vont s’améliorer de jour en jour.

Phénomène courant aujourd’hui, les extinctions de voix sont un fléau qui sévit beaucoup chez les artistes. Au début de son infection, Coumba Gawlo était complètement désorientée. Normal, elle ne s’attendait pas à perdre sa voix, qui est son identité. « Quand le diagnostic est tombé en France et qu’il fallait que je subisse une intervention chirurgicale à la gorge, je me suis dit qu’il n’en était pas question. Parce que dans ma tête, je me demandais comment ils parviendraient à ouvrir ma gorge, à toucher à ma corde vocale », explique la chanteuse. Pendant presque un mois, elle a vécu un dilemme. Ce qui d’ailleurs se justifie, quand on n’a fait que chanter toute sa vie et que du jour au lendemain, on n’y parvient plus. « C’est très difficile. Cela vous arrache les tripes, vous énerve d’avoir des choses à dire et de ne pouvoir le dire », argue-t-elle. Ses nerfs ont lâché quand elle est allée voir le chirurgien ; elle a tout simplement commencé à pleurer quand la blouse blanche lui a demandé si tout allait bien. « Il m’a dit qu’il allait s’arranger pour que je retrouve ma voix. Parce que dans ma tête, il n’était pas question que mes cordes vocales soient touchées. Je me demandais si ma voix serait comme avant, si j’arriverai à chanter comme avant si on touchait à mes cordes vocales ». Il lui a fallu de la patience. Beaucoup de patience même.

Rapprochement avec Dieu

Sa convalescence n’avait rien d’une partie de plaisir. Sa vie se résumait à dormir, beaucoup dormir. « C’était difficile de vivre loin de ma famille, dans la solitude. Mais il faut savoir endurer, être patient dans la vie. Pendant des mois, tout ce que je disais, je le disais en écrivant. Une ardoise était mon meilleur compagnon, avec un stylo et un effaceur. Je faisais mes réunions avec mon staff par Sms », affirme-t-elle. Et durant cette longue période, elle n’avait que la prière, le rapprochement avec Dieu comme substance pour lui donner de la force. C’était son quotidien. « C’était très difficile, mais quelle que soit la difficulté que j’ai vécue dans cette épreuve, j’ai eu en moi cette sorte de lumière divine qui m’accompagnait, qui me disait de prier », confesse Coumba Gawlo. « J’ai été proche de ma religion ; ce qui m’amenait à me lever tous les jours à 3 heures du matin pour prier jusqu’à 7 heures. Plus je le faisais, plus je me sentais forte, et plus je sentais ces démons qui me parlaient dans ma tête partir », explique la chanteuse. Sa convalescence lui a été bénéfique. Elle en a profité pour renforcer sa foi, être encore plus proche de son Créateur.

Coumba Gawlo s’est même rendue aux lieux saints de l’Islam. Elle a effectué le pèlerinage. Un rêve qu’elle a pu réaliser grâce à sa maladie. « Mon pèlerinage à La Mecque a été ma plus belle expérience. C’est la meilleure décision dans ma vie. Je suis arrivée à un moment où j’avais besoin d’être plus proche d’Allah. J’ai essayé de mon côté de remplir comme j’ai pu mes obligations musulmanes. C’était une occasion pour moi de prier sur la tombe du Prophète (psl) », indique-t-elle.

Coumba Gawlo a également mis à profit sa maladie pour apprendre l’anglais. Parce que la diva projette de chanter dans la langue de Shakespeare dans ses prochaines compositions. « La musique est universelle. On ne peut pas, à l’heure actuelle, ne pas comprendre certaines langues. C’est pour cela que je suis sortie de mon trou pour perfectionner mon anglais à Londres ». Coumba Gawlo est convaincue que chanter en anglais donne toujours des ouvertures. « C’est très important de chanter dans cette langue, même si je dois la mixer avec ma langue, mais aussi la chanter avec le bon accent », admet-elle. Elle a aussi joué du piano. Cet instrument lui a permis de tenir le coup, d’éviter de passer son temps à pleurer. « Le piano, c’est mon rêve. J’ai dessiné mon retour et pour me mettre la pression, guérir et revenir sur scène, j’avais dessiné ce piano blanc sur une feuille que j’avais collée sur mon frigo. Chaque matin que j’étais déprimée, je regardais mon dessin. C’est ça mon come-back et au lieu de m’adonner à autre chose, je m’adonnais à trois voire quatre heures de piano par jour et je me disais qu’il fallait pleurer en jouant à fond du piano parce que ça vient du cœur. Au moins, j’aurai utilisé mon temps de répit à quelque chose », confesse l’artiste.

Après trois années d’absence sur la scène musicale, Coumba Gawlo Seck se dit aujourd’hui soulagée que tout risque sérieux ait été écarté. C’est ce qui, dit-elle, a d’ailleurs motivé sa décision de rejoindre son pays après les conseils avisés de ses médecins. Une bonne nouvelle pour les fans de la diva qui ont vécu ce sombre épisode de sa vie comme un traumatisme. Et qui espèrent la revoir sur scène, en souhaitant qu’elle garde toujours sa voix d’or.

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