Ansou Sané sur la société civile : « Elle n’a pas vocation à donner des consignes de vote ou vilipender… »
Depuis qu’il s’est embourbé dans des affaires judiciaires, le leader de l’opposition, Ousmane SONKO, n’a eu de cesse d’appeler les jeunes à l’insurrection avec des implications regrettables notamment des troubles à l’ordre public, la destruction des biens publics et privés, la désacralisation des institutions et des autorités qui les incarnent sans oublier les pertes en vies humaines et victimes enregistrées.
Cette situation a entrainé une levée de boucliers des forces vives de la nation pour appeler au calme et au respect de l’ordre public dans le rétablissement duquel les Forces de défense et de sécurité ont joué, il faut les en saluer, un rôle déterminant.
Dans ce lot d’interventions, il est à noter, pour s’en offusquer, celles de certaines organisations de la société civile dont les positions penchées et partisanes en faveur de l’opposition ne sont plus à démontrer. En effet, l’intervention intempestive d’organisations qui se réclament de la société civile dans le débat politique constitue le fait majeur dans cette actualité politique bouillonnante.
Si leurs postions étaient attendues, il faut dire, au final, qu’elles ont plutôt déçues (ces organisations) certains sénégalais tant le caractère partisan de leur discours a fini de démontrer leur véritable visage, remettant ainsi en cause leur devoir de neutralité et d’impartialité. Pourtant, les intellectuels et observateurs avertis ont toujours appelé ces organisations à conserver l’obligation d’équidistance et d’objectivité qui sous-tend leurs missions. En réalité, la vocation de la société civile est d’être autonome vis-à-vis des partis politiques et des pouvoirs publics en toute rigueur et avec courage.
Elle n’a pas vocation à se mobiliser pendant les moments électoraux pour l’opposition ou à donner des consignes de vote, de manière subtile, pour le camp ou le candidat de l’opposition ou celui du pouvoir.
Elle n’a pas vocation à prendre parti dans des dossiers judiciaires en faveur d’un responsable de l’opposition ou du pouvoir.
Elle n’a pas vocation à inciter les syndicats à adopter des revendications politiques ou à les inciter à faire grève pour obtenir des gains politiques au nom du syndicalisme.
Elle n’a pas vocation à encourager le corporatisme primaire en se substituant à l’ordre des médecins ou aux syndicats d’enseignants lorsque les membres de ces corps commettent des délits passibles de peines de prison surtout lorsque ces derniers désertent les salles de classe pour inciter, organiser et commanditer des actes passibles de délits.
Elle n’a pas vocation à vilipender un pays, ses institutions, son image au nom de la défense des intérêts politiques et partisans de membres de l’opposition.
Malheureusement, force est de constater qu’une certaine société civile sénégalaise s’est donnée pour vocation de faire tout ce qu’elle ne doit pas faire. Je me plaisais à demander quelle était la dernière activité de la société civile sénégalaise qui avait eu un impact dans notre vie économique, sociale ou culturelle? Aucune réponse. Peut être que cela existe. Mais je ne m’en souviens pas. Tout ce que la société civile sénégalaise fait et dit tourne autour de la politique. Dès lors, mes questions sont les suivantes : la finalité de la société civile est elle politique ou « citoyenne » ? La société civile est-elle là pour défendre exclusivement les intérêts des leaders politiques de l’opposition ou a-t-elle pour mission la défense des intérêts collectifs et citoyens des Sénégalais ?
Nous emprunterons à un grand penseur de son époque ses propos : « les acteurs de la société civile doivent refuser la politisation de leurs organisations, sous peine de perdre la légitimité sociale qui devrait les caractériser et de porter atteinte ainsi aux principes d’indépendance, d’impartialité et d’intégrité du segment du corps social dont ils sont censés représenter ».
Malheureusement, certaines organisations de la société civile sénégalaise développent des postures partisanes dans le jeu politique, en violation flagrante de leur statut, de l’esprit et de la lettre des fondements qui doivent régir une vraie société civile. Un échec total pour cette génération d’acteurs (au sens propre comme au figuré) qui sont devenus, de nos jours, de honteuses filiales de l’opposition politique sénégalaise. Quelle crédibilité donnée à un leader de l’opposition qui se glorifie d’avoir partagé un plat de « Thiébou Djenne » chez un leader de l’opposition ? Où sont les organisations de la société civile quand des leaders de l’opposition appellent à l’assassinat d’un Chef d’Etat, élu démocratiquement et confortablement par les sénégalais sur la base d’un bilan radieux ?
Que dire du silence complice de cette frange de la société sociale face à un discours appelant à la défiance des institutions, .à la destruction des biens publics. Que dire également des discours de cette société civile tendant à remettre en cause tous les acquis démocratiques obtenus par notre pays et les libertés consacrées.
Aujourd’hui, cette frange de l’opposition, pardon de la société civile gagnerait à s’inspirer du legs, haut combien vertueux, de feu Mouhamadou MBODJ, précurseur et pionnier, en 1993, de la société civile au Sénégal, qui tenait toujours un discours à équidistance des colorations politiques, un discours courageux, objectif, neutre et indépendant et qui, face aux circonstances, s’adressait aux acteurs politiques en toute impartialité et en toute responsabilité.
Ansou SANE
Directeur général ANRAC
Membre de la CCR