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DÉMONSTRATION DE FORCE DE YAW

Les tensions vont grandissant à moins d’un an de la présidentielle au Sénégal, considéré comme un rare îlot de stabilité dans une région troublée. Les dossiers judiciaires ouverts contre l’opposant Ousmane Sonko et l’hypothèque qu’ils font peser sur sa candidature à la présidentielle sont sources de crispations, tout comme le doute que le président Macky Sall entretient sur son intention de briguer ou non un troisième mandat.

Le rassemblement de mardi visait à faire cesser « l’instrumentalisation » de la justice ainsi que les arrestations « arbitraires », selon les organisateurs. « Je suis venu soutenir Ousmane Sonko dans son combat contre l’injustice et la corruption », a déclaré à l’AFP Mohamed Dia, technicien en télécommunications de 32 ans, avant la prise de parole des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW, Libérons le peuple). « Je suis venu assister à ce meeting pour qu’il y ait un changement. Que Macky Sall laisse Sonko tranquille », a lancé Mamadou Dione, un maçon de 48 ans. Autour d’eux, dans ce quartier populaire de la capitale, des militants dansaient et chantaient en tee-shirts, casquettes et châles aux couleurs du Sénégal et à l’effigie d’Ousmane Sonko, a constaté un journaliste de l’AFP. Les propriétaires des échoppes et magasins environnants ont tous fermé boutique par sécurité.

– Meeting autorisé –

Les autorités ont autorisé le meeting alors que l’opposition avait prévenu qu’elle passerait outre à une éventuelle interdiction. Plusieurs de ses manifestations ont été interdites ces derniers mois. « S’il n’y a pas de risque notoire, on autorise. S’il y a un risque, on n’autorise pas parce qu’on doit concilier le droit à la manifestation mais le droit aussi à la quiétude, à la libre circulation des personnes et des biens et au bon fonctionnement des institutions », a déclaré à des journalistes le porte-parole du gouvernement Abdou Karim Fofana.

La mise en cause de M. Sonko dans une affaire de viols présumés avait contribué en mars 2021 à déclencher des émeutes qui avaient fait au moins une douzaine de morts. M. Sonko réfute les accusations de viols et crie au complot pour l’éliminer politiquement. La justice l’a renvoyé devant un tribunal pour un procès à une date non déterminée. Il est dans une affaire distincte poursuivi par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, un responsable du parti présidentiel, pour « diffamation, injures et faux ». Son procès est prévu jeudi.

Ces deux procédures pourraient sceller sa candidature à la présidentielle de 2024, les textes prévoyant une radiation des listes électorales, et donc une inéligibilité, dans certains cas de condamnation. M. Sonko, 48 ans, tient un discours à la fois souverainiste, panafricaniste et social, pourfendant les élites et la corruption. Il pilonne l’emprise économique et politique exercée selon lui par l’ancienne puissance coloniale française et les multinationales.

Dans un communiqué publié lundi, l’Alliance pour la République, le parti du président Sall, a accusé M. Sonko et son parti, le Pastef, de « logique insurrectionnelle ». « C’est par la violence que Pastef et son leader tentent de se soustraire à la justice », selon le communiqué.

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