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Coupables d’avoir la peau noire et des atours naturels

La conscience est le seul viatique qui aide l’humanité à traverser le temps.

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Et le meilleur des temps est celui calqué sur un esprit apaisé et clairvoyant, qui a pris conscience de l’existence du passé, et qui s’applique et veille à faire les bons choix pour éviter de reproduire les mêmes erreurs.

L’île de l’esclavage, une énième fois, j’ai visité. Une énième fois, j’ai été submergée par l’imaginaire après mon retour de Gorée.

Allongée sur mon lit drapé de linge blanc, l’air frais ventilant la chambre, je ne peux oublier l’horreur que mon esprit imaginaire essaye de reconstituer avec le récit que El Hadj, le guide de la Maison des Esclaves, me contait sur la vie de mes ancêtres martyrs.

En effet, le Grand Boubacar Joseph Ndiaye le disait : « On a jamais rien bâti sur l’oubli, sur le silence ». Si l’on veut vivre avec un esprit tranquille, il faut d’abord être conscient de son identité et de son histoire. Si l’on veut partager ce monde en paix, il faut d’abord se purger des crises du passé.

Pour ce qui s’est passé sur l’île de Gorée, il est de notre devoir à tous de faire revivre le passé des ancêtres martyrs et les marchands de l’horreur, afin qu’au fil du temps, la haine, la violence, la crainte de l’autre, que le monde actuel est entrain de vivre sous d’autres formes, puisse s’estomper dans le cœur des hommes. Car on ne peut pas vaincre le racisme, la violence, si on refuse de partager les vestiges de l’histoire.

Entassés comme des animaux dans ces pièces pires que des enclos à bétail, nos ancêtres esclaves ont vécu l’inimaginable sur l’île de Gorée avec ces « marchands de l’horreur. »
Ces « êtres barbares » dépourvus de toute humanité, sans cœur, sans émotions.
Oups sorry ! Ils en avaient de l’émotion ! Mais, c’était Celle de la cruauté ! Celle qui fait arracher à son semblable sa dignité. Cette émotion qui réduit son semblable à un moins que rien. Celle qui n’a rien à foutre de la peur au ventre, des chaînes en fer entaillant les bras, les cous, les poignets de son prochain. Cette émotion qui prend plaisir à enchaîner des humains, à leur voler leur liberté.

Ces « marchands de l’horreur », pires que « ces êtres » qui ont largué des bombes sur Hiroshima et Nagasaki.
Ces « êtres barbares » desquels est issu cet homme au regard démoniaque, qui a réduit en cendres et poussière six millions de juifs dans les fours de la Shoah.

Ces « explorateurs du profit », dont certains dépourvus de toute humanité, ont eu le génie de construire un si solide édifice sur l’île de Gorée et partout d’ailleurs où ils le pouvaient, dans l’unique but d’y entasser leurs semblables afin de les réduire à l’asservissement.

Quelle insulte à notre humanité !

Il est de notre devoir à tous de faire revivre l’histoire afin que la conscience humaine en traversant le temps s’applique à ne plus reproduire ces dérives inimaginables indignes à notre essence.

Allongée sur mon lit, je ne peux cesser de me remémorer encore de la visite effectuée à la maison des esclaves.

Mon esprit imaginaire cherchant à s’agripper sur le récit de El Hadji le guide pour reconstituer le vécu de mes ancêtres esclaves.

Mon cœur telle une lumière projette la scène de l’horreur sur les murs de ces enclos témoins de la souffrance de millions de captifs (hommes, femmes et enfants) arrachés un jour fatidique à leur espace naturel.

Mes yeux remplis de larmes, les voyant traverser « la porte du non-retour » pour embarquer dans des navires les menant vers des horizons lointaines sans qu’ils aient aucune idée de l’atrocité qu’ils allaient vivre des siècles durant.

Je le réitère : La conscience est le seul viatique qui aide l’humanité à traverser le temps. Et le meilleur des temps est celui calqué sur un esprit apaisé et clairvoyant, qui a pris conscience de l’existence du passé, s’est réconcilié avec lui, et qui s’applique et veille à faire les bons choix pour éviter de reproduire les mêmes erreurs.

Le devoir de conscience s’impose à tous, quelle que soit la couleur de notre peau et de notre origine.

Ce que nos ancêtres esclaves ont vécu sur l’île de Gorée est inimaginable et innommable. Tout comme ce qui s’est passé dans d’autres contrées et qui a réduit l’être humain en un moins que rien, lui arrachant sa liberté et sa dignité.

