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3e mandat: « Le Conseil constitutionnel ne peut pas se dédire et juger le contraire de sa jurisprudence… »

« Les manipulateurs parlent sans cesse d’un probable report des élections…« , selon Bamba Ndiaye. Le vice-président du PLD/AS, lors d’un entretien avec Senego est revenu sur la situation politique tendue du Sénégal. Entre autres sujets, il a été question de la présidentielle de 2024, d’un probable 3e mandat du Président Macky Sall, le procès Mame Mbaye Niang/Ousmane Sonko… Entretien…

1 – Comment appréciez-vous la situation politique nationale du pays ?

Elle est caractérisée essentiellement par l’enjeu très particulier de la présidentielle de 2024. Comme vous le savez, le Sénégal est sur une rampe d’émergence depuis l’alternance de l’an 2000. Sans trop de bruits, des changements structurels ont été apportés à notre économie. L’un de ces principaux changements est la prise en mains de nos ressources nationales dont l’exploitation nous était interdite depuis des décennies. J’aime toujours rappeler que lors des discussions pour l’indépendance, l’ancien colonisateur s’était réservé certains domaines, comme celui des ressources naturelles, qui devaient rester l’apanage de la Communauté, c’est-à-dire du Président de la République française. Le Sénégal a mis fin à cela à partir de l’an 2000. Notre pétrole et notre gaz sont en cours d’exploitation et 2024 est l’année charnière à partir de laquelle nous pourrons commencer à bénéficier des retombées de cette exploitation.

Comme partout ailleurs en Afrique, de puissants intérêts privés étrangers cherchent à influencer la dévolution du pouvoir pour faire leur beurre et en quelque sorte exproprier notre pays des fruits du travail accompli durant ces dernières années. Si on ne comprend pas cela, on ne peut comprendre pourquoi des médias français réputés conservateurs apportent un soutien militant à des gens qui se présentent pourtant comme antifrançais. On ne comprend pas non plus pourquoi nous assistons aussi brusquement à un déferlement de violence et de haine que nous n’avons jamais connu dans notre histoire.
Un autre déterminant, inséparable du premier, est lié à l’expansion de l’insécurité en Afrique de l’ouest.

Les prétendus djihadistes, qui ne sont en réalité que des trafiquants d’or, de migrants, de drogue, … cherchent un débouché vers la mer et pensent que le moment est propice pour prendre pied au Sénégal en le déstabilisant. Nous savons tous qu’ils ont de puissants relais dans le jeu politique actuel. N’oublions jamais que l’actuelle crise ouest-africaine a ses origines en Lybie où ces intérêts privés étrangers ont réussi à mettre la main sur les ressources pétrolières et gazières, au grand détriment du peuple lybien.
C’est ce qui fait la spécificité de la prochaine présidentielle. Au-delà du nom du président, c’est la survie immédiate du Sénégal comme démocratie stable et prospère qui se joue. Il est temps que les véritables patriotes se hissent à la hauteur de cet enjeu en dépassant les rivalités et les contentieux politiciens.

C’est cela le combat du PLD depuis la préparation du Dialogue national jusqu’à la date d’aujourd’hui.

2 – À quelques mois des élections présidentielles, n’avez-vous pas peur qu’elle devienne de plus en plus tendue, au risque d’un report de la présidentielle de 2024 ?

Je vous rappelle que les manipulateurs parlent sans cesse d’un probable report des élections, espérant voir se créer un vide institutionnel dans lequel ils pourraient s’engouffrer. C’est ce qu’ils avaient fait aux dernières locales, comme aux élections législatives. Mais leurs attentes ont toujours été déçues. Je crois qu’ils seront encore déçus cette fois-ci.

3 – Entre autres revendications de l’opposition, la question du 3e mandat du Président Macky Sall qui, visiblement, lors d’un entretien avec des journalistes étrangers, semble ne pas exclure de se présenter en 2024. Ne pensez-vous pas que si le Conseil constitutionnel valide cette candidature, le pays risque de renouer avec les manifestations sauvages ?

