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AFFAIRE DOURA DIALLO, LA JUSTICE SE PRONONCE

Le Procureur de la République près le Tribunal de grande instance (Tgi) de Kédougou, Baye Thiam, s’est prononcé sur l’affaire Doura Diallo, morte en couche au district sanitaire de Kédougou. Face à la presse, le chef du parquet de la localité parle de « forte négligence médicale ».

Le Procureur près le Tribunal de grande instance (Tgi) de Kédougou est formel : « A l’analyse des faits de l’espèce, une forte négligence médicale ainsi qu’un manquement manifeste aux règles élémentaires de la médecine ont été relevés ». Lors d’un face-à-face avec la presse vendredi Baye Thiam s’est expliqué sur l’affaire Doura Diallo, décédée, ainsi que son nouveau-né, au district sanitaire de Kédougou. « D’abord, il ressort de la procédure que la patiente avait accouché par voie césarienne lors de sa dernière grossesse dans ce même district. Ce qui aurait dû dissuader le gynécologue, compte tenu de ses antécédents avérés, de la faire accoucher cette fois-ci par voie basse », a-t-il fait savoir. Ensuite, ajoute le magistrat, « la défunte, qui était diabétique, ne pouvait nullement supporter un accouchement par voie basse vu son poids qui était quasiment à 100 kg ».

Enfin, le procureur de Kédougou souligne qu’« il nous a été donné de constater que le fœtus pesait 4 kg 770 grammes et donc ne pouvait, sous quelque acrobatie utilisée, sortir par la voie basse ».

A cet effet, Baye Thiam dit avoir instruit le Commandant de Brigade de Kédougou d’appeler immédiatement tout le personnel médical qui était dans le bloc opératoire en commençant par le gynécologue pour les entendre et également convoquer le mari de la défunte pour prendre son audition.

« Eu égard à la gravité des faits et après les premiers interrogatoires, les personnes mises en cause sont arrêtées et placées en position de garde à vue pour homicide volontaire et complicité de ce chef, faits prévus et punis par les dispositions des articles 45-3, 46, 280 et 287 du Code pénal », a notamment souligné le Procureur.     

Revenant, auparavant, sur les faits, qui se sont déroulés dans la nuit du 30 août 2022, aux environs de 22 h, il indique que, selon les premiers éléments de l’enquête, la femme s’était rendue à deux reprises au Centre de santé pour des visites prénatales.

« Sans pitié, ni sentiment » 

« La sage-femme, trouvée sur place, lui a signifié qu’elle n’était pas encore à terme et qu’elle pouvait revenir le lendemain. C’est ainsi que, d’après toujours le maître des poursuites, dans la journée du 30 août 2022, la nommée Doura Diallo, a été admise au district sanitaire de Kédougou au service de la Maternité aux environs de 8h du matin accompagnée de son époux Malick Cissé alias ‘’Mor’’», a relaté le Procureur près le Tgi de Kédougou, face à la presse.

A l’en croire, la matrone, après l’avoir consultée et constatée un affleurement de la tête du bébé, a appelé le gynécologue. « Ce dernier, arrivé aux environs de 16 h, s’est présenté et a essayé d’accoucher la femme par voie basse jusqu’à faire sortir la tête mais les épaules du bébé, étant bloquées, peinaient à sortir du fait du volume et ce, contrairement à la volonté de son époux qui lui suppliait de faire une césarienne compte tenu de ses antécédents », a notamment regretté le chef du Parquet de Kédougou.

« C’est ainsi, regrette-t-il, sans pitié ni sentiment, qu’il a continué de manœuvrer sans même tenir compte de la fragilité du bébé. S’étant rendu compte qu’il était face à un obstacle imparable, il a décidé de procéder à une intervention chirurgicale, ce qui était trop tard car la situation était déjà devenue inextricable ».

Mais, d’après Baye Thiam, « le comble s’est produit une fois au bloc opératoire lorsque le gynécologue ainsi que l’anesthésiste ont délibérément décidé, sans même avoir préalablement consulté le mari de la défunte, de procéder à une hystérectomie, c’est-à-dire, une ablation totale de l’utérus. En outre, les manœuvres du gynécologue pour extraire le nouveau-né ont causé le décès de celui-ci ».

Il révèle, en outre, que « les déclarations spontanées des parties (personnel médical et le mari de la défunte) indiquaient que le fœtus à l’arrivée était vivant car le mari, présent à l’accouchement avait posé la question au médecin qui lui a confirmé effectivement qu’il respirait ».

Il regrette ainsi, des « manœuvres en cascade (qui) ont très certainement provoqué une rupture utérine qui a conduit immédiatement au décès de la mère suite à une hémorragie externe et un arrêt cardiaque selon le rapport du médecin-chef du district sanitaire de Kédougou transmis au Parquet le 31 août 2022 ».

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