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Depuis leur apparition, nous ne nous en privons plus : les réseaux sociaux ! On y trouve presque de tout : anniversaire, rumeur, fait de société, ici ou ailleurs… Encore et toujours les réseaux sociaux ! C’est par ce canal que j’ai reçu le clip intitulé « Refus d’accueil au Cap-Vert, deux Sénégalaises refoulées », diffusé sur YouTube. Dans ce clip d’un peu plus de cinq minutes, une compatriote, accompagnée d’une autre personne, raconte son refoulement de la capitale de l’archipel situé juste en face de Dakar.

Après visualisation, quelques sentiments et questionnements m’animent. Tout en gardant à l’esprit que seule une partie s’exprime dans cette vidéo, la Sénégalaise et membre de la Cedeao que je suis ne peut pas échapper à une certaine indignation ni s’empêcher de se poser les questions qui suivent : Comment pareille déconvenue est possible entre le Sénégal et le Cap-Vert, distants seulement de 450 km ? Comment cette mésaventure est-elle possible entre deux pays comptant la présence de deux fortes communautés de part et d’autre dans une proximité célébrée depuis tant de décennies ? Comment cela est-il possible entre deux états membres de la Cedeao ?

Les textes que partagent les 15 Etats membres de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) consacrent la libre circulation des citoyens dans cet espace. Autrement dit, tout ressortissant de la Communauté a le droit de se déplacer librement d’un Etat à un autre sans entrave. L’article 2 du Protocole A/P1/5/79 de Dakar du 25 mai 1979 sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement, en ses principes généraux, disposait déjà : « Les citoyens de la Communauté ont le droit d’entrer, de réaliser et de s’établir sur le territoire des Etats membres. Le droit d’entrée, de résidence et d’établissement mentionné sera établi progressivement, au cours d’une période maximum de quinze (15) ans, à compter de l’entrée en vigueur définitive du présent protocole, par l’abolition de tous les obstacles à la libre circulation des personnes et au droit de résidence et d’établissement ». L’instauration de la carte d’identité biométrique depuis la 46e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de la Cedeao, tenue à Abuja le 15 décembre 2014, stipule sa mise en circulation à partir de 2016. Cette carte d’identité biométrique sert également de document de voyage dans l’espace Cedeao.

Ne pas diviser ce que la géographie et l’histoire ont uni
Revenons sur le clip. Au-delà d’attirer l’attention des followers de YouTube et autres médias sociaux, il soulève un problème – qui reste à vérifier – à savoir la fréquence de ces interdictions d’entrée de Sénégalais sur le territoire cap-verdien. De quoi pousser les autorités du Sénégal et du Cap-Vert à se pencher sur la question afin que la population puisse être dûment informée sur les conditions d’entrée sur la base de leurs relations bilatérales et les textes de la communauté ouest-africaine.

Le problème de certains discours actuels ou de prises de parole publique est hélas une tendance à la généralisation. Il devient facile de traiter de brebis galeuses tout un troupeau alors que seule une chèvre a brouté dans le champ du voisin. On ne peut donc rester insensible quand le terme raciste est utilisé pour qualifier les Cap-Verdiens. L’intervieweur l’a fort heureusement compris et a cherché à le faire comprendre à la victime. Aujourd’hui plus qu’hier, il faut veiller au contenu de nos messages. Alerter, attirer l’attention oui, tout en évitant de diffuser quelques paroles susceptibles de diviser ce que la géographie, l’histoire et les relations ont uni.

Tout Cap-verdien, qui se respecte et connaît l’histoire de son peuple, est ouvert au monde. Le métissage et la diversité sont inscrits dans les gènes de ces Iliens dont l’un des ancêtres serait un roi wolof, dont l’embarcation à la dérive, se serait échouée sur les côtes de l’île de Santiago où se trouve Praia…

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