II Y A EU DES MOMENTS OÙ JE SUIS ALLÉE DANS DES BARS POUR..
Elle est belle et a une tête bien faite. Aïcha Ba Diallo à l’état civil, est une jeune actrice de cinéma qui captive les téléspectateurs par sa prestance, sa beauté, son teint noir anthracite qui marque son identité africaine. Surnommée Salma, l’actrice vedette de la série éponyme est adulée par les Sénégalais, notamment les jeunes. Car dans cette série, elle porte le combat de toutes les femmes. A l’occasion de la fin de la saison 1 qui a été projetée en long métrage à la salle de cinéma Sea-Plazza, l’ex-Miss Sénégal en Espagne a partagé ses sentiments et ses émotions.
Qui se cache derrière la personne de Aïcha Ba ?
Tout le monde m’appelle Aïcha, mais mon vrai prénom c’est Aïssatou Ba. Je suis née au Sénégal, j’ai grandi entre Dakar et Kaffrine. Ma mère est originaire de cette localité. Je suis issue d’une fratrie de 6 frères et sœurs dont je suis la cadette. J’ai perdu mon père à l’âge de 12-13 ans, jusqu’à présent il m’est encore difficile de faire mon deuil. Car il est parti de manière brusque. Ma mère était donc à la fois le père et la mère. Mes références, ce sont mes frères et sœurs. J’ai obtenu mon bac au Lycée Blaise Diagne, mais je ne suis pas allée à l’Université. Mon rêve, c’était d’être hôtesse de l’air. Après, je suis partie en France où j’ai obtenu un Bts en Gestion financière, avant de me rendre en Espagne où j’ai remporté le trophée Miss Sénégal. Je suis actrice et j’incarne le rôle de Salma dans la série du même nom. J’ai intégré la série grâce à Rachid qui m’a mise en rapport avec le réalisateur Diydi Djigo. Après avoir passé le casting, j’ai été retenue. J’ai débuté par le théâtre en scène avant d’intégrer le cinéma. Et j’ai suivi deux formations en théâtre et cinéma. Pour mieux avoir toutes les bases solides, il faut avoir des connaissances requises. Je suis mariée, je suis Mme Diallo et mon fils, c’est ma pure belle réalisation.
Est-ce que jouer le rôle de Salma est une chose aisée, vu les préjugés des Sénégalais qui confondent personnage et personne ?
Salma est un personnage assez complexe, c’était un vrai challenge pour moi. Je rends grâce à Dieu, car j’y travaille tous les jours. II y a eu des moments où je suis allée dans des bars pour m’imprégner du comportement des buveurs d’alcool, analyser leurs réactions, afin de jouer juste. J’ai regardé aussi beaucoup de films qui parlent de problèmes d’addiction à la drogue et à l’alcool. Et j’ai eu aussi l’aide de mes professeurs à Barcelone avec des séances vidéo régulières. Pour moi, c’est un challenge, un grand plaisir, une fierté sans limites de pouvoir interpréter le rôle de Salma. La trame du film est un peu atypique, puisque c’est vrai, avoir un papa Imam, avoir une maman exemplaire vivant dans un quartier où le monde lui voue un énorme respect, alors que leur fille est toutes les nuits dans les hôtels et bars, consomme de l’alcool, de la drogue, tout cela provoque une honte dans ma famille. Mais en réalité, Salma n’est pas une mauvaise personne, elle était juste perdue et avait besoin d’aide. Elle crie au secours. Pour elle, c’était une échappatoire pour s’évader un peu. Malgré qu’elle consomme de la drogue, de l’alcool, elle reste pieuse et a gardé sa virginité jusqu’au mariage.
Vous vous êtes mise dans la peau de Salma. Là on est à la fin de la saison 1, comment vous vous sentez ?
Je me sens un peu triste, car Investus c’est ma famille et ça va trop me manquer. Tous ces mois que nous avons partagés ensemble, qu’on a tournés ensemble, qu’on a pleurés ensemble… Mais voilà, je suis fière de tout cela. J’ai pleuré toute la saison, là je vais me reposer, reprendre des forces pour la saison 2 (elle pouf de rires…).
Justement, comment faites-vous pour donner autant d’émotion, vous pleurez jusqu’à être submergée de larmes, c’est quoi votre secret ?
Mes pleurs, mes émotions, c’est 100% vrai. Et je peux dire aujourd’hui, c’est un tout petit peu facile, parce que je me suis formée en tant qu’actrice pendant des années pour pouvoir aujourd’hui sentir toutes ces émotions et pouvoir rentrer dans les maisons, trouver tout un chacun et lui faire vivre cela. Certes, on peut avoir un don, il y a des gens qui ne se sont pas formés et qui arrivent à transmettre des émotions, mais dans mon cas, je me suis bien formée. Car, c’est ma passion. Comment on peut jouer des sujets sensibles et ne pas pleurer ? Je vis, je ne joue pas. Je me mets à la place de cette personne qui vit cela, tu oublies tout et tu te concentres. C’est juste un coup magique.
Mais dites-nous réellement c’est quoi la technique que vous utilisez ?
J’ai plusieurs techniques, mais la principale c’est la respiration. Parce que quand j’arrive à canaliser ça, j’arrive à sentir ces émotions et à pleurer, j’ai besoin de temps. Quand j’arrive sur un plateau de tournage et je sais que je dois tourner une séquence difficile, je m’éloigne un peu et je commence à travailler cette respiration. J’ai besoin de temps, j’ai besoin d’être seul, j’ai besoin de me connecter avec Salma et là on oublie la Aïcha. C’est ma formation qui m’a aidée à pouvoir faire tout cela.
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans le personnage de Salma ?
Ce que j’aime le plus, c’est de pouvoir défendre ce personnage de Salma et pouvoir vraiment être à 100%. Et montrer qu’il y a des Salma dans les maisons, que ça existe malheureusement. Et pour montrer cela, il faut vraiment vivre ce que Salma est en train de vivre. Salma, c’est le combat de toutes les femmes. Il y a beaucoup de Salma dans les maisons, il faut que les hommes libèrent ces Salma. C’est la partie où mon père, dans le film, m’a chassée de la maison. Car ça m’a rappelé un peu mon père. Père Moustapha ressemblait trop à mon défunt père, il portait aussi le même prénom. Lorsqu’on est arrivés en tournage pour la première fois, j’avais des frissons. Il m’a dit : « Ma fille, tu as ta place ici ». (Aïcha le raconte les yeux imbibés de larmes).