Si le Conseil constitutionnel ne valide pas les candidatures, qui va le faire ? Alioune Tine ? Soyons un peu sérieux quand même ! La plupart de ces gens ont déjà dit publiquement que le président Sall avait droit à une troisième candidature, quand ils étaient avec lui. Depuis qu’ils ont rejoint l’opposition, ils ont changé de signe en quelque sorte. Je pense qu’il s’agit d’un faux débat. Je rappelle que la non prise en compte du mandat en cours dans le décompte a été l’un des consensus de 1992, qui régissent notre vie démocratique jusqu’ici. Le Conseil constitutionnel l’a confirmé en 2012 et en 2014. Il ne peut pas se dédire et juger le contraire de sa jurisprudence uniquement pour contenter des candidats qui ne sont pas convaincus de leur capacité à battre le président Macky Sall et qui cherchent donc à le faire éliminer autrement.

4 – Et vous, en tant que membre de Bby, quelle est votre position sur cette candidature de Macky Sall ?

Notre position ne peut pas varier. Comme en 2012, nous disons que la loi ne saurait être rétroactive et que le mandat en cours au moment de la révision constitutionnelle échappe aux dispositions nouvelles. Le consensus à construire serait de laisser en l’état la Constitution actuelle ou, en tout cas, les dispositions relatives aux mandats présidentiels, pour que la limitation à deux puisse être effective après 2024. C’est cela qui peut être constructif.

Pour le reste, la Conférence nationale du PLD a souhaité la désignation d’un candidat unique de la coalition BBY. Nous sommes déjà à pied d’œuvre, aux côtés des autres composantes, pour remporter ensemble une victoire éclatante en 2024. Nous sommes à l’écoute de la décision finale du Président et, quelle qu’elle soit, nous discuterons et déciderons en parfaite solidarité avec toutes les composantes de la coalition.

5 – Le procès Mame Mbaye Niang/Ousmane Sonko, ne pensez-vous pas que c’est une stratégie pour éliminer un candidat sérieux pour 2024 ?

Non, pas du tout. Au contraire. Tous les citoyens sont égaux devant la loi et la volonté de candidature à des élections ne saurait donner à quiconque la liberté de diffamer un autre citoyen dans l’impunité totale. Ce serait piétiner les droits d’un citoyen pour en satisfaire un autre ; déshabiller Massamba pour habiller Mademba. Au nom de quoi ? Le même raisonnement est valable concernant le dossier de viol. C’est vrai que cette jeune fille n’est pas candidate à la présidentielle. Elle est beaucoup moins riche et célèbre que celui qu’elle accuse. Mais est-elle une sous-citoyenne ou une non-citoyenne pour autant ? Je dis que non. Ils ont les mêmes droits au regard de la Constitution et des lois.

C’est pourquoi je suis heureux d’apprendre que le représentant du NDI américain a apporté un démenti aux lubies de Alioune Tine et de ses complices qui croient pouvoir empêcher la tenue de ce procès par la supercherie et le faux-semblant. Cela aurait été franchement méprisant et intolérable de demander à un Etat de droit de référence comme le Sénégal d’annuler, grâce à une entourloupe politicienne, un procès décidé par l’institution judiciaire.

6 – La dernière sortie des partisans de Sonko sur sa maladie, ces derniers dénoncent une tentative d’assassinat de leur leader. Que pensez-vous de ces allégations ?

La preuve est faite qu’il n’y avait ni empoisonnement ni assassinat ni rien du tout mais, comme d’habitude depuis plusieurs années, de l’enfumage et de la manipulation dans le seul but de tromper des groupes de jeunes et de les inciter à commettre des actes de violence. Les seuls assassinats enregistrés ont été ceux des deux jeunes de la Médina et de Bignona, et Sonko en répondra devant la justice. J’espère qu’on n’entendra pas alors le sophiste Alioune Tine prétendre encore qu’on veut invalider la candidature de son ami.

Ce que Tine pourrait faire d’honnête et utile, c’est expliquer à son compère qu’il a lui-même gaspillé sa candidature en s’empêtrant dans ces dossiers et que son seul choix raisonnable est de se mettre en retrait pour permettre à son parti et sa coalition de proposer un candidat crédible.

7 – Au sein de votre parti, avez-vous déjà choisi un candidat ?

Les instances appropriées de notre parti en décideront le moment venu. Sachez seulement que nous sommes tout à fait prêts à faire face à toutes les éventualités.

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