Il est de notre devoir à tous, de surtout préserver la jeune génération afin de laver leurs cœurs de toutes violences et haines raciales.

On aura beau le décrire avec mille mots, le mettre en scène avec mille scénarios, jamais, on ne saura mesurer le degré de souffrance que nos ancêtres martyrs esclaves ont vécu sur cette île.

Jamais, on ne saura décrire la bestialité du « marchand de l’horreur » arrachant sa virginité à la jeune captive qui mettra au monde un bébé métis dont elle finira par devenir la servante.

Jamais, notre imaginaire ne saura nous conter la lourdeur et la sensation oppressante des chaînes autour des pieds et cous de ces êtres coupables d’avoir la peau noire.

Jamais, notre imaginaire ne saura nous dessiner ou lire dans le regard de ces femmes esclaves, la douleur qu’elles ressentaient en voyant leurs époux, enfants, frères et sœurs, pères et mères subir les pires atrocités de la part de « ces êtres barbares ».

Jamais, notre imaginaire ne saura nous raconter la solitude des « esclaves révoltés » enfermés durant de longues journées dans « la cellule des récalcitrants ». Ceux-là qui malgré la peur d’être battus ou tués, tenaient tête à ces « êtres barbares. « Gorée rek ! La DIGNITÉ DANS LA DOULEUR. On nous tue, mais on ne nous déshonore pas ! »

Jamais on ne saura décrire les cris des jeunes filles suffoquant d’incompréhension dans l’enclos qui leur était réservées, se demandant pourquoi sont-elles enfermées ici ???

La seule réponse que l’on pourrait leur fournir était d’avoir commis un crime aux yeux des « êtres barbares ». Oui ! Leur seul crime, leur seule faute était d’être noirs avec des atours naturels. Pour les hommes, être corpulents et robustes. Pour les femmes, être belles et charnelles. Un complexe insupportable pour ces « êtres barbares » qui se sont constitués en « marchands de l’horreur » pour détourner ces atours naturels à leur profit durant plus de 300 ans.

Entassés dans ces enclos à bétail, la seule bienveillance dont ils bénéficiaient venait de la douceur l’océan. En attendant la sortie vers la porte du non-retour, la brise de l’océan, tel un jet de parfum, venait oxygéner leur esprit et booster leurs muscles en énergie afin de pouvoir supporter la chaleur suffocante causée par l’étroitesse de la pièce, les corps entassés, collés les uns contre les autres.

Lors de cette visite, parmi les témoignages que j’ai lus dans le musée des esclaves, un seul a vraiment marqué mon esprit. Le visiteur disait, je cite : « we now know we are a strong people. Our Ancestors gave us the glorious GIFT of Survival. « Nous comprenons maintenant que nous sommes un peuple fort et endurant. Nos ancêtres nous ont légué le glorieux CADEAU de la Survie. »

En ce jour dimanche 22 d’octobre 2022, en tant que arrière-petite-fille de mes ancêtres esclaves, en totale liberté de mes mouvements, en étant consciente qu’aucun être humain ne peut enchaîner mon esprit imaginaire, je me donne le total droit de laisser ma conscience visiter ce passé douloureux de mes ancêtres afin de pouvoir mieux m’affirmer à travers mon identité et mon origine.

Car ce « pèlerinage à Gorée » est source de motivation, de courage mais surtout d’éveil des consciences. Il permet à tout visiteur conscient de mesurer à quel point « la bêtise humaine est inqualifiable ». Visiter la maison des esclaves est un excellent moyen de savoir vivre avec le pardon pour mieux se réconcilier avec le passé.

—-/

Cette plume Citoyenne, je te la dédie « à toi feu Boubacar Joseph Ndiaye, le digne fils de la Dignité humaine ». Tu as raison : « On pardonne mais on n’oubliera jamais.». Oui ! Personne ne pourra oublier l’esclavage. On se réconcilie avec le passé pour permettre à notre conscience de pouvoir traverser le temps en paix.

Reposez tous en paix, toi et ceux dont tu as conté des années durant, leurs vécus à travers l’horreur de l’esclavage, ici à Gorée et à travers le monde, devant d’illustres personnalités, devant des défenseurs des droits de l’homme pour leurs expliquer que ceux-là qui ont été réduits à l’esclavage avaient commis un seul crime aux yeux du complexé. Celui d’avoir la peau noire et des atours naturels.

One love

—-/
Plume Citoyenne
MaremKANTE
Dimanche 22 octobre 2022.

#Noire #Peau

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