Photos de Serigne Touba : Le vendeur explique comment il les a dénichées
Radio France Internationale (RFI) a récemment publié un article sur la découverte de nouvelles photos de Cheikh Ahmadou Mbacké, fondateur du Mouridisme. Ces photos, retrouvées par hasard lors d’une vente aux enchères à Lyon, ont été acquises par un collectif de Dahira Mouride en France. L’article de RFI dévoile les détails de cette incroyable découverte, donne la parole à la personne qui fait ces découverte et l’enquête qui a suivi.
PUBLICITÉ
La trouvaille: des clichés inestimables
Six photos anciennes de Cheikh Ahmadou Bamba, jaunies par le temps, ont récemment refait surface. Jusqu’alors, une seule image du leader religieux était connue et reproduite dans tout le pays. Ces clichés historiques ont été acquis par un collectif des Dahira de la communauté mouride lors d’une vente aux enchères à Lyon.
Les photos montrent notamment Cheikh Ahmadou Bamba, souvent appelé Sérigne Touba, debout avec les mains dans le dos, son turban, le « kaala » en wolof, ne laissant apparaître que ses yeux. Sur un autre cliché, on le voit avec une truelle à la main, en train de sceller une pierre. Ces images ont permis de reconstituer l’histoire et de confirmer l’identité du fondateur de la confrérie mouride.
L’enquête: la quête de la vérité
Les photos ont été mises en vente sur un site spécialisé dans les cartes postales anciennes en avril 2020. Matthieu Robelin, un marchand français, a vendu ces clichés sans connaître leur véritable valeur. « J’ai acheté cet album de photographies à un brocanteur qui se trouvait dans le sud de la France, explique-t-il à RFI. Elles n’étaient pas mises en valeur ». Les enchères ont rapidement grimpé lorsque des membres de la communauté mouride ont découvert la mise en vente.
Face aux doutes sur l’authenticité des photos, un collectif de chercheurs et spécialistes s’est formé pour mener l’enquête. Ils ont réussi à retracer l’origine de l’album, qui appartenait à Jean Geoffre, un architecte français vivant à Dakar en 1915 et ayant travaillé sur les plans de la mosquée de Diourbel. Les clichés de son album sont datés du 11 mars 1918, date de la pose de la première pierre de la mosquée.
L’importance de cette découverte
Pour Massamba Guèye, professeur à l’université de Dakar, cette découverte est extraordinaire : « Dans les récits oraux sur Cheikh Ahmadou Bamba, la part d’extraordinaire était plus importante que la part d’humanité. Dans la photo, la part d’humanité vient installer une base d’extraordinaire de Serigne Touba. Donc ça le replace au cœur de l’histoire et des choses à transmettre. »
Après l’annulation de la vente en ligne, la maison de vente aux enchères De Baecque, basée à Paris et Lyon, a été contactée pour organiser une nouvelle vente. Pour éviter toute complication, les acheteurs potentiels devaient déposer une caution de 5 000 euros (soit prés de 3 276 500 francs CFA) pour y participer. Le lot 93, intitulé « Exceptionnelle et rarissime suite de six épreuves albuminées d’époque, montrant le Serigne Amadou Bamba », a suscité un vif intérêt lors de la vente aux enchères.
Le 8 mars dernier, en seulement trois minutes, les enchères ont atteint 48 000 euros (soit prés de 31 488 000 francs CFA), et c’est le collectif des Dahira de la communauté Mouride qui a remporté le lot. Etienne de Baecque, commissaire-priseur, souligne : « C’est rare et très particulier. Ce sont des documents qui ont une importance majeure pour cette confrérie. Ces photos retournent au Sénégal, cela a du sens. C’est une belle histoire ».
Le collectif des Dahira de responsables mourides a également acheté l’album complet de l’architecte Jean Geoffre, car il permet de contextualiser les photos de Cheikh Ahmadou Bamba. Ces clichés inédits du leader religieux seront présentés officiellement prochainement puis légués à la confrérie Mouride, ajoutant ainsi un nouveau chapitre à l’histoire du Sénégal et de la communauté mouride.
Une exposition en préparation
Le collectif de la communauté Mouride souhaite organiser prochainement une exposition pour présenter ces clichés au public. L’objectif est de permettre aux membres de la confrérie, ainsi qu’à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire du Sénégal et du mouridisme, de découvrir ces photographies rares et précieuses.
Avec RFI.
PUBLICITÉ