CES RÉFORMES QUI SONT ATTENDUES DANS LE SECTEUR ÉDUCATIF
Après deux mandats à la tête du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (Saemss), Saourou Sène, élu en 2016, a passé le témoin à El Hadji Malick Youm. L’ancien Secrétaire général est aujourd’hui nommé Conseiller spécial par le président de la République, Macky Sall.
Le syndicaliste, réagissant suite à sa nomination, a insisté sur la nécessité d’aller vers des réformes. Lesquelles ? Emedia a posé la question à un enseignant : Aliou Diouf, trésorier général national du Cadre unitaire des syndicats du moyen-secondaire (Cusems). Interrogé par Emedia, il dit : « pour les réformes, c’est certainement (celles) concernant les programmes. Vous allez en Terminal, par exemple en Histoire, les gens font les mêmes programmes depuis combien d’années ? La deuxième guerre mondiale, la guerre froide, … C’est les mêmes programmes depuis une trentaine d’années. Moi, j’ai fait le même programme. Mes enfants feront certainement le même programme. Donc, c’est à ce niveau qu’il faut faire des réformes. »
La réforme des programme et l’introduction de l’anglais à l’élémentaire
Après les programmes, il faudra s’atteler à « diminuer la lourdeur des programmes », a-t-il poursuivi, expliquant que « quand on a diminué le programme, on a vu, avec la Covid-19, les résultats étaient excellents. »
Avant de souligner « qu’il faut penser à introduire l’anglais au niveau de l’élémentaire. » Dans la mesure où a-t-il insisté : « l’anglais est une langue internationale et c’est la langue de communication qu’on utilise aujourd’hui dans toutes les grandes institutions du monde. C’est vrai que nous avons hérité le français de la colonisation, mais aujourd’hui les pays qui veulent vraiment aller de l’avant, l’anglais et l’informatique, c’est obligatoire à l’élémentaire. » Prenant « le cas du Rwanda », il a précisé que « maintenant, c’est l’anglais qu’ils enseignent à l’élémentaire. C’est une réforme aussi, je pense, qu’il faudra apporter dans le système éducatif sénégalais. »
« Pour le reste, c’est toujours la lancinante question des effectifs, a-t-il enchainé, ajoutant que « tant qu’on a des effectifs de 100 élèves par classe, 120 parfois dans la banlieue, on ne peut pas avoir un enseignement de qualité. » Pour ce faire, l’enseignant soutient qu’il faut « une volonté politique affirmée » pour « recruter un maximum d’enseignants et avoir un maximum de classe. C’est difficile parce que nous ne sommes pas un pays développé mais il faut faire des efforts dans ce sens-là. »
« Les enfants sont surchargés »
Pour lui, « les réformes, c’est surtout la réforme des programmes » parce que « si vous prenez l’élémentaire, un enfant de CM2, vous voyez son cartable, vous avez pitié de lui. C’est des livres en a plus finir. Les enfants sont surchargés. On veut tout leur apprendre et il n’y a pas de spécialisation très tôt. Dans les pays développés, il y a des formations courtes qui vous permettent d’avoir un boulot et d’aller travailler. Tout le monde n’est pas destiné à aller à l’Université mais ici, tout le monde (y) va. Finalement, l’Université est surpeuplée. Après, (elle) ne forme que des chômeurs parce que la formation n’est pas adaptée au marché du travail. »
« Intéresser les élèves aux Sciences »
Parmi les réflexions à mener, l’enseignant indiquera qu’il s’agit aussi de voir « comment faire pour inverser la tendance. Aujourd’hui, vous avez 70% de Bac littéraire et 30% de Bac scientifique. Dans plusieurs lycées, il n’y a pas de classe de S1. Donc, comment faire pour que les élèves s’intéressent aux Sciences pour qu’on puisse avoir du 50-50. Un pays, c’est aussi des ingénieurs, etc., qui le développent. Ce n’est pas seulement des littéraires et des artistes. »
Pour conclure, « il y a beaucoup de choses qu’il faut revoir dans le système. Je pense que si on a la stabilité, les gens auront le temps de s’asseoir, de discuter sur le devenir du système éducatif sénégalais parce qu’il le faut », a lancé Aliou Diouf.