LE FRONT SOCIAL EN SURCHAUFFE
Le front social est en ébullition depuis maintenant plusieurs jours. La santé, tout comme l’éducation, connaissent des tensions avec des grèves annoncées ou en cours des syndicats des différents secteurs. Cependant, il faut noter que la source des mouvements d’humeur diffère d’un front à un autre. Si les acteurs de la santé manifestent pour de meilleures conditions de travail et de vie, ceux de l’éducation mènent le combat pour la libération des enseignants arrêtés ces derniers jours, lors des manifestations politiques.
L a Fédération des syndicats de la santé (F2S) a démarré depuis hier, mardi 21 mars 2023, pour 48h, une grève générale sur toute l’étendue du territoire national. Un nouveau plan d’actions qui fait suite au dépôt de préavis de grève du 17 février 2023. Une situation qui a paralysé le système sanitaire surtout au niveau des sphères secondaires comme les centres de santé, les districts. Le mot d’ordre de grève a eu aussi un impact au sein de l’hôpital Général Idrissa Pouye de Grand Yoff où les dirigeants de cette fédération travaillent, ainsi qu’à l’hôpital de Fann. Les membres appartenant à cette entité ont tout simplement respecté le mot d’ordre dont la finalité est d’obtenir une (meilleure) amélioration de leur condition de travail mais aussi de vie.
Selon leur porte-parole, Cheikh Seck, la F2S avait suspendu toute action de grève depuis le mois de novembre, pour que monsieur le Premier ministre nouvellement installé puisse s’imprégner des dossiers et convoquer les ministères concernés par la plateforme revendicative, comme l’avait fait son prédécesseur, l’ancien Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dione. «Mais, force est de constater que le seul vœu de ce gouvernement, c’est la confrontation et non le dialogue. La F2S n’a donc d’autres choix que de faire face», a-t-il fait savoir. Et de poursuivre : «nous ne comptons pas, cette fois-ci, leur donner de répit, jusqu’à la satisfaction totale de nos revendications».
Avec ce nouveau plan d’actions, les camarades de Cheikh Seck renouent avec la grève, comme l’ont fait ceux de Mballo Dia Thiam de l’alliance And Gueussem dont les préoccupations demeurent les mêmes. Aujourd’hui, seuls l’alignement, la généralisation et l’inscription dans les bulletins de salaire des travailleurs des établissements publics de santé ou hôpitaux et des collectivités territoriales intéressent ces syndicalistes qui ont décidé de passer à la rétention de toutes les informations sanitaires, au boycott de toutes les activités de supervision venant du district ou du niveau central, au boycott de toutes formations ou activités exploitant ou recueillant des données sanitaires.
L’on se rappelle, tout récemment, les camarades de Mballo Dia Thiam, dans leur démarche pour se faire entendre, avaient retourné tout le dispositif de vaccination. Aujourd’hui, cette même situation s’installe, sous le silence du gouvernement et de la tutelle, causée par des promesses non «tenues» lors des dernières négociations entre l’Etat du Sénégal et les syndicats de la santé. Ils sont nombreux ceux et celles qui sont exclus de ces protocoles et qui demandent tout simplement leur intégration, car figurant dans les profils retenus pour les bénéficiaires. Comme dans le secteur de l’éducation, l’Etat doit s’y atteler afin de régler des dysfonctionnements, pour une stabilité du secteur de la santé.
L’ECOLE, LETEMPLE DE LA TERREUR
Justement le secteur de l’éducation n’est pas épargné par cette turbulence dans le front social. Des professeures membres du Cusems/A de Dame Mbodj ont décidé de ne pas donner cours. Après un débraillage, avant-hier lundi, ils ont observé une grève totale hier mardi. Une manière de protester contre les arrestations de leurs camarades et la supposée tentative d’assassinat de leur leader suite à ses positions sur le procès de l’affaire Prodac opposant Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko. Dame Mbodji, connue comme un souteneur du leader du Pastef Sonko, a déclenché le mot d’ordre. Au même moment, leurs collègues du Cusems de Abdoulaye Ndoye, qui ont débraillé hier mardi, sont en grève totale ce mercredi.
Aussi, ce qu’on a constaté sur le terrain, ce sont les apprenants qui ont porté le combat. Des élèves sont en grève, délogeant leurs camarades des collèges privés. Au niveau de Ouagou Niayes, au CEM Samba Guèye, les élèves sont allés jusqu’à demander la «démission du Chef de l’Etat». Un risque de politiser l’école et l’éducation, avec des incitations à la violence. De plus en plus, les grèves dans le secteur de l’éducation ne découlent plus de revendications pour de meilleures conditions de travail, comme la disponibilité de matériels didactiques, l’éradication des abris provisions ou encore les avancements, les problèmes d’ordre pécuniaires, mais plutôt pour des soutiens à des enseignants le plus souvent violentés ou arrêtés, non dans l’exercice de leurs fonctions. Les acteurs de l’éducation doivent faire face à ces situations, faire leur auto-évaluation pour protéger les apprenants qui versent dans le vandalisme.