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MACRON EN AFRIQUE : LE RETOUR D’OSS 117

Le chef de l’État a conclu sa tournée dans quatre pays africains par une conférence de presse avec le président de la République démocratique du Congo, à qui il a fait la leçon, sur un ton fort peu diplomatique. Sur la scène internationale, son attitude faussement « disruptive » continue de dégrader l’image de la France.

HubertHubert Bonisseur de La Bath a fait son grand retour, samedi 4 mars, lors d’une conférence de presse avec le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi. Le personnage de fiction, plus connu sous le nom d’OSS 117, s’est soudainement incarné dans les traits d’Emmanuel Macron, qui a oublié, l’espace d’un instant – beaucoup trop long pour ne pas être gênant –, la promesse d’« humilité » qu’il s’était fixée, quelques jours plus tôt.

Le président de la République, qui concluait à Kinshasa sa tournée dans quatre pays africains, a d’abord pris le temps de livrer une leçon magistrale à son homologue congolais, en des termes relevant davantage du professorat que de la diplomatie française. « Depuis 1994, lui a-t-il affirmé, vous n’avez jamais été capable de restaurer la souveraineté ni militaire ni sécuritaire ni administrative de votre pays. C’est aussi une réalité. Il ne faut pas chercher des coupables à l’extérieur. »

Félix Tshisekedi attendait du chef de l’État français qu’il condamne clairement ce que le président de la RDC qualifie d’« agression injuste et barbare du Rwanda » contre son propre pays, par le biais d’un soutien logistique, financier et humain au groupe rebelle M23, comme l’a confirmé un récent rapport de l’ONU. Mais Emmanuel Macron a esquivé le sujet en expliquant que la solution ne « viendra pas de la France » ­­­– ce que personne ne demandait, du reste.

Pas de solution, donc, mais une série de recommandations : « Oui, pour faire la vérité sur l’histoire, non pour prendre tous les fardeaux, a ajouté le président de la République. Bâtissez une armée solide, construisez la sécurité et le retour de l’État partout sur le territoire, faites passer la justice transitionnelle pour que vous n’ayez pas des coupables criminels de guerre encore en responsabilité sur terrain, soyez intraitables avec tous les voisins de la région quand ils viennent vous piller et nous serons à vos côtés. »

Une position de surplomb, en Afrique comme en France

L’ancien sous-directeur chargé de l’Afrique de l’Ouest au Quai d’Orsay (2008-2013), Laurent Bigot, estime qu’il y a « trois conditions » pour tisser une relation nouvelle avec le continent africain : « Cesser l’unilatéralisme, c’est-à-dire arrêter de parler de l’Afrique comme si elle n’était pas là ; mettre fin à la politique des doubles standards en matière de droits de l’homme et de démocratie ; et changer notre attitude, en comprenant que nous ne sommes pas là pour façonner les Africains à notre image. »

Or, poursuit l’ex-diplomate devenu consultant indépendant, le discours du chef de l’État français à Kinshasa a prouvé que ces trois conditions étaient loin d’être remplies. « Il s’est adressé à Félix Tshisekedi comme un parent pourrait parler à son enfant, affirme-t-il. C’est un manque de discernement flagrant. Emmanuel Macron a voulu faire la leçon, mais il a oublié qu’il était invité en RDC. En diplomatie, on peut marquer des désaccords, mais il faut rester courtois. »

D’autant que, sur le fond, le bilan reste très maigre. En Afrique, précise Laurent Bigot, la perception de la France s’est en effet largement dégradée depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy, en adoptant une position de surplomb ne pouvant créer que des incidents diplomatiques. « La personnalité d’Emmanuel Macron a aggravé la situation, considère-t-il. Finalement, l’attitude qu’il adopte vis-à-vis des Africains, il l’a aussi vis-à-vis des Français. Dans les deux cas, ça ne passe pas. »

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