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BANDE DESSINEE, DES ENFANTS INITIES AU MANGA

La gare de Dakar, à l’initiative de l’Ambassadeur du Japon au Sénégal, a accueilli un atelier d’initiation au manga, samedi 4 et dimanche 5 mars. Plusieurs enfants ont pris part à quatre sessions durant les deux jours.
À l’exception de quelques touristes, l’entrée de la Gare de Dakar est presque vide, ce dimanche 5 mars. Rien de surprenant : il n’y a pas beaucoup de raisons d’être à la gare un dimanche d’après-midi. Curieusement, à l’intérieur, une foule se dirige vers les escalators. Elle ne s’arrête pas pour acheter des billets au kiosque et continue au deuxième étage avant de disparaitre dans une salle de conférence. 

À travers la vitre, on distingue deux hommes habillés en couleur orange, les cheveux blonds et hérissés. Naruto, le personnage principal de la célèbre série « Naruto de Masashi Kishimoto, incarné par l’Ambassadeur du Japon au Sénégal, Izawa, est assis à côté d’un groupe d’enfants et d’adolescents. Ces derniers se rassemblent autour d’une table ronde, au centre de la salle de conférence. Un projecteur reflète l’image sur le mur de derrière afin de permettre à toute l’assistance de voir de plus près. Au centre de la foule, Yoo Sookyung a soigneusement dessiné une ligne de concentration pour montrer un garçon en train de frapper au bas de la page. Une ambiance de calme règne dans la salle. Les enfants continuent de regarder attentivement. Après avoir terminé la ligne, la professeure s’adresse aux enfants : « Dans notre prochaine vignette, on a un garçon qui court. Maintenant, est-ce qu’il court vite ? » Tous les enfants se mettent à hocher la tête. « Alors, on inclut les lignes derrière lui pour montrer sa vitesse », poursuit la professeure.
Yoo Sookyung est un membre de faculté à l’Université Kyoto Seika International Manga Research Center. À l’invitation de l’Ambassadeur Izawa, elle est arrivée à Dakar pour mener quatre ateliers de manga pendant deux jours. Depuis les années quatre-vingt-dix, le manga a commencé à être popularisé au Sénégal et dans toute l’Afrique de l’Ouest. Amy Diack, une illustratrice sénégalaise de vingt-quatre ans, soutient que « chaque enfant sénégalais a grandi avec les grands trois : Naruto, One Piece et Dragon Ball ».

Stéréotypes 

Cependant, ajoute-t-elle, quand elle grandissait, « l’accès au manga était limité et c’était difficile de trouver ». Cela a changé à partir de 2009. De plus en plus, il est devenu possible de trouver du manga aux librairies de tout le pays. Ce changement a été encouragé par les logiciels de streaming, comme Crunchyroll -une plateforme née aux États-Unis. Dans la salle de conférence, un autre illustrateur des bandes dessinées supervise les enfants. Son nom : Seydina Issa Sow. Il se réjouit également de voir que tant de gens soient intéressés de participer aux séances. « Toutes les bandes dessinées qui sont ici viennent des pays extérieurs comme le Japon et la France. Du coup, les maisons d’édition à Dakar sont un peu hésitantes à accompagner les auteurs locaux des bandes dessinées », souligne M. Sow. Cet illustrateur a trouvé le succès avec sa série la plus récente, « Cayor », mais pour commencer, il a été forcé de faire de l’autoédition. De son côté, Amy Diack relève un autre problème lié à la scène : « Dans ces séries, on ne voit pas beaucoup de personnages africains et les auteurs les dépeignent toujours de manière stéréotypée ». Et d’ajouter :« Ils pensent que l’Afrique est un grand pays ; que les Africains habitent toujours dans la jungle et qu’on n’a pas beaucoup de ressources ». Sa dernière bande dessinée, « The Diatta Twins », évoque les traditions sénégalaises ainsi que les éléments culturels spécifiques. À la fin de l’atelier, les enfants ont pris le temps de remercier Naruto et Madame Sookyung. « Avant d’arriver à Dakar, je ne croyais pas qu’il y avait une raison pour que le Japon et le Sénégal partagent la même culture populaire », souligne l’Ambassadeur. Selon lui, « pourtant, le manga présente certaines valeurs aux enfants », parmi lesquelles « la camaraderie, la compassion, le respect de la famille ». Des valeurs qui, à ses yeux, « jouent un rôle important dans la culture japonaise » et qui sont également appréciées par les Sénégalais.

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