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LES DÉPUTÉS TOUCHENT LE FONDS

Des centaines de millions dépensés sur le dos du contribuable pour satisfaire des ambitions politiques individuelles. C’est la conséquence de plusieurs groupes parlementaires. Selon Thierno Bocoum, les groupes parlementaires doivent être mis en place par affinités politiques et non pour d’autres intérêts. Il appelle l’opposition à rester unie pour avoir des chances de diriger l’Assemblée nationale.

L’Inter-coalition Yewwi-Wallu est en train d’étudier la formation de plusieurs groupes parlementaires pour peser de tout son poids dans l’Hémicycle. Une perspective qui choque Thierno Bocoum. Dans une note intitulée «Floraison de groupes parlementaires en perspective de la 14ème législature : et le Peuple dans tout ça ?», l’ancien député ne voit dans cette trouvaille qu’une manière pour des parlementaires de s’en mettre plein les poches au détriment des populations. «Cette escalade en perspective dans la formation de groupes parlementaires doit être arrêtée net. L’Assemblée nationale ne doit plus être un lieu de partage de gâteau et de mimétisme de mauvais aloi sur le dos des populations.»

Thierno Bocoum motive sa position en détaillant les conséquences économiques de la constitution de plusieurs groupes parlementaires. Il explique que les groupes parlementaires coûtent cher au contribuable sénégalais. Ce sont des centaines de millions qui sont dépensés pour encadrer leur existence légale. «Les groupes sont dotés de fonds de gestion d’un montant minimum de 2 à 5 millions par mois, selon la taille du groupe. Le président du groupe parlementaire a un rang de vice-président de l’Assemblée nationale, avec un salaire de 2 millions minimum, et d’autres avantages, en plus d’une dotation en carburant de 1000 litres minimum, de 2 voitures 4X4 mises à sa disposition, de prise en charge d’un secrétariat, d’un bureau équipé, de crédit téléphonique… Le vice-président du groupe parlementaire a un rang de président de commission avec un salaire minimum de 1,6 million, en plus des avantages accordés au président du groupe (dotation en carburant de 1000 litres, deux voitures 4X4, prise en charge d’un secrétariat, d’un bureau équipé, de crédit téléphonique…)», décrit Thierno Bocoum, pour qui le respect du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale doit être de mise. «L’article 20 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale prévoit que les groupes parlementaires puissent être formés par «affinités politiques». Les élections législatives ont révélé les affinités politiques à travers des coalitions qui, jusque-là, existent encore. La création de groupes parlementaires en parfaite abstraction de cette affinité politique existante, ne sera que le résultat d’un calcul politicien sous fond d’enrichissement sur le dos des populations», a-t-il argumenté.

Dans la même logique, il balaie d’un revers de la main, l’hypothèse selon laquelle plusieurs groupes parlementaires seraient bénéfiques à l’opposition car elle gagnerait en temps de parole. «Les quelques bribes d’explications allant dans le sens de justifier ces groupes par des soucis de temps de parole ne résistent pas face aux dispositions pertinentes du Règlement intérieur de l’As­semblée nationale. Dans l’Hé­mi­cycle, le mandat impératif n’existe pas et le débat est libre. Même occasionnellement, dans le cadre d’un débat organisé par la Conférence des présidents, tel que prévu par le Règlement intérieur, toutes les entités sont prises en compte, y compris les non-inscrits», soutient-il, tout en invitant l’opposition à «travailler à avoir un candidat unique pour se donner les chances de diriger l’Hémicycle, en comptant sur la discipline de ses membres et sur les frustrations qui pourraient résulter de choix arbitraires dans la distribution des postes au sein de la Coalition Bby».

Birahime Seck est également intervenu pour jeter sa pierre à l’opposition. Le président du Forum civil, chantre de la bonne gestion des deniers publics a posté un mot sur ses différents réseaux sociaux, pour mettre en garde l’opposition parlementaire. M. Seck se désole : «Contrairement à son engagement de rationalisation des dépenses, l’opposition, principalement Yewwi askan wi, aura trahi son programme si elle se lançait dans la création de plusieurs groupes parlementaires, aggravant ainsi les dépenses de l’Assemblée nationale».

Comme Thierno Bocoum, le président de la branche sénégalaise de Transparency Inter­national semble vouloir faire comprendre que la multiplicité de groupes parlementaires de l’opposition n’aurait de véritable finalité que de permettre à certains députés parmi les mieux placés dans la hiérarchie, de participer à la mangeoire.

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