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OUSMANE SONKO ET LA COURSE EN AVANT…

Les élections législatives viennent de se tenir dans notre pays avec des résultats en nette défaveur du pouvoir en place. Il s’agit d’une seconde alerte après la déconvenue des locales qui avait vu les grandes villes échapper à la coalition au pouvoir. Les résultats parlent d’eux-mêmes : 82 députés pour BENNO, contre 80 pour l’opposition YEWWI/WALLU, et avec au passage une moins-value de 40 sièges perdus pour la majorité au pouvoir entre deux consultations. L’enseignement est clair : il s’appelle « perte progressive de confiance » vis-à-vis su régime du président Macky SALL. Les rapports de forces issus des résultats électoraux se passent de commentaires. L’essentiel à retenir est que l’unanimisme BENNO à l’Assemblée nationale a fait son temps.

La formation d’un gouvernement tirant les leçons de la nouvelle configuration parlementaire et celle du bureau de la nouvelle Assemblée, que d’aucuns jugent risquée au regard de la nature secrète du vote des députés, constituent une autre étape dont l’issue va renseigner sur la façon dont le Président Macky SALL va gouverner le Sénégal les prochains 18 mois. Sans lui laisser un quelconque répit, Ousmane Sonko vient d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle de 2024. Venant de l’adversaire le plus frontal du Président actuel, détenant de surcroît les clés de la communication avec les jeunes, cette déclaration donne forcément le signal de la course électorale, reléguant donc au second plan la grande performance de l’opposition à l’Assemblée. Après un 400m épuisant pour la majorité, Sonko appelle à une nouvelle course de 200m sans laisser le temps de reprendre le souffle et de panser les blessures. Pris de court, certains responsables déclarant parler en leur propre nom crient « au vol » et demandent au président de PASTEF de répondre au préalable de l’accusation de viol pesant sur lui, occultant d’ailleurs le fait que le chronogramme du traitement judiciaire de cette affaire relève du juge lui-même. Pourquoi cette hâte de SONKO de montrer du doigt la prochaine étape alors que l’opposition est entrain de faire le point sur la manière de consolider les acquis à l’hémicycle ?

Les raisons sont multiples

Le leader du PASTEF veut « garder la main » alors que la situation actuelle met davantage en valeur les seconds couteaux élus du fait de l’élimination des candidats titulaires. A ceux-là, c’est-à-dire aux suppléants élus députés, le rôle de faire des propositions de lois et d’initier des commissions d’enquête parlementaire pour « fixer » la majorité actuelle. Il est opportun de rappeler que seul Ousmane SONKO a fait une campagne quasi présidentielle aux dernières élections législatives ; de ce fait, il a l’intention de capitaliser sur ses acquis pour accroître son audience. Il profite du fait que Macky SALL est encore dans le doute quant à l’annonce de sa candidature à un 3ème mandat qu’il sait périlleux et aussi quant au choix d’un dauphin qui pourrait lui assurer ses arrières, pour prendre le large. Exactement d’ailleurs comme l’avait fait l’actuel Président actuel avec ses principaux challengers de Benno Siggil Sénégal en 2012 ! En annonçant des tournées politiques à l’intérieur du pays, Ousmane Sonko garde la main et oblige le pouvoir à se focaliser sur sa personne au risque de commettre des erreurs. Ce qui accroitrait sa popularité auprès des Sénégalais, de la jeunesse en particulier. Plus il gardera la main, plus ses initiatives seront le « la » de la vie politique, et Macky Sall en sera réduit à imaginer des stratégies de neutralisation de toutes façons de moins en moins crédibles. Ousmane SONKO investit également la scène internationale, avec la volonté de se poser comme l’Alternative au président actuel. Son attaque contre la France est frontale. La France, désignée comme l’adversaire principal, et Macky SALL son bras armé, est enjointe de ne pas s’immiscer dans les affaires du Sénégal.

Un appel du pied à Poutine !

Dans sa dernière allocution, il félicite Assimi Goita et fait un appel du pied à Poutine, adversaires de la présence française en Afrique.

Ainsi, dans un contexte où l’image de la France est très chahutée, Sonko acquiert peu à peu une dimension panafricaine, poussant du même coup Macky SALL à éviter un alignement systématique sur les positions françaises dans le monde. L’exemple patent est le reproche fait par Emmanuel Macron aux chefs d’Etat africains, lors de sa visite au Cameroun, de ne pas se ranger clairement dans le camp occidental en ne désignant pas la Russie comme l’agresseur de l’Ukraine. Pour conclure, il faut reconnaitre qu’à l’heure du bilan de 60 années d’indépendance, la situation des pays d’Afrique n’est pas reluisante. Les gouvernants, la France et les institutions financières internationales n’ont pu mettre en œuvre des stratégies aptes à assurer le développement économique et l’emploi, ni assurer une protection des populations face au terrorisme qui massacre les populations depuis près d’une dizaine d’années.

La comparaison des pays africains avec les actuels dragons asiatiques est convoquée pour montrer l’échec d’un développement économique impulsé par la coopération avec la France. Un développement économique entravé par l’inertie d’un instrument monétaire, le franc CFA, mis en place dans un souci d’assurer le libre transfert des capitaux investis dans la zone et non dans celui d’une politique monétaire favorisant le développement d’une base d’exportation de produits transformés sur place. La jeunesse africaine, principale victime de ce non-développement, lutte pour sa survie via l’émigration clandestine périlleuse et la révolte. Cette situation impose aux futurs gouvernants de bâtir des stratégies claires de transformation de nos matières premières pour créer des emplois et de privilégier le souverain par rapport au mondial.

Cette jeunesse d’Afrique…

Le contexte actuel de crise sanitaire et militaire en Occident, les luttes sociales en France (gilets jaunes et autres luttes pour le pouvoir d’achat), la baisse des pouvoirs d’achat et la montée des souverainismes en Europe, l’ampleur de la contribution ders réseaux sociaux à la diffusion de l’information… tout cela renforce davantage la volonté de la jeunesse d’Afrique de se débarrasser de toutes formes de tutelle qui n’iraient pas dans le sens de ses intérêts. Pour ne pas tout perdre, la France devrait revoir sa politique en Afrique, en l’abordant sous le prisme du partenariat économique fécond et non sous l’angle des bénéfices exclusifs de l’ancien pacte colonial. Il n’est plus admissible de faire de l’Afriq

ue un réservoir de matières premières et de délocaliser les circuits de leur transformation en Asie. Pour opérer cette révolution, la suppression du FCFA actuel, la réhabilitation des secteurs de l’éducation, de la formation scientifique et professionnelle et la mise en œuvre d’investissements « industrialisants » et créateurs d’emplois sont le passage obligé d’un autre type de partenariat d’égal à égal, dans le cadre d’une coopération internationale ouverte à tous les pays du monde. Pour en revenir à Ousmane Sonko, l’actuel pouvoir politique a jusque-là échoué à le mettre hors du champ politique. Devant faire avec lui, il ne serait pas farfelu de conjecturer que Macky SALL analysera avec beaucoup d’attention l’intérêt de faire entrer dans la ronde politique des leaders jusque-là exclus des compétitions, à savoir Karim WADE et Khalifa SALL, ce qui ne pourrait faire que du bien au jeu démocratique, parasité par le diktat des divers « hommes providentiels » que le pays a connus à sa tête, et ouvrir la voie à des consensus forts sur les programmes et mesures économiques politiques indispensables à l’amorce du développement économique du Sénégal.

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