Assemblées Générales de la Banque Mondiale: Moustapha Ba détaille les résultats du Sénégal pour juguler la crise
Dans un contexte de fluctuation des prix des matières premières et de l’énergie, d’une forte inflation galopante qui est de 11%, entre autres, le Sénégal, souligne le ministre des Finances et du Budget, a amorcé une reprise fragile de son économie à travers l’élargissement de filets sociaux pour protéger les couches vulnérables, le renforcement de la souveraineté pharmaceutique et sanitaire et l’accroissement des investissements dans le domaine de l’agriculture.
Le ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba est revenu sur les défis et opportunités du Sénégal en cette période marquée par des crises multiformes, lors des assemblées générales 2022 de la Banque mondiale sur le thème : « Etat de l’Afrique : des opportunités dans une période de turbulence ». De l’avis du nouveau ministre des Finances et du Budget, le Sénégal a amorcé une reprise fragile qui a commencé après la crise de Covid-19 ; dans un contexte, dit-il, marqué par des défis de six ordres.
« Il y a la fluctuation des prix des matières premières et de l’énergie, une forte inflation galopante qui est de l’ordre de 11% et de 18.1% pour les produits alimentaires. S’y ajoute une forte dépréciation du franc Cfa par rapport au dollar avec tout son impact sur la balance des paiements et la détérioration des termes de l’échange, en plus du durcissement des conditions de financement sur les marchés financiers internationaux qui pose un problème de couverture de besoins de financements de nos Etats.
L’instabilité politique, socio-économique est un point important sans compter les pressions qu’il y a sur le budget de l’Etat en termes de dépenses sociales environ près de 20% du budget », explique le successeur de Abdoulaye Daouda Diallo. Face à ces défis, il révèle que le Sénégal a pu identifier les vulnérabilités de son économie et a essayé de mettre en œuvre des mesures avec quatre paquets de mesures : à l’en croire, notre pays a procédé à l’élargissement de filets sociaux pour protéger les couches vulnérables.
« Le Sénégal a initié le programme national des bourses familiales et cette année des transferts de l’ordre de 43 milliards avec l’appui de la Banque mondiale ont été opérés. Le deuxième axe de mesures concerne le renforcement de la souveraineté pharmaceutique et sanitaire. Le troisième élément de mesure, c’est l’accroissement des investissements dans le domaine de l’agriculture pour renforcer la sécurité et la souveraineté alimentaire », déclare Moustapha Ba à la tribune de la Banque mondiale. Sur ce point, il rappelle que le budget de l’agriculture du Sénégal a cru de 2020 à 2022 de plus de 20%. Il est aussi revenu sur les efforts du Sénégal pour la résorption progressive du gap infrastructurel, notamment avec l’extension du réseau autoroutier, l’avènement du Ter, etc.
60% des revenus des recettes des pays africains servent à payer le service de la dette
Tous ces efforts du Sénégal surviennent dans un contexte globalement difficile pour le continent africain. Et de l’avis du chef de la région Afrique de la Banque mondiale, Andrew Debalen, la croissance en Afrique va ralentir à cause de plusieurs facteurs. « La croissance mondiale va baisser et va réduire les exportations vers l’Afrique et l’inflation est très élevée et continue de progresser avec la guerre en Ukraine ainsi que d’autres conflits et le changement climatique. L’augmentation des taux d’intérêts de financements de prêts, les coûts de la dette augmentent, les pays africains dépensent 60% de leurs revenus de recettes pour le service de la dette en plus le dollar monte et met la pression sur les autres monnaies et accroit les prix des importations …
La pandémie a forcé ces pays africains à s’endetter, plus de 20 pays sont en situation de surendettement grave et n’ont plus de marge de manœuvre budgétaire et ne peuvent pas faire face à ces défis », explique le chef de mission de la région Afrique de la Banque mondiale qui révèle que près de 20 millions d’africains se trouvent en situation d’insécurité alimentaire grave cette année. Ce qui dit-il, a ralenti la réduction de la pauvreté dans le continent. De son côté, la vice-présidente régionale pour l’Afrique de l’Est et australe victoria Kwakwa révèle que la pauvreté a augmenté en Afrique. « Il y a 40 millions de personnes de plus qui se trouvent dans la pauvreté en Afrique », relève-t-elle.
La croissance en Afrique va baisser en 2023
Pour sa part, le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre révèle que le continent africain est frappé par les pandémies, le climat, les conflits et ses répercussions, dit-il, sont visibles, tangibles et additionnelles et se traduisent par l’appauvrissement des individus, des familles par la mise en danger de leur vie. Elles se traduisent aussi, dit-il, par des migrations internes et externes parfois au prix de leur vie. S’y ajoute des coups d’Etat dont six en Afrique ces dernières années, etc.
Ce qui lui fait dire qu’il est important d’agir autour de trois piliers : « protéger et sauver des vies en soutenant des programmes de filets sociaux ; créer les conditions de reprise de l’économie car le taux de croissance qui commençait à revenir en 2021 va baisser en 2023 et il faut se préparer à réduire les effets néfastes d’une croissance qui va baisser ; il est aussi important qu’on investisse sur les réformes qui sont urgentes même en cette période de crise. Il faut également continuer à investir pour le développement et les secteurs prioritaires : l’électricité, l’éducation, la santé, l’enseignement, la technologie, etc. », préconise M. Diagana.
Les Echos