DERRIÈRE L’EXPRESSION SENTIMENT « ANTI-FRANÇAIS », LE MÉPRIS DES ÉLITES DE L’HEXAGONE
La veille de la dernière tournée d’Emmanuel Macron en Afrique centrale, Radio France internationale (RFI) consacrait une émission à « la montée d’un sentiment anti-français ». Le 13 janvier, Politique Magazine publiait un article du même titre. Le 4 janvier, c’était au tour d’un groupe de réflexion libéral de se fendre d’une analyse intitulée « sentiment anti-français en Afrique de l’Ouest, reflet de la confrontation autoritaire contre l’Occident collectif ».
Mais existe-t-il vraiment un sentiment anti-français en Afrique ? Nous répondons par la négative. Pour une raison toute simple : il n’a rien à voir avec la réalité, le phénomène auquel on s’efforce de l’arrimer, qui procède non pas de l’émotion, mais, bien au contraire, d’un choix raisonné — certes dérangeant pour les intérêts de la politique de coopération française en Afrique.
Stratégie de disqualification
Derrière l’utilisation de l’expression « sentiment anti-français », alors, nous entrevoyons un mépris et une insulte à l’égard des populations africaines, et particulièrement des plus jeunes, investies dans des mouvements de contestation. Elles sont présentées là comme irrationnelles et facilement manipulables – jadis par la France, mais désormais par la Russie ou la Chine –, incapables d’opérer des choix rationnels, fondés sur des calculs entre les coûts et les bénéfices de la coopération de leurs pays avec tel ou tel pays partenaire – dans quelque secteur qu’il soit.