BABACAR NIANG, L’AGNEAU MEDICAL IDEAL DU SACRIFICE
Honorablement connue sur la place de Dakar, et même dans la sous-région, la clinique « Suma-Assistance » est en passe de subir un mauvais procès. Agé de 70 ans, Dr Babacar Niang, médecin-propriétaire de cette résidence hospitalière privée est arrêté pour non « non-assistance à personne en danger ». « Le Témoin » démonte les germes d’une accusation hypocrite et populiste destinée à faire un mauvais procès au Dr Babacar Niang dont les prises de position courageuses et les dénonciations dérangent.
Médecin-propriétaire de la clinique « Suma-Assistance », Dr Babacar Niang a été interpellé par les gendarmes de la brigade de Pété dans son village natal de Aram, commune de Médina Ndiathbé (Podor), où il s’était rendu pour des raisons familiales. Il a été acheminé, hier après-midi, dans les locaux de la Sûreté Urbaine de la police à Dakar. Il est accusé de « non assistance à personne en danger » et entre autres de « tri sélectif » des blessés lors des manifestations et contre-manifestations en marge de la comparution de l’opposant Ousmane Sonko au tribunal de Dakar pour les besoins du procès qui l’oppose au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang. Lequel l’accuse de « diffamation ».
A l’origine, une déclaration à la fois populiste et hypocrite du maire transhumant de la Médina, Bamba Fall, dont un des agents a perdu la vie dans les malheureux événements du jeudi 16 mars dernier. Il s’agit de l’agent municipal Doudou Fall qui a succombé à ses blessures après avoir été lynché par des manifestants. Un acte ignoble et condamnable ! En réagissant à la mort de son agent municipal sur les ondes d’une radio de la place, le maire Benno Bok Yakar (Bby) Bamba Fall a déclaré qu’au cours de son évacuation dans l’ambulance de Suma Assistance, les médecins ont commencé à poser à la victime des questions afin de connaitre s’il est membre du parti Pastef ou non. Pour le maire Bamba Fall, les secouristes de « Suma-Assistance » procédaient également à un « tri sélectif » en donnant une priorité aux blessés du parti Pastef. « Je pense que mon agent a été négligé jusqu’à ce que mort s’en suive. Il devait être rapidement opéré mais ils ne l’ont pas fait. Et pourtant, on a payé ! Pire, l’intervention a été programmée à trois reprises sans suite. Parce que Sonko, admis sur les lieux, était leur priorité. Finalement, il est décédé avant d’arriver à l’hôpital Principal », a expliqué Bamba Fall tout en menaçant de porter plainte contre Suma-Assistance pour « non assistance à personne en danger ».
Une clinique privée et non publique pour les blessés !
D’abord, il est bon de préciser que « Suma-Assistance » est une résidence hospitalière rattachée à une clinique privée. Et comme toute clinique privée, elle est dotée de chambres hospitalières privées voire payantes. Le séjour des malades, les consultations et les soins médicaux internes ou externes sont facturés à la caisse. De même que les interventions chirurgicales qui sont programmées. Parce qu’une équipe pluridisciplinaire composée de cardiologues, d’orthopédistes, de gynécologues, d’ophtalmologues, de pédiatres etc. contribue à offrir aux malades-résidents une prise en charge globale et adaptée à leurs besoins. A cet effet, c’est tout à fait normal et logique que les médecins et infirmiers de Suma-Assistance questionnent les blessés ou les patients sur leur statut professionnel ou leur entreprise pour pouvoir établir les conditions de leur prise en charge. C’est la première chose qu’on demande aux malades dans les structures sanitaires publiques à plus forte raison dans les cliniques privées ! Et cela, « Le Témoin » est bien placé pour en parler. Car à chaque fois qu’un journaliste ou employé du « Témoin » s’y présente, on lui demande s’il a une prise en charge. Quoi de plus normal que les employés de cette structure veuillent s’entourer de toutes les garanties de paiement ?
Dans certaines situations d’urgence médicale, cependant, les accidentés ou les blessés sans statut professionnel, sont assistés et pris en charge avant d’être « poursuivis » pour un éventuel recouvrement financier. Pour ce qui est de Pastef, on nous dit que ce parti dispose d’un comité socio-médical très bien organisé qui prend entièrement en charge tous ses militants blessés qui sont acheminés à Suma Assistance. Un caissier de cette clinique confirme et explique : « Permettez-moi d’abord de préciser que la clinique privée Suma-Assistance est implantée dans le même quartier où habite Ousmane Sonko, c’est-à-dire ici à Sacré-Cœur Cité Keur Gorgui. A chaque fois qu’il y a des manifestations, les blessés sont évacués à la clinique la plus proche du domicile de ce leader de l’opposition qui se trouve être Suma-Assistance. Même au delà de l’évacuation par ambulance, les blessés viennent d’eux-mêmes, à Suma-Assistance. Et s’ils sont d’Ousmane Sonko, on appelle les responsables du Comité socio-médical de Pastef qui viennent aussitôt pour payer les frais médicaux, les radiographies, les médicaments etc. Et s’ils sont de Benno ou d’autres partis, on essaye d’appeler leurs parents ou leurs responsables politiques indiqués pour le paiement des soins médicaux. Parce que nous sommes une clinique privée » nous confie en substance cet employé de Suma Assistance.
A propos de l’admission du leader de Pastef au sein de la clinique Suma-Assistance, « Le Témoin » est en mesure de vous confirmer que c’est Ousmane Sonko , lui-même, qui a choisi de se faire évacuer à la dite clinique, proche de son domicile. Mieux, le leader de Pastef est venu avec son propre médecin, à savoir son spécialiste de confiance. Lequel supervisait donc son traitement en rapport avec ses collègues d’autres spécialités qui suivent Sonko. Eux seuls devaient le suivre, Suma s’étant contentée, en tant que résidence hospitalière, de fournir la chambre et la logistique.
En effet Suma-Assistance, comme toute clinique privée ayant un très bon plateau technique médical, reçoit chaque jour des médecins et médecins-chirurgiciens « extérieurs » ou partenaires qui y orientent et consultent leurs malades contre paiement à la structure. Cela, des centaines de gens qui y sont hospitalisés chaque année par leurs médecins traitants peuvent en témoigner. Dans ces cas, seuls ces derniers peuvent avoir accès à leurs malades. « Vous savez, il y a des médecins-spécialistes que les agents de santé de Suma-Assistance ne connaissent même pas! Ils y viennent uniquement sur rendez-vous médical avec leurs patients avant de repartir après opération ou consultation. Des fois, ils y hospitalisent leurs malades compte tenu du confort des chambres et de la qualité du plateau technique de la clinique » confie notre interlocuteur.
Connu pour son patriotisme, sa droiture, sa légalité et son humanisme, Dr Babacar Niang ne mérite assurément pas de subir un tel mauvais procès pour avoir rendu de bons et loyaux services à la santé publique. Il ne doit quand même pas être victime d’un délit de voisinage avec Ousmane Sonko !