IL FAUT DIRE, À CES GENS-LÀ, QUE NOUS EN AVONS MARRE
Les Sénégalais en ont marre, mars 2021-mars 2023 : des morts, des blessés, des ruinés, des perdus.
Avons-nous tous le mal de mer ?
Dans toute société humaine «sénescente », qui veut se transformer en une société nouvelle, la marche vers le développement est résolument exposée à quelques dangers.
Ceci précisément parce que l’ancienne structure doit nécessairement s’éclater, avant que la nouvelle ne puisse se mettre en place et remplir pleinement sa fonction.
De tous les organismes vivants, malheureusement, l’homme est le plus exposé à ces dangers. Parce qu’aucun autre, dans toute l’histoire de la vie sur notre planète, n’a parcouru et ne parcourt un développement aussi précipité que le sien.
L’Homme, cette intelligence limitée, est un être inachevé. Son besoin d’accomplissement procède souvent par de successives destructions créatrices.
L’histoire de l’Homme est semée d’accidents, de hasards, de rencontres. Cependant, c’est à lui qu’il revient de faire face ou non à la fatalité. Ascension et déclin ne sont irrésistibles que s’il n’y résiste pas.
Des destins politiques opposés
De nombreux penseurs ont théorisé une dynamique. C’est le cas de l’influent juriste et philosophe nazi, Carl Schmitt pour qui la fonction même du politique est d’établir une distinction entre ami et ennemi, c’est-à-dire de construire une identité contre une autre.
L’ennemi, selon une certaine pensée, fait fonction d’anxiolytique par sa responsabilité (réelle ou imaginaire) dans nos angoisses collectives.
L’étape préliminaire à la fabrication d’un ennemi est la distanciation et/ou la séparation.
Avant d’aller guerroyer, il faut se construire un imaginaire du « nous et eux ». Il faut également se fabriquer un épouvantail, un autre soi-même qu’il faut « altériser », noircir et rendre menaçant, afin que l’usage de la violence puisse apparaitre légitime.
Tout est bon : la mythologie, les mots, les histoires, les théories anthropologiques, les idéologies, etc. « Le discours sur l’état de l’Union de George Bush, le 29 janvier 2002, désignant unilatéralement les trois pays de l’axe du mal », est un bel exemple contemporain de production artificielle d’ennemis par la plus puissante démocratie du monde.
La fabrication d’un ennemi cimente une collectivité de militants et sympathisants. Elle peut également être une échappatoire pour un homme politique en difficulté sur le plan moral.
Le peuple sénégalais a parfaitement compris que, à l’étape actuelle de son évolution politique, sa contradiction principale est celle qui oppose deux destins politiques. Et que l’aspect principal de cette contradiction est celui qui l’oppose à la morale et à l’éthique installées sur les socles de la tradition, de la religion et/ou de la constitution.
Chers frères et sœurs,
Nous vivons le temps de la prière. Nous sommes dans le carême chrétien et allons entrer en ramadan ; des moments de communion, de prières, de pardon et de partage.
« Rétracte-toi, rattrape-toi, et réforme ton intention pour qu’elle soit exclusivement vouée à Allah.
Efforce-toi de ne pas faire un seul pas et de n’accomplir aucune chose en général sans que ce soit à partir d’une bonne intention.
Tu deviendras apte à servir les hommes si tu arrives à cela ».
Nous vivons dans un monde où l’essentiel reste invisible pour les yeux, et nul ne peut modifier le chronogramme divin.
La foi et la raison réfutant le hasard, l’effort étant prescrit par Allah et convaincu que tout ce qui nous arrive n’est rien d’autre que la conséquence de nos actes.
Continuons à travailler pour la paix et la justice, comme le suggère la plateforme pour la République et la démocratie.
À vous, maîtres,
Je voudrai être Me Fadilou Diop,
Je voudrai être Me Valdiodio Ndiaye,
Je voudrai être Me Babacar Niang
La fonction de l’avocat est pénible. Elle est laborieuse et suppose dans celui qui l’exerce, un riche fond et de grandes ressources.
Vous prononcez d’importants et graves plaidoyers devant des juges qui peuvent vous imposer le silence, ainsi que contre des adversaires qui peuvent vous interrompre. Mais votre profession d’avocat mène aussi à la plus grande élévation sans perdre aucun des droits de sa première liberté et dédaignant tous les ornements inutiles à la vertu.
Le Sénégal s’est constitué en République pour appeler tous les citoyens à un degré plus élevé de bien-être, de moralité, et de religion.
Il y a juste un peu plus de deux ans, nous perdions le bien-être. Un virus nous avait fait expérimenter que, en un instant, tous les Hommes pouvaient devenir des discriminés, des ségrégués, ceux qui contaminent et qu’on bloque aux frontières.
Chaque homme était interpellé. Chacun devant affronter une obscurité totale que nul regard ne pouvait voir et encore moins décrire. Nous faisions face à une peur, une peur invisible.
Nous avons perdu la notion de moralité à cause du cinquième pouvoir, le pouvoir du citoyen : les réseaux sociaux.
Devrions-nous laisser nos descendants payer le coût de nos turpitudes ?
Devrions-nous encore installer une peur, cette fois-ci visible, dans nos psychés ?
Non ! Non ! Non !
Les Sénégalais en ont marre, mars 2021-mars 2023 : des morts, des blessés, des ruinés, des perdus.
Pourquoi ?
Deux banales affaires qui, globalement, concernent trois (3) Sénégalais.
Maîtres,
c’est parce que vous êtes reconnus intacts et purs que vous osez apparaître, dans vos robes, subtils et véhéments, vous devez être, mais refusez d’être les avocats de toutes les causes.
Aidez-nous à démêler la vérité dans le chaos des plaidoiries.
Nous voulons comprendre.
• Pour la première, il suffit de mettre sur la table du juge un dit rapport confirmant des propos tenus. Un jugement sera prononcé dans un sens ou dans un autre, et l’affaire est close.
• Dans la deuxième, l’accusé, que je sache, a tous les avantages :
– il bénéficie de la présomption d’innocence,
– il revient au plaignant de fournir les preuves,
– il faudrait que les preuves fournies soient exemptes de tout doute pour que l’accusé soit condamnable.
Vu l’internationalisation et la médiatisation de ces affaires, aucun juge ne peut ou ne pourra dire autre chose que le droit.
Chers hommes politiques,
On ne change pas une société par des mots.
Aussi longtemps que l’incantation verbale tiendra lieu de médecine, et les pieux mensonges idéologiques de cache-misère, notre pays ne connaîtra pas de grand avenir.
Que nos amis de l’extérieur comprennent cependant que le Sénégal n’est pas en danger.
« Du mois de mars 1962 au mois d’octobre 1975, la juridiction d’exception sous Senghor a prononcé plus de 300 années d’emprisonnement, plus de 200 années de travaux forcés, plusieurs condamnations aux travaux à perpétuité, deux condamnations à mort exécutées ».
Une constatation s’impose. De nos jours, dans nos pays comme partout ailleurs, les individus entendent jouir des droits de l’homme et veulent d’une vie décente. Les nations veulent l’indépendance réelle et la souveraineté, notamment sur leurs ressources naturelles. Les peuples veulent la libération sociale, le progrès et la coopération.
Peut-être partageons-nous cette conviction que la neutralité du Droit pourrait être considérée comme une pure fiction.
Tout système juridique entretient une relation dialectique avec le régime social propre à la société qui lui a donné naissance. Les normes juridiques qui en forment la rame sont l’expression d’un rapport de forces qu’elles ont pour fonction de conserver mais qu’elles peuvent aussi servir à modifier.
Ainsi, le Droit peut être une arme de libération et de développement. Travaillons à mettre en place une société réconciliée, une société où les citoyens seraient d’égale dignité, une société juste et fraternelle qui permettra à chaque Sénégalais d’occuper la place que lui assignent ses mérites et son dévouement aux intérêts du Sénégal.
La vraie subsidiarité n’est pas un mythe. Mais bien plus qu’un attirail juridico-politique, elle suppose la confiance.
Au siècle dernier, un philosophe, économiste et mathématicien disait que : « La confiance est le ressort moral, le ressort de gouvernement, qu’aucun règlement ne peut remplacer ».
La défiance stérilise, la plus grave, la plus malaisante, la plus lourde de conséquences pratiques aussi est une défiance envers l’homme dans sa liberté et dans sa relation sociale.
Main dans la main, faisons de sorte que la « société de confiance » s’étende un jour à la nôtre et lui apporte les bienfaits moraux et matériels prodigués par elle, dans la diversité de ses incarnations, dans l’unité de son inspiration.
Aux trop rares peuples qui ont su accomplir cette révolution culturelle, la plus grande de l’histoire ! Ces peuples rares, puissent-ils ne se montrer ni fils ingrats, ni fils prodigues, et mieux comprendre le pourquoi de leur réussite, non pour s’en réserver le privilège, mais pour en garder vivante la force exemplaire.