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UNE «DÉGRINGOLADA» !

Quels que puissent être les résultats définitifs des élections législatives de dimanche dernier, force est de constater que l’inter-coalition Yewwi-Wallu frôle les 80 députés à l’Assemblée nationale. En réalité, même si l’opposition n’avait que 70 députés dans la future chambre, ce résultat aurait constitué une « dégringoladata » de la mouvance présidentielle (Benno Bokk Yakaar) regroupant les membres du gouvernement, les directeurs généraux de sociétés nationales, les maires transhumants, les députés sortants, les hommes d’affaires enrichis à coups de marchés publics, les spéculateurs fonciers et autres chasseurs de fonds politiques. Une véritable grande équipe d’Etat déroutée par de pauvres remplaçants mettant ainsi fin au débat d’un troisième mandat. La conclusion qui s’impose donc pour le président Macky Sall, un dauphin inéluctablement en vue de la présidentielle 2024. L’ancien ministre des Finances Amadou Ba pourrait-il être l’homme de la situation ?

Pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal, le spectre d’un gouvernement de cohabitation plane sur la République. Une chose est sûre : rien que le terme « ballotage » sonne comme une déroute politique de la mouvance présidentielle incarnée par la coalition Benno Book Yakaar (Bby) et regroupant tous les membres du gouvernement sans compter les directeurs généraux de sociétés nationales, les députés sortants, les richissimes hommes d’affaires, les maires transhumants, les mercenaires de dernière minute etc.

Toute cette équipe d’Etat logistiquement et financièrement lotie aurait dans les normes écrasé l’opposition des « tocards » pour offrir une très large victoire au président Macky Sall. Hélas, au finish, c’est une nouvelle déconvenue que vient de subir le camp présidentiel dans la continuité de celle des élections locales de janvier dernier. Selon Dr Momar Thiam, expert en communication politique et sociale, compte tenu des lourdes tendances qui se dégagent depuis dimanche en faveur de l’opposition, force est de reconnaitre que la mouvance présidentielle a subi une « Dégringolada » alors que l’objectif était une « Remondata » après sa déroute lors des élections locales. « En effet, dans plusieurs grands départements, la coalition au pouvoir a dégringolé. Et si les résultats se confirment, le président de la République Macky Sall sera en face d’un vide politique et n’aura pas les coudés franches pour mener sa politique pendant un an et être dans la perspective de 2024.

Et si toutefois le président Macky Sall se trouve dans cette situation de n’avoir pas les moyens de gouverner tranquillement, les dés sont déjà pipés dès lors que le peuple s’est exprimé sans réserve contre un éventuel troisième mandat. Car durant toute la campagne électorale, les leaders de l’inter-coalition Yaw-Wallu ont focalisé leurs discours et mots d’ordre sur un non à un troisième mandat. Donc si les Sénégalais ont donné massivement leurs suffrages à l’opposition qui a battu campagne sur ce thème, c’est parce qu’ils rejettent un troisième mandat. Dans ce cas, le président Macky Sall doit forcément se choisir un dauphin. Mais est-ce que ce futur dauphin aura les capacités techniques et politiques pour supporter la colère des Sénégalais et freiner le rouleau compresseur de l’opposition ? » s’interroge Dr Momar Thiam, communicant et politologue, s’exprimant comme si le président Macky Sall serait dos au mur.

Un dauphinat s’impose !

Une chose est sûre, jamais dans l’histoire politique de notre pays, l’opposition n’avait espéré autant de députés qu’au sortir des élections législatives de ce dimanche 31 juillet 2022. Car la meilleure performance à l’actif de l’opposition remonte à 1993 lorsqu’elle avait obtenu 30 % des sièges soit 36 sur 120 députés. Donc, quels que soient les résultats définitifs du dernier scrutin en date (60, 70 ou 80 députés pour l’opposition par exemple), force est de constater que l’Intercoalition Yewwi-Wallu a acculé le président Macky Sall jusqu’à le plaquer contre un mur. Une mauvaise posture politique qui l’obligerait à trouver un dauphin en vue de la présidentielle de 2024.

Et bien qu’il soit sous l’effet conjugué d’une double pression (interne et externe), il est appelé à réfléchir à l’identité de celui qu’il souhaiterait voir lui succéder dans moins de deux ans. Un dauphin qui serait investi sous la bannière de l’Apr. Ainsi, plusieurs noms sont évoqués ! Les uns sont de hauts responsables politiques de son parti, les autres sont de brillants technocrates qui ont eu à occuper de hautes fonctions sous son magistère. Il y a Aly Ngouille Ndiaye, qui a gagné haut la main à Linguère, Me Oumar Youm, qui a réussi à sauver les meubles dimanche dernier dans le département de Mbour, Abdoulaye Daouda Diallo, qui a confirmé que le département de Podor reste le titre foncier incontesté du président Macky Sall ou encore le brillant technocrate Mouhamadou Makhtar Cissé. Autant de noms de dauphins potentiels. Mais le nom qui revient le plus et avec insistance, c’est celui de l’ancien ministre de l’Economie et des Finances Amadou Ba. Un ministre qui a fait ses preuves pour avoir été l’un des plus grands pourvoyeurs de fonds au profit de l’Etat du Sénégal. Certains détracteurs objecteront qu’il a été battu dans son fief des Parcelles Assainies lors de ces toutes récentes élections législatives. Seulement, ils ont du oublier que l’ancien ministre Amadou Ba n’était qu’un simple renfort pour la coalition de Bby/Parcelles Assainies. Comme quoi, la responsabilité de la razzia de l’opposition, et donc de la débâcle du camp présidentiel, ne pouvait pas se résumer à un seul responsable de l’Apr, de surcroît une « prête-main ». Il est vrai que tout dauphinat engendre une féroce guerre entre prétendants en vue de gagner les faveurs de l’arbitre de la succession qu’est le président de la République. D’où des fissures profondes qui risquent de se produire au sein de l’appareil de l’État et du parti au pouvoir. Mais le dernier mot revient toujours au peuple souverain.

A moins de deux ans du requiem du régime de l’Apr en place, l’heure du choix d’un dauphin a sonné et les résultats des élections du dimanche l’ont confirmé. Sauf si le président Macky Sall compte ouvrir largement à l’opposition le boulevard de la République menant au Palais présidentiel…

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