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LES DAMES AU POUVOIR

L’appétit venant en mangeant, les organisations de femmes qui ont acquis de haute lutte la parité depuis 2010, n’ont plus d’yeux que pour la deuxième institution de la République, en attendant une femme présidente.

Hier, à l’occasion d’une réunion d’évaluation entre le Collectif des organisations de la société civile et le National Démocratic Institute, Safiétou Diop, Présidente du Réseau Siggil Jigéen, est revenue sur l’impératif pour elle de confier l’Assemblée nationale à une femme. ‘’Nous n’avons jamais été aussi proches du but. Pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal, une liste de la coalition au pouvoir a été dirigée par une femme. Elle a mené la campagne et a, malgré tout, quoi qu’on puisse dire, fait gagner sa coalition. Cela prouve, s’il en est encore besoin, que les femmes ont droit de cité dans ce pays. Personne n’ose plus en douter’’.

Le chemin fut assez long : 1975-2022, c’est près de 50 ans de lutte. D’année en année, des efforts ont été réalisés jusqu’à l’adoption de la loi sur la parité, en 2010. Laquelle a largement contribué à booster la présence des femmes au niveau des instances électives. Aujourd’hui, sur les 165 députés que compte l’Assemblée nationale, 73 sont des femmes, soit un taux de 44,2 %. En 2012, à la suite des premières élections sous l’emprise de la loi sur la parité, le Parlement comptait 65 femmes sur 150, soit un taux de 42,7 % ; 69 sur 165 députés en 2017 (41,8 %). Il y a des avancées notoires certes, mais pas assez. Les femmes en veulent toujours plus. Dernièrement, elles ont même réussi à obtenir des décisions de justice invalidant des bureaux municipaux pour non-respect de la parité. Jusque-là, beaucoup de collectivités territoriales faisaient fi de la loi sur la parité, quand il s’agit de choisir les adjoints aux maires. Des juridictions sont même allées jusqu’à souligner que si le maire est, par exemple, un homme, son premier adjoint doit être obligatoirement une femme.

Un autre combat de gagné pour les femmes. Selon Safiétou Diop, la loi sur la parité a été un vrai catalyseur. ‘’Depuis l’avènement de cette loi, on se bat pour son application effective. Lors des dernières Législatives, tous les efforts ont convergé vers l’émergence de plus de leadership des femmes. La campagne a montré qu’il y a une émergence effective d’un autre type de leadership féminin’’, insiste la membre du Cosce. ‘’Nous nous sommes battues pendant plus de trois générations. Ces résultats, nous le devons aux efforts de toutes les femmes et à toutes les organisations comme le Cosce qui, depuis 1999, œuvre dans ce sens. Ce travail de longue haleine a porté ses fruits, mais il ne faut pas pour autant baisser les  bras. Il faut poursuivre la lutte, parce qu’il y a encore des efforts à faire’’, conseille-t-elle.

Désormais, les seuls combats qui vaillent pour la femme leader, c’est l’Assemblée nationale et la présidence de la République. ‘’Il est temps que les femmes soient portées à la tête de l’Assemblée nationale pour montrer de quoi elles sont capables. Voilà pourquoi on se bat pour l’atteinte de cet objectif. Les femmes ont prouvé qu’elles étaient compétentes dans les différents ministères et directions ; elles ont prouvé à la tête des deux institutions que sont le Conseil économique, social et environnemental et le Haut conseil des collectivités territoriales. Il faut aussi leur confier l’Assemblée nationale et la présidence pour boucler la boucle’’, confie la présidente de Siggil Jigéen.

Pour elle, la campagne pour les dernières Législatives est de bon augure, avec davantage de femmes qui se sont illustrées comme de véritables leaders. ‘’Les femmes ont tout pour diriger les plus hautes institutions de ce pays. Elles ont le parcours académique, professionnel et maintenant politique qu’il faut pour faire bouger les lignes. Il faut reconnaitre que la loi sur la parité a été un catalyseur’’.

Par ailleurs, malgré les avancées, des obstacles se dressent sur le chemin des femmes. A commencer par la présidence de l’Assemblée nationale. Ces obstacles semblent avoir un dénominateur commun, de l’avis de Safiétou Diop : le machisme des hommes boulimiques.

Selon la présidente du Réseau Siggil Jigéen, il s’agit précisément de la boulimie des hommes politiques pour le pouvoir et l’argent ; le déficit de reconnaissance des capacités des femmes à diriger malgré toutes les preuves et, enfin, le déficit de patriotisme de certains qui n’acceptent pas que les femmes puissent servir aux niveaux les plus élevés de  responsabilité. 